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Au moins 207 défenseurs de l'environnement tués en 2017


Mural de l'activiste et leader autochtone Berta Caceres à Tegucigalpa, Honduras, tuée le 31 janvier 2017
Mural de l'activiste et leader autochtone Berta Caceres à Tegucigalpa, Honduras, tuée le 31 janvier 2017

Pour s'être opposées à des projets miniers, forestiers ou agro-industriels, au moins 207 personnes ont été tuées dans le monde en 2017, année la plus meurtrière pour les défenseurs de l'environnement, selon Global Witness.

Ce bilan, publié mardi, est sans doute bien en-deçà de la réalité, souligne l'ONG britannique. Et il surpasse celui de 2016 qui, avec au moins 200 morts, était déjà une année record.

Leaders autochtones, rangers chargés de protéger la faune sauvage ou "personnes ordinaires" défendant leur terre ou leur rivière, ces victimes ont été recensées dans 22 pays, à 60% en Amérique latine.

Le Brésil a connu la pire année, avec 57 meurtres. Mexique et Pérou ont vu les exactions passer en un an respectivement de 3 à 15 et de 2 à 8. La Colombie en a compté 24. Rapporté à sa population, le Nicaragua est le plus affecté (4 meurtres).

En Afrique, sur 19 meurtres (12 en RDC), 17 étaient liés à du braconnage ou des activités minières illégales.

>> Lire aussi : Une ONG demande à la France d'agir contre l'exploitation illégale de bois en RDC

De l'autre côté de la planète, 48 personnes ont été tuées pour les seules Philippines, du jamais vu dans un pays asiatique, selon ce rapport.

Au total, un quart des homicides (au moins 46, deux fois plus qu'en 2016) sont liés à l'"agrobusiness". Quarante ont eu lieu sur fond de disputes minières (33 en 2016), 26 en lien avec l'abattage de forêts, et un nombre record de 23 personnes, surtout des rangers africains, ont été tuées en tentant de protéger les animaux des braconniers.

Pour Global Witness, "le lien" est clair entre cette violence et nos produits de consommation courante: "agriculture de masse, mines, braconnage, abattage forestier... alimentent en composants et ingrédients les rayons de nos supermarchés, qu'il s'agisse d'huile de palme pour les shampooings, de soja pour le boeuf ou de bois pour nos meubles".

"Ceux qui défendent leurs terres face à une agriculture destructrice" subissent en particulier une recrudescence d'attaques, s'alarme l'ONG, qui "appelle gouvernants mais aussi entreprises à agir".

"Des activistes locaux sont assassinés tandis que des gouvernements et des entreprises privilégient les profits rapides par rapport à la vie humaine", déplore dans un communiqué Ben Leather, pour Global Witness.

Des progrès on été faits ces dernières années(comme l'adoption de lois protectrices au Mali ou au Burkina Faso), "mais plus doit être fait". "Et nous, consommateurs, devons exiger que les firmes prennent leurs responsabilités", insiste l'ONG, qui effectue ce travail de recensement depuis 2002.

Tout un arsenal

Le rapport, intitulé "A quel prix ?", retrace l'engagement du Colombien Hernan Bedoya, tué de 14 tirs par un groupe paramilitaire, pour s'être dressé contre la culture d'huile de palme et de banane sur les terres de sa communauté.

Aux Philippines, c'est le massacre par des militaires de huit villageois opposés à l'extension d'une plantation de café.

L'armée assure avoir répliqué à une attaque de la branche militaire du parti maoïste. "Aucun de ses membres n'a été retrouvé parmi les morts", mais plutôt le leader des opposants aux champs de café et sa famille, objecte Global Witness, rappelant que le gouvernement Duterte a annoncé son intention d'allouer 1,6 million d'hectares de terre aux plantations industrielles.

Il n'y a pas que les meurtres, ajoute l'ONG, qui décrit tout l'arsenal pour bâillonner les opposants: menaces de mort, interpellations, poursuites, cyber-attaques, violences sexuelles, disparitions...

Au Brésil, des fermiers armés de machettes et fusils ont blessé 22 indiens Gamela, dont ils convoitaient les terres. Certaines victimes ont eu la main tranchée.

Personne n'a été traduit en justice, "signe d'une culture d'impunité et d'inaction du gouvernement à l'égard des activistes environnementaux", dénonce Global Witness: "au contraire, le pouvoir s'active pour affaiblir les lois protégeant les droits sur les terres et les autochtones, tout en facilitant l'exploitation des écosystèmes par les corporations".

Pour l'écrivaine canadienne Margaret Atwood, auteur du très noir roman d'anticipation "La servante écarlate", "ces histoires (...) sont choquantes individuellement. Collectivement, elles montrent une épidémie de violence contre les défenseurs de la Terre." "Cette violation des droits de l'Homme appelle une protestation vigoureuse", a-t-elle réagi auprès de Global Witness.

Avec AFP

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