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Violence au Kasaï: des élus mettent en cause les autorités


Quelques habitants de la ville marchent sur l’une des principales artères de Mbuji Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, 30 juillet 2006.
Quelques habitants de la ville marchent sur l’une des principales artères de Mbuji Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, 30 juillet 2006.

Plusieurs élus du Kasaï mettent en cause la responsabilité des autorités dans les violences qui secouent cette région du centre de la République démocratique du Congo, leur reprochant une mauvaise gestion de la crise et une réponse purement militaire.

"Il revient aux autorités à tous les niveaux, provincial et national, de trouver une solution à ce problème né de leur gestion du pouvoir coutumier", déclare à l'AFP le député de la majorité Ibrahim Ikulu.

"La solution à ce problème est politique et non militaire", estime son collègue de l'opposition Corneille Masuasua, ajoutant que "c'est très dangereux de s'appuyer sur le volet militaire" pour penser résoudre cette crise.

Partie du Kasaï-central en septembre 2016, les violences entre les forces de l'ordre et la milice de Kamwina Nsapu - chef coutumier tué le mois précédent dans une opération militaire après s'être révolté contre le pouvoir de Kinshasa - ont progressivement gagné le Kasaï-oriental et le Kasaï-occidental. Ces violences ont fait au moins 200 morts.

Pour le député d'opposition Claudel Lubaya, "le gouvernement est responsable de cette violence aveugle", les autorités ont "fait une erreur d'appréciation en tuant Kamwina Nsapu, ils ont fait imploser la région".

Samedi, Kinshasa a reconnu que des soldats congolais avaient pu commettre des "excès" en réprimant cette rébellion après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo mettant en cause l'armée dans un massacre de civils.

Abondamment commentée, le gouvernement congolais a qualifié de "montage" destiné à salir les autorités et l'armée cette vidéo de sept minutes tournée en un plan séquence unique.

Barbarie

"Tous les excès et abus signalés (imputés à) des éléments des FARDC dans cette opération" ont été "pris en charge conformément au code pénal militaire dès la fin de cette opération l'année dernière", et un officier et un sous-officier "en répondent d'ores et déjà devant la justice militaire", affirme le gouvernement sans préciser la juridiction devant laquelle comparaissent les deux hommes, ni les charges retenues contre eux.

Kinshasa, qui n'avait jusque-là jamais communiqué sur ces poursuites, estime "tardive, inutile et malveillante" la "dénonciation par les réseaux sociaux" des crimes qu'elles visent à juger.

L'extension du conflit né de la mort de Kamwina Nsapu a été facilitée par un fort ressentiment de la population locale contre le pouvoir central et les autorités provinciales après une succession de nominations de personnes réputées proche de la majorité politique en remplacement de chefs décédés, au détriment de leur héritier naturel.

Enterré par les autorités sans respecter le rite traditionnel, KamwinaNsapu est considéré comme toujours vivant par ses partisans. Plusieurs autres chefs coutumiers s'inquiètent d'une désacralisation des charges coutumières qui pourrait remettre en cause leur succession, les pouvoirs mystiques des chefs étant censés se transmettre à l'héritier au moment de l'enterrement.

Que les autorités "remettent le corps de Kamwina Nsapu" pour "des obsèques dignes" d'un chef coutumier et "que le président de la République demande la démission du gouverneur Alex Kande (et) ça va régler l'affaire qui est en train de pourrir pour rien", assure le député Masuasua.

M. Kande est le gouverneur de la province du Kasaï-central. Les partisans de Kamwina Nsapu le tiennent pour responsable de l'élimination de leur chef et exigent sa démission.

Après la diffusion de la vidéo, le député Lubaya "rend l'État congolais entièrement responsable de ces actes de barbarie" sur "un peuple dont leseul tort est son rejet du régime en place".

Avec AFP

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