Bien que le Nigeria interdise la torture et les autres mauvais traitements dans sa Constitution et que le pays ait ratifié divers traités internationaux prohibant cette pratique, les autorités continuent de fermer les yeux sur la torture et ne l'ont pas érigée en infraction dans le droit national.
Telles sont les accusations lancées par l’ONG de défense des droits humains Amnesty International (AI) dans un nouveau rapport publié jeudi. Selon le directeur régional d’Amnesty pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale, Steve Cockburn, le rapport repose sur des centaines de témoignages et éléments de preuve. Parmi les sévices signalés, dit-il, « l'arrachage de dents ou d'ongles, les décharges électriques, les coups de fouet ou de bâton ». Le rapport d’Amnesty, intitulé « Torture au Nigéria : bienvenue en enfer », évoque également des sévices sexuels, ou le simulacre de noyade.
L’ampleur de la torture s'explique en partie du fait de la corruption et de l’impunité. « Souvent, les gens nous disent qu’on leur extorque de l’argent », explique M. Cockburn. Par ailleurs, l’appareil judiciaire est lent à réagir – quand il se décide à réagir.
« Le Nigeria doit changer radicalement de manière de procéder », estime Amnesty International. « Il doit suspendre de leurs fonctions tous les agents contre lesquels il existe des allégations crédibles de torture, enquêter de manière approfondie sur ces allégations et veiller à ce que les tortionnaires présumés soient traduits en justice ».