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Excision: Chiffres en hausse dans le monde


Des filles Maasai protestant lors de la Journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) à Kilgoris au Kenya. (Photo AP)
Des filles Maasai protestant lors de la Journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) à Kilgoris au Kenya. (Photo AP)

Au moins 200 millions de filles et de femmes dans 30 pays ont été excisées, selon un rapport de l’UNICEF publié jeudi, à la veille la Journée mondiale Tolérance Zéro aux MGF.

Selon le nouveau rapport du Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) publié jeudi, la moitié de ces filles et femmes, soit environ 100 millions, vivent en Égypte, en Éthiopie et en Indonésie.

200 million, c'est près de 70 millions de plus que ce que l'UNICEF avait estimé en 2014. Le rapport explique que cette hausse résulte d'une croissance démographique dans certains pays et de l'ajout de nouvelles données provenant de l'Indonésie.

En décembre 2012, l'Assemblée générale de l'ONU a approuvé à l'unanimité une résolution sur l'interdiction des mutilations génitales féminines au plan mondial.

En septembre 2015, les Nations Unies ont adopté l’objectif de faire complètement disparaître les MGF d'ici 2030.

Si la fréquence des mutilations génitales féminines a baissé dans l'ensemble au cours des 30 dernières années, l'UNICEF soutient que ce n'est pas suffisant pour compenser la croissance de la population.

De même que si la tendance actuelle persiste, le nombre de filles et de femmes victimes de l’excision montera en flèche au cours des 15 prochaines années.

Dans les 30 pays étudiés par l'UNICEF, la plupart des filles ont été excisées avant leur cinquième anniversaire, et 85% des fillettes du Yémen ont subi l'excision au cours de la première semaine de leur existence.

-une lutte sans relâche-

Selon un communiqué publié dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre l’excision, co-signé par Mariam Lamizana et le Dr Morissanda Kouyaté, respectivement présidente et directeur du Comité Inter Africain sur les pratiques affectant la santé des femmes et des enfants, les MGF «constituent une violation grave et flagrante de l’intégrité physique et des droits des filles et des femmes.»

«L’heure n’est plus aux débats oiseux; il faut agir pour éliminer cette pratique inacceptable et dégradante», peut-on lire dans le communiqué du CI-AF, terminant sur une question: «En 2030, plus de mutilations génitales féminines; pourquoi pas avant?»

De nombreuses femmes ayant subi l'infibulation, qui est l'excision sous sa forme la plus sévère, ont fait part de leurs témoignages dans la presse mondiale. Outre l'ablation des organes génitaux externes, l'infibulation consiste à coudre l'orifice vaginal pour le rétrécir.

Lorsque la femme devient épouse, elle doit subir une nouvelle intervention, qui, dans la plupart des cas, «est faite au couteau par l'exciseuse, sans anesthésie et dans des conditions d'hygiène déplorables, à même le sol», selon la malienne Madina Bocoum Daff, coordinatrice du programme de lutte contre l'excision à Plan International

«C'est un choc, une douleur qu'on garde toute sa vie», souligne Madina. Sans parler des déchirures subies à chacun de ses six accouchements. Parmi les autres complications possibles, il y a l'incontinence urinaire, explique-t-elle. «Des petites abandonnent l'école à cause de cela, elles ont trop honte».

Les conséquences physiques et psychologiques de cette pratique imposées à des fillettes les marqueront tout au long de leur vie, témoigne Madina Bocoum Daff.

-Croyances et superstitions-

Madina s'attache à lutter contre les croyances liées à l’excision.

"Nous essayons de trouver les arguments pour défaire ces croyances; nous prenons l'exemple d'ethnies qui n'excisent pas; nous expliquons les complications médicales."

Elle, qui a mis du temps à convaincre sa propre mère, estime que le débat est aujourd'hui "accepté" au Mali et que "les choses bougent". Des dizaines de villages ont fait des "déclarations publiques d'abandon", se félicite-t-elle.

Depuis les événements de 2012 et le passage du nord du Mali sous la coupe des djihadistes, "la lutte contre l'excision est revenue en arrière; les priorités ont changé", constate-t-elle. Mais elle espère qu'une loi d'interdiction sera votée dans quelques années.

Joint par VOA Afrique, le Dr Younoussa Touré, socio-anthropologue, auteur de divers ouvrages sur l’excision, lutte également depuis plusieurs années pour faire interdire l’excision au Mali comme dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. Il estime que l’adoption d’une loi anti-MGF est indispensable «même si elle ne sera pas complètement appliquée; c’est nécessaire.»

Dr Younoussa Touré, sociologue malien, joint par Nathalie Barge
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Récemment, La Gambie, l'un des dix pays où l'excision est la plus pratiquée - touchant environ trois quarts de la population féminine – a interdit l’excision, comme l’ont fait auparavant d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.

Selon la loi, votée fin décembre 2015, les contrevenants sont désormais passibles de peines de prison pouvant aller jusqu'à trois ans et/ou d'une amende de 1.300 dollars.

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    Nathalie Barge

    Après une carrière dans la communication en France et en Angleterre, Nathalie Barge a pratiqué le photojournalisme dans plus de 40 pays dont 17 en Afrique, devenant reporter de guerre indépendante. Lors de ses visites en Sierra Leone pendant la guerre civile, elle a mêlé l'écriture à ses prises de vue, relatant des témoignages de victimes et dénonçant le trafic du diamant et l'utilisation des enfants soldats. Grace à sa détermination, Nathalie est entrée dans les mines de diamants de Tongo contrôlées par les rebelles du RUF, et lors de la crise des otages onusiens en mai 2000, elle s'est rendue à Freetown, qui se vidait de ses habitants à l'approche des rebelles. Nathalie Barge a rejoint la VOA en 2008.

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