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Obama souhaite s'arroger le droit de relever le plafond de la dette


Barack Obama multiplie les consultations avec les Américains pour les convaincre d'appuyer son projet de budget
Barack Obama multiplie les consultations avec les Américains pour les convaincre d'appuyer son projet de budget
Dans l’attente d’un accord entre la Maison Blanche et le Congrès sur le gouffre fiscal, le président Barack Obama fait une nouvelle tentative pour s’arroger le droit de relever le plafond de la dette
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En août 2011, démocrates et républicains se sont mis d’accord in extremis sur le dernier relèvement du plafond de la dette en acceptant la mise en place de coupes automatiques dans les dépenses, le fameux « gouffre fiscal ». C’était une façon pour la classe politique de retarder une échéance douloureuse sur l’assainissement du budget fédéral jusqu’après la présidentielle du 6 novembre 2012.

Ce plafond avait été instauré initialement pour empêcher la dette publique de s'envoler, mais a été relevé à plusieurs reprises, jusqu’à l’été 2011 lors les durs du Tea Party s’y sont opposés.

M. Obama ayant été réélu il y a un mois, la Maison Blanche et le Congrès doivent maintenant se mettre d’accord très rapidement, le 1er janvier 2013 restant la date butoir à laquelle les mesures temporaires prises il y a quinze mois cessent de s’appliquer, dont l’indemnisation du chômage de longue durée, un taux réduit de cotisations sociales, et l’allègement de la fiscalité pour les couches aisées de la société. En l’absence d’un accord, le choc pour l’économie américaine se chiffrerait à 600 milliards de dollars. Comme l’a récemment expliqué l'agence de notation Fitch Ratings , le pays pourrait non seulement replonger en récession, avec une contraction du PIB pouvant atteindre 2%, mais le taux de chômage pourrait dépasserait les 10%.

Pour gagner du temps, M. Obama cherche maintenant à faire relever le plafond de la dette indépendamment des négociations sur le gouffre fiscal. On pense que ce plafond, chiffré à environ 16 400 milliards de dollars, sera atteint au début de 2013. Sans le feu vert du Congrès, le gouvernement américain ne pourrait plus financer des emprunts additionnels. M. Obama veut que l’Exécutif puisse fixer lui-même le plafond de la dette, et soit doté du droit de veto pour limiter toute ingérence du Congrès.

Mais ses adversaires républicains au Congrès rechignent à lui accorder ces pouvoirs. Ils exigent que les dépenses publiques soient réduites du même montant que les nouveaux emprunts du gouvernement, et veulent maintenir leur droit de regard sur le plafond de la dette.

Pour Patrick Socci de l’Université Hofstra à New York, la situation reste critique car les déficits budgétaires sous l’administration Obama se sont chiffrés à des milliers de milliards de dollars, le gouvernement dépensant nettement plus qu’il ne récolte pour tenter de relancer l’économie chancelante depuis l’effondrement de la bulle immobilière en 2008.

« La raison de la controverse aujourd'hui, c'est qu'il y a un nombre considérable d'Américains qui pensent que nous sommes sur une trajectoire non viable. Nous dépensons beaucoup trop d'argent et il faut se serrer la ceinture » déclare le professeur Socci.

En même temps, refuser de relever le plafond de la dette pourrait avoir un impact catastrophique. Déjà en août 2011, l’agence de notation Standard & Poor's avait dégradé la note des Etats-Unis, qui ont perdu leur triple A. Plusieurs gouvernements étrangers - la Chine et le Japon en tête - possèdent des avoirs colossaux en bons du Trésor américain. On les chiffre à plus de mille milliards de dollars par pays, et selon l’analyste Steve Bell de l’institut de conjoncture Bipartisan Policy Center à Washington, ces emprunts pourraient être compromis si le plafond de la dette n’est pas relevé.

« Si cela devait se produire, ce serait sans précédent dans l'histoire des Etats-Unis, et signifierait que le Trésor devrait essentiellement payer les factures à leur échéance, littéralement » explique M. Bell. Il espère que le Congrès et l’administration Obama se mettront d’accord sur la question dans le cadre d’un compromis sur le gouffre fiscal, l’échéance restant le 1er janvier.
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