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Algérie: pouvoir et contestation à l'épreuve pour le 20e vendredi de manifestations


Les étudiants brandissent une banderole portant la mention "contre la mafia politico-financière" lors de leur manifestation à Alger le 11 juin 2019, deux jours après l'annulation du vote prévu le 4 juillet.
Les étudiants brandissent une banderole portant la mention "contre la mafia politico-financière" lors de leur manifestation à Alger le 11 juin 2019, deux jours après l'annulation du vote prévu le 4 juillet.

L'Algérie se prépare à un 20e vendredi consécutif de manifestations appelées à être massives, une nouvelle journée test pour la contestation et le pouvoir deux jours après une proposition du président par intérim pour sortir le pays de la crise.

Cette journée coïncide avec le 57e anniversaire de l'indépendance du pays et des personnalités de la société civile et politiques en ont profité pour appeler à faire du 5 juillet "la concrétisation de la libération de l'Homme, après la libération de la patrie" du pouvoir colonial français en 1962.

"C'est une bonne occasion de célébrer la fête de l'indépendance, le pouvoir nous a longtemps confisqué cette joie", a déclaré Athman, un étudiant en électronique de 22 ans qui veut manifester pour dire qu'il ne fait plus "confiance à ce pouvoir".

Après la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika sous la pression de la rue et de l'armée, le mouvement de contestation refuse que le "système" en place organise la présidentielle, et réclame au préalable le départ de tous les anciens soutiens de M. Bouteflika, resté près de 20 ans au pouvoir.

Mercredi, le président par intérim Abdelkader Bensalah a proposé la création d'une instance de dialogue pour organiser une présidentielle et promis que l'Etat et l'armée observeraient une "stricte neutralité" au cours du processus.

Un premier appel au dialogue, lancé début juin par M. Bensalah et limité à la classe politique, avait été largement rejeté par la contestation qui reste très mobilisée.

La présidentielle, initialement prévue le 4 juillet et rejetée par les manifestants, a été annulée faute de candidat. Et alors que le délai de 90 jours prévu par la Constitution pour l'intérim expire théoriquement dans les prochains jours, M. Bensalah a dit qu'il resterait à son poste jusqu'à l'élection d'un nouveau président.

- Bensalah "out" -

Partis d'opposition, société civile et observateurs attendent de voir comment cette proposition va être accueillie par la rue et concrétisée car aucun nom n'a été avancé à ce stade pour le dialogue.

Selon le site indépendant TSA (Tout sur l'Algérie), le nouvel appel risque aussi d'être rejeté "si les autorités ne s'empressent pas d'annoncer des mesures concrètes d'apaisement".

"Je sortirai vendredi comme je le fais depuis quatre mois, jusqu'à l'élection d'un président légitime. On a réalisé un grand objectif: Bensalah ne conduira pas le dialogue, il est +out+ même s'il reste en poste", affirme à l'AFP Ali, un employé de banque de 47 ans.

La journée sera également un test pour la contestation, après un appel à des manifestations "massives" lancé par le célèbre avocat et défenseur des droits humains, Me Mustapha Bouchachi, ainsi que par le diplomate et ex-ministre Abdelaziz Rahabi et d'autres personnalités.

Samedi, des partis politiques, des représentants de la société civile et des personnalités nationales doivent tenir une réunion intitulée "assises nationales du dialogue".

Cette initiative "vise à mettre en place des mécanismes pour sortir de la crise et aller, dans des délais raisonnables, vers l'organisation" d'une présidentielle démocratique, a déclaré M. Rahabi à l'agence nationale APS.

- "Libérez les détenus" -

Une autre revendication de la contestation est l'arrêt des interpellations de manifestants, selon le sociologue Nacer Djabi, qui a signé l'appel à manifester.

Si le président par intérim a salué le caractère pacifique du mouvement et la "retenue des forces de sécurité", les arrestations de manifestants et mises en garde lancées par le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée, se sont multipliées.

Pour la contestation et de nombreux observateurs, le président par intérim n'est pas le détenteur du pouvoir réel, assumé par le général Gaïd Salah, qui avait refusé les revendications de la contestation. L'armée a été remise au centre du jeu politique après avoir poussé M. Bouteflika à la démission.

Amnesty International a appelé les autorités à libérer "immédiatement et sans condition" les manifestants détenus et à "respecter les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique pendant les rassemblements".

Selon TSA, le discours de M. Bensalah ne répond pas aux exigences de la contestation réclamant la fin "du musellement et de la restriction des libertés".

Mardi, des étudiants ont manifesté en scandant "Libérez les détenus", un slogan qu'on retrouve sur Twitter dans les appels à manifester vendredi.

Avec AFP

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