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Le vice-président américain Joe Biden soutient la Turquie contre les rebelles kurdes


Joe Biden et l'ambassadeur américain en Turquie, lors d'une visite à Istanbul le 22 janvier 2016. (Murad Sezer/Pool Photo via AP)
Joe Biden et l'ambassadeur américain en Turquie, lors d'une visite à Istanbul le 22 janvier 2016. (Murad Sezer/Pool Photo via AP)

Joe Biden a estimé samedi, lors de sa visite à Istanbul, que le PKK constituait pour Ankara une "menace existentielle" au même titre que le groupe Etat islamique (EI).

Le vice-président américain Joe Biden s'est rangé samedi aux côtés du gouvernement turc dans sa guerre contre les rebelles kurdes mais a tu publiquement les divergences entre les Etats-Unis et la Turquie sur la lutte antijihadiste et le respect des libertés en Turquie.

Au terme d'un entretien avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu à Istanbul, M. Biden a estimé que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) constituait pour Ankara une "menace existentielle" au même titre que le groupe Etat islamique (EI).

"Nous pensons que la vaste majorité des Kurdes veut vivre en paix et il est clair que le PKK n'a montré aucun désir ou inclination à la faire", a-t-il déclaré devant la presse, "ce n'est rien d'autre qu'un groupe terroriste et ce qu'il continue à faire est absolument scandaleux".

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris entre les forces de sécurité et les rebelles dans le sud-est en majorité kurde de la Turquie.

Ces affrontements ont fait de nombreuses victimes et fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés fin 2012 par le gouvernement islamo-conservateur turc avec la rébellion pour mettre fin à un conflit qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis d'"éradiquer" le PKK et refuse catégoriquement pour l'heure tout contact avec ce mouvement.

Le vice-président américain s'est entretenu samedi pendant près de trois heures avec l'homme fort de la Turquie, mais ceux-ci n'ont fait aucune déclaration à propos de leurs discussions.

Après sa rencontre avec M. Davutoglu, M. Biden s'est en outre réjoui des "mesures importantes" prises par la Turquie pour intensifier la lutte contre l'EI, notamment à sa frontière avec la Syrie par laquelle continuent de transiter les recrues jihadistes.

Longtemps soupçonnée de complaisance envers les groupes rebelles radicaux en guerre contre le régime de Damas, la Turquie a rejoint à l'été la coalition antijihadiste. Mais ses alliés estiment qu'elle pourrait en faire plus contre l'EI.

"Nous ne voulons pas de Daech (acronyme arabe de l'EI), du PKK ou des forces paramilitaires du régime (du président syrien Bachar al-Assad) (...) nous sommes sur la même longueur d'onde à ce sujet", a assuré de son côté M. Davutoglu.

"Menace"

Le chef du gouvernement turc a toutefois insisté sur la nécessité de lutter contre les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde de Syrie qu'il a qualifiée d'"organisation terroriste" et de "menace" au même titre que l'EI.

M. Biden s'est abstenu d'évoquer ces combattants, point de discorde entre les deux alliés.

Les Américains fournissent armes et assistance aux Kurdes de Syrie, en première ligne dans le combat contre l'EI. Mais les Turcs les jugent proches du PKK et redoutent qu'ils n'étendent leur influence le long de la frontière turco-syrienne. Ankara refuse aussi qu'ils soient représentés dans les pourparlers sur un règlement politique en Syrie.

Evoquant ces négociations, le vice-président Biden a rappelé que Washington et Ankara continuaient à "travailler à une solution politique". "Mais nous sommes préparés, si ce n'est pas possible, à mettre en oeuvre une solution militaire et à éliminer Daech", a-t-il ajouté.

Un responsable américain a expliqué que M. Biden avait voulu souligner la concomitance entre la recherche d'un "règlement politique" et la "solution militaire" actuellement retenue contre l'EI, démentant tout "changement de la politique américaine".

MM. Davutoglu et Biden n'ont pas non plus abordé devant la presse l'état des libertés en Turquie, autre sujet de crispation.

Vendredi, le responsable américain a mis les pieds dans le plat en s'inquiétant des récentes détentions de journalistes turcs et des poursuites judiciaires engagées contre des universitaires qui ont signé une pétition contre les "massacres" commis par l'armée contre les civils dans ses opérations contre le PKK.

"Ce n'est pas un bon exemple à donner", a lancé M. Biden, qui a reçu des intellectuels proches de l'opposition et la famille d'un célèbre journaliste emprisonné.

M. Davutoglu n'a pas réagi publiquement à cette charge. Mais dans l'avion qui le ramenait vendredi soir de Berlin, il a rejeté les accusations de M. Biden et s'est agacé du choix de ses interlocuteurs. "Il aurait aussi pu parler aux citoyens qui sont victimes du terrorisme du PKK", a-t-il rétorqué, cité par la presse turque.

AFP

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