Le comité de juristes nommé par l’Union africaine a commencé à étudier, lundi, à Addis Abeba, le cas de l’ex-dictateur tchadien, qui vit en exil au Sénégal depuis 1990. Le groupe est censé recommander si Hissène Habré doit comparaître devant la justice en Afrique pour répondre des accusations de crimes de guerre ou s’il doit être extradé en Belgique au terme de la loi de ce pays sur sa compétence universelle en matière de violations graves de droits humains.
L’ex-dictateur tchadien vit en exil, depuis 1990, au Sénégal qui a demandé en novembre à l’Union africaine de se pencher sur son cas, soulignant qu’il ne revient pas aux tribunaux sénégalais de décider.Le Comité des Nations unies contre la torture a estimé vendredi que le Sénégal devrait soit juger M. Habré, soit donner droit à la demande d’extradition de la Belgique.
Il n’y a que deux options réalistes : soit le Sénégal juge l’ex-président tchadien sur place, soit il l’extrade vers la Belgique où Hissène Habré fait l’objet d’une plainte, a expliqué Reed Brody, directeur-adjoint de Human Rights Watch, dans une interview accordée à Timothée Donangmaye. Une option africaine serait que le Sénégal modifie sa législation pour faire juger Habré sur place, a fait remarquer M. Brody qui rejette l’idée d’un tribunal africain ad hoc. Cela coûterait cher et retarderait le procès alors que les victimes attendent depuis 15 ans déjà, estime-t-il.
Reed Brody s’est félicité de l’avancée dans l’affaire Charles Taylor, mais a souligné que beaucoup de chefs d’Etat « n’ont pas encore franchi la barrière psychologique » de dire qu’un chef d’Etat coupable de crimes contre l’humanité doit être traduit en justice.