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Viol de Zouhoura : vent de protestation au Tchad avant la présidentielle


N'Djamena, Chad
N'Djamena, Chad

Le mouvement de contestation a débuté le 15 février, lorsque plusieurs centaines de jeunes ont manifesté à N'Djamena après le viol d'une jeune Tchadienne par des fils de dignitaires.

Le viol d'une jeune Tchadienne par des fils de dignitaires puis la mort d'un manifestant qui dénonçait ce crime cristallisent depuis une semaine le mécontentement des lycéens dans un pays parmi les plus pauvres au monde et dont le président, au pouvoir depuis 26 ans, va se présenter pour un 5e mandat.

Le mouvement de contestation a débuté le 15 février, lorsque plusieurs centaines de jeunes ont manifesté à N'Djamena après le viol de Zouhoura deux jours auparavant, avant d'être violemment dispersés par la police anti-émeute. L'un des protestataires, Abbachou Hassan Ousmane, 17 ans, a été tué par balle par la police pendant la dispersion.

Les cinq violeurs présumés, dont trois enfants de généraux, qui avaient posté sur les réseaux sociaux des photos de la jeune fille nue et en larmes, ont été depuis arrêtés mais la colère n'a pas quitté les jeunes Tchadiens. Quatre complices présumés, dont un fils du ministre des Affaires étrangères, ont également été arrêtés.

Le mouvement de contestation des lyçéens s'est propagé dans d'autres villes, notamment à Moundou, capitale économique et deuxième ville du pays, et à Massaguet, à 80 km de N'Djamena.

"Nous demandons la justice"

Lundi, 17 lycéens arrêtés pour avoir manifesté vendredi à Massaguet étaient toujours détenus, selon la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'Homme (CTDDH), qui s'est dite "préoccupée par l'arrestation gratuite et arbitraire de 17 élèves ayant manifesté leur mécontentement contre l'acte abject posé par les rejetons des hauts responsables du pouvoir et l'assassinat du jeune Abbachou".

La CTDDH affirme que ces jeunes "sont en train d'être torturés dans les locaux de la gendarmerie".

Le marché de Massaguet a été incendié à la suite de cette manifestation de jeunes. Selon la police, ce sont les élèves qui, en mettant le feu à deux boutiques, ont provoqué l'incendie du marché.

Dans la capitale, les élèves des deux grands lycées n'ont pas repris les cours lundi, a constaté l'AFP. Ils avaient fait de même vendredi, après avoir été empêchés de manifester la veille par la police qui les avait dispersés à coups de gaz lacrymogène.

Selon le site journalduTchad.com, les auteurs présumés du viol ont été transférés dans la prison de Haute sécurité de Koro Toro, située en plein désert dans le nord tchadien.

"Ce qu'a subi la petite Zouhoura est un acte barbare,ignoble, d'un autre âge. Nous demandons la justice, une justice exemplaire. Je suis choquée, ça ne doit pas rester impuni", a déclaré lundi à l'AFP la présidente des femmes juristes, Thérèse Mekombe.

"L'accès à Facebook coupé"

Face à cette vague de protestation, le régime sécuritaire du président Idriss Deby Itno, qui laisse peu d'espace à l'opposition, a coupé l'accès à certains réseaux sociaux, notamment Facebook, sur lesquels les contestataires s'exprimaient avec virulence, a constaté l'AFP.

A l'approche de la présidentielle du 10 avril, la société civile a aussitôt embrayé pour demander le départ du pouvoir du président Deby, en lançant vendredi la plate-forme "Ça suffit", depuis le siège de l'Union des syndicats du Tchad.

"Cette plate-forme à pour objectif de revendiquer le départ de Deby. Le peuple tchadien ne peut pas encore supporter cinq ans de plus, ça suffit, il doit partir", a déclaré son porte-parole Younous Ibedou à l'AFP.

"À partir du 24 février nous lançons l'opération villes mortes. Elle sera suivie graduellement de sit-in et de marches pacifiques comme laConstitution nous en donne le droit", a-t-il annoncé.

Et, selon le site tchadinfos.com, un recueil "Poèmes pour Zouhoura", écrit en trois jours par des jeunes filles et garçons, vient d'être publié. Il est dédié "à la mémoire de feu Abachou Hassan qui a insufflé son âme en martyr, à celles et ceux qui luttent contre les violences faites aux femmes, à tous les militants des droits des filles et femmes et à Zouhoura, victime de viol sexuel collectif".

AFP

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