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20 morts en trois semaines de manifestations au Venezuela


Des paramédicaux portent secours à un homme blessé lors des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre à Caracas, Venezuela, le 20 avril 2017.
Des paramédicaux portent secours à un homme blessé lors des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre à Caracas, Venezuela, le 20 avril 2017.

Onze personnes ont péri lors de troubles dans la nuit de jeudi à vendredi à Caracas, ce qui porte à 20 le nombre de morts depuis le commencement de la vague de manifestations en avril contre le président socialiste Nicolas Maduro.

Le parquet vénézuélien a annoncé vendredi "la mort de 11 personnes" âgées de 17 à 45 ans, certaines électrocutées et d'autres tuées par balle, ajoutant que six individus ont également été blessés "lors des faits de violence survenus" dans le quartier de El Valle.

Dans cette zone du sud-ouest de la capitale, les habitants avaient décrit durant la nuit des scènes de pillages et d'affrontements violents avec les forces de l'ordre. Des images tournées par certains résidents avaient montré un véhicule anti-émeutes partiellement incendié par des cocktails Molotov.

"On aurait dit une guerre. Les militaires et la police lançaient des gaz (lacrymogènes, ndlr), des civils armés tiraient sur les bâtiments. Avec ma famille on s'est jeté par terre. C'était horrible. On a réussi à dormir jusqu'à ce que ça se termine, vers trois heures du matin", a raconté à l'AFP Carlos Yanez, habitant de 33 ans d'El Valle.

Le parquet a par ailleurs annoncé l'ouverture d'une enquête sur la mort dans la nuit d'un homme dans le quartier de Petare (est de Caracas).

Il a été tué par balle "lors de la manifestation de (jeudi) soir", a affirmé sur Twitter Carlos Ocariz, maire du quartier et membre de l'opposition, exigeant "qu'une enquête soit menée et qu'on punisse les coupables !".

'Marche du silence' samedi

Le Venezuela est secoué depuis le 1er avril par une vague de manifestations de l'opposition libérale, majoritaire au Parlement depuis fin 2015, qui exige le départ du président socialiste Nicolas Maduro, très impopulaire dans ce pays pétrolier en pleine crise politique et économique.

Déterminée à poursuivre la mobilisation jusqu'à obtenir des élections anticipées, l'opposition a convoqué pour samedi une "marche du silence" vers les sièges de l'épiscopat vénézuélien dans tout le pays et pour lundi un "blocage national" des routes.

Ces défilés tournent souvent à l'affrontement entre manifestants et forces de l'ordre, qui échangent tirs de gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc contre jets de pierres et cocktails Molotov. Outre les vingt morts, environ 600 personnes ont été arrêtées depuis début avril, selon l'ONG Foro Penal.

Mercredi et jeudi, des dizaines de milliers de personnes ont encore manifesté dans les rues du pays.

Les violences autour de ces mobilisations ont fait trois morts mercredi et des incidents ont éclaté jeudi à Caracas ainsi qu'à Maracaibo (nord-ouest), Valencia (nord) et San Cristobal (ouest).

L'évacuation de 54 bébés d'une maternité d'El Valle pendant les affrontements a suscité une controverse entre les deux camps.

Le gouvernement a accusé "des bandes armées engagées par l'opposition" d'avoir "attaqué" l'établissement. L'opposition a rétorqué que les nouveaux-nés avaient dû être placés en lieu sûr car ils étaient "très affectés" par les tirs de grenades lacrymogènes des forces de l'ordre.

'Le pays est calme'

Pour l'exécutif, c'est l'opposition qui fomente les violences. "Ces délinquants veulent faire croire que le Venezuela est dans le chaos, le pays est calme", a déclaré Freddy Bernal, un dirigeant du parti socialiste au pouvoir.

Dans le camp anti-Maduro, on dénonce au contraire la répression des forces de l'ordre : "Ne lancez plus de bombes, s'il vous plaît", a crié jeudi un manifestant nu qui s'était juché sur un véhicule blindé militaire, à travers un nuage de gaz lacrymogène.

Jeudi, l'Union européenne a condamné les violences "très regrettables" survenues pendant les manifestations tandis que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a demandé "que tous les efforts soient faits pour réduire les tensions et empêcher de nouveaux affrontements".

Neuf pays latino-américains ont jugé, dans un communiqué commun, "urgent que les autorités vénézuéliennes prennent des mesures pour garantir les droits fondamentaux et préserver la paix sociale".

M. Maduro, qui dénonce un "coup d'Etat terroriste" fomenté selon lui par les Etats-Unis - une accusation rejetée par Washington - a renforcé ces derniers jours la présence policière et de l'armée qui lui a apporté son soutien "inconditionnel".

Alors que son mandat court jusqu'à fin 2018, sept Vénézuéliens sur dix souhaitent son départ immédiat, selon un sondage Venebarometro.

La précédente vague de manifestations ayant secoué le pays en 2014 avait fait 43 morts, selon le bilan officiel.

Avec AFP

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