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Dylann Roof a soigneusement préparé son "attaque raciste"


Dylann Roof a minutieusement préparé la tuerie qu'il a perpétrée en 2015 dans une église noire de Caroline du Sud.
Dylann Roof a minutieusement préparé la tuerie qu'il a perpétrée en 2015 dans une église noire de Caroline du Sud.

Dylann Roof a minutieusement préparé la tuerie qu'il a perpétrée en 2015 dans une église noire de Caroline du Sud, en espérant que cette "attaque raciste" en entraînerait d'autres, a affirmé mercredi le procureur au procès du jeune homme.

"Sa haine, son racisme ne sortiront pas vainqueurs de cette salle d'audience", a lancé Jay Richardson, le représentant du ministère public.

M. Richardson a relaté que l'accusé de 22 ans avait fomenté des mois en avance son attentat dans la ville de Charleston, en effectuant plusieurs visites à l'Emanuel African Methodist Episcopal Church, où il a tué de sang froid neuf paroissiens, tous noirs.

Dylann Roof s'était préalablement renseigné sur les horaires des offices religieux et avait emmagasiné des munitions destinées à son attaque.

"Il s'est préparé mentalement et physiquement, en s'entraînant au tir et en se conditionnant à faire ce qu'il pensait devoir faire", a commenté le procureur Richardson.

Le 17 juin 2015, Roof a préparé son calibre .45 de marque Glock et plusieurs chargeurs remplis d'un total de 88 balles, avant de rouler 90 minutes jusqu'à Charleston.

Dans l'église de l'Emanuel, ce solitaire glorifiant l'apartheid a été accueilli par le révérend Clementa Pinckney, qui l'a invité à s'asseoir avec lui à une table.

Le révérend Pinckney a tendu une Bible à Roof, ainsi qu'une copie du sujet de discussion de la soirée, la parabole du semeur.

Le jeune homme a calmement prétendu participer une demi-heure à la séance d'étude, avant d'ouvrir le feu sur les fidèles réunis, dont seulement trois ont survécu.

- Plus de 70 tirs -

"Il a appuyé sur la détente du Glock plus de 70 fois", a affirmé Jay Richardson, en confirmant qu'il allait requérir la peine de mort pour cette "attaque raciste".

"Il a choisi d'exécuter neuf hommes et femmes innocents", a-t-il dénoncé, "en raison de sa haine endurcie de la couleur de leur peau".

"Il espérait envoyer un message pour que d'autres Blancs se lèvent et passent à l'action", a-t-il ajouté.

Habillé d'une combinaison rayée de prisonnier, Dylann Roof a écouté sans réaction notable cet exposé du procureur.

M. Richardson a décrit l'idéologie raciste de l'accusé, convaincu de la supériorité de la race blanche, ce qu'a illustré un journal où il confiait son espoir qu'éclate une guerre raciale.

Dans ses affaires personnelles ont été retrouvées des croix gammées et d'autres références nazies, comme le nombre 88 faisant allusion à la lettre H de "Heil Hitler".

Dylann Roof a confirmé par écrit qu'il plaidait "non coupable" de ces crimes. Il a prévu d'assurer en partie lui-même sa défense lors des débats.

En attendant qu'il s'exprime, son avocat David Bruck n'a pas nié les faits reprochés.

"La question n'est pas seulement de savoir si Dylann Roof a commis ces crimes, mais de savoir qui il est. Pourquoi l'a-t-il fait ? D'où vient-il ?", a-t-il insisté.

Lors de ce procès fédéral, le jeune homme sera jugé par un jury de 18 personnes, dont six suppléants, qui a été installé mercredi, au terme d'un long processus de sélection. Il est composé de 13 femmes et cinq hommes et comprend 67% de Blancs.

- 'C'est le diable' -

Pour Dylann Roof, la principale question qui se pose désormais est de savoir s'il sera condamné à la prison à vie ou à la peine capitale.

Son procès devant la justice fédérale pourrait durer jusqu'à début 2017. L'Etat de Caroline du Sud le jugera aussi, lors d'un procès distinct. A chaque session sera requise la peine de mort.

Durant l'audience mercredi, les jurés ont entendu le témoignage de Felicia Sanders, une survivante du massacre. Elle a vu son fils mourir sous ses yeux.

Dylann Roof tirait à un rythme tellement rapide, a-t-elle raconté, qu'elle a pensé qu'il était équipé d'une mitraillette.

A un moment son fils Tywanza s'est levé, bien que blessé, et a imploré Roof d'arrêter les tirs.

"Je dois le faire. Vous violez nos femmes et vous vous emparez de notre terre", a répondu Roof, avant de faire feu à cinq reprises sur Tywanza.

J"ai vu mon fils venir au monde et quitter ce monde", a sangloté Mme Sanders. "C'est le diable", a-t-elle dit de Dylan Roof. "Il n'y a pas de place pour lui sur Terre".

AVEC AFP

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