Judith Miller a répondu aux questions du Grand Jury (chambre d’accusation) après sa détention à Alexandria, près de Washington, pour avoir refusé de collaborer avec la justice dans l’affaire Valerie Plame. La journaliste du New York Times dit avoir changé d’avis, parce que l’officiel qui s’était confié à elle lui a donné le feu vert pour témoigner. Ce haut responsable, selon la presse, est Lewis Libby, le directeur de cabinet du vice-président Dick Cheney.
Avec Karl Rove, le conseiller politique de George Bush, Lewis Libby est soupçonné d’avoir livré à la presse l’identité de Valerie Plame, un ancien agent de la CIA. Aux Etats-Unis, il est illégal de révéler au grand jour le nom d’un agent de la CIA, au motif que cela peut mettre sa vie en danger, ou menacer celles des personnes travaillant avec lui.
L’affaire Plame est liée à la guerre contre l’Irak. L’époux de Valerie Plame, le diplomate Joseph Wilson, avait publiquement accusé l’administration Bush d’avoir exagéré la menace du régime de Saddam Husein pour justifier la guerre en Irak.
M. Wilson avait été chargé par la CIA de déterminer si Bagdad avait tenté ou non d’acheter de l’uranium au Niger. Lors de sa mission en Afrique, l’ancien ambassadeur n’avait découvert aucun élément permettant de croire que c’était le cas. Ce qui n’avait pas empêché le président Bush d’affirmer le contraire, dans son discours sur l’état de l’Union en 2003. Quelques mois plus tard, Joseph Wilson a dénoncé l’administration Bush dans un article publié par le New York Times. L’identité et l’emploi de son épouse ont alors été divulgués par l’éditorialiste conservateur Robert Novak qui a refusé de donner l’origine de ses informations.
Pour Joseph Wilson, il ne fait aucun doute que l’identité de son épouse a été rendue publique dans le cadre d’une campagne pour le punir d’avoir défié l’administration Bush.
Le président George Bush s’est engagé à révoquer quiconque aurait violé la loi, en rapport avec l’affaire Plame. Le témoignage de Judith Miller devrait permettre au procureur Patrick Fitzgerald de décider si oui ou non il faut inculper de hauts responsables de l’administration Bush.
Pour sa part, Judith Miller a dit espérer que son long séjour en prison renforcerait les liens entre les journalistes et leurs sources.