Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

La bataille pour le vote des électeurs fraîchement naturalisés aux États-Unis


Le vote hispanique pourrait se révéler déterminant à la présidentielle américaine du 8 novembre 2016.
Le vote hispanique pourrait se révéler déterminant à la présidentielle américaine du 8 novembre 2016.

Soledad Herrera vit aux Etats-Unis depuis près de 50 ans mais s'apprête à voter pour la première fois: elle est devenue américaine mardi à Los Angeles, aux côtés de 4.000 personnes dont Démocrates et Républicains s'arrachent à présent les voix.

Le cri "Etes-vous inscrit pour voter?" accueille les nouveaux citoyens dès leur sortie de l'amphithéâtre où ils ont prêté serment d'allégeance à la bannière étoilée et chanté l'hymne national lors de cette cérémonie de naturalisation, la dernière à Los Angeles avant le scrutin du 8 novembre.

Jaillissant de kiosques installés de part et d'autres du hall, des représentants des partis démocrate ou républicain se précipitent vers eux, pour tenter de les enregistrer sur les listes électorales, à la toute fin d'une âpre campagne présidentielle où les questions migratoires ont tenu le haut du pavé.

Certains prennent la pose pour une photo aux côtés de silhouettes en carton à l'effigie de la candidate démocrate Hillary Clinton ou du couple présidentiel, Barack et Michelle Obama.

Le stand d'en face est agrémenté des mêmes reproductions grandeur nature du républicain Donald Trump et de l'une des personnalités les plus vénérées de son parti, Ronald Reagan, président de 1981 à 1989.

C'est à côté de lui que Soledad prend place pour immortaliser ce grand moment, car elle fut l'une des bénéficiaires d'une vaste régularisation d'immigrés sans papiers signée en 1986 par Reagan.

Mais c'est pour Clinton qu'elle va voter.

"C'est quelqu'un de bien", a dit à l'AFP cette Mexicaine affable de 74 ans, mère de 10 enfants.

A 25 ans, se souvient-elle, elle a passé la frontière avec un visa temporaire et n'est jamais repartie. Elle n'avait pas pu être naturalisée jusqu'à présent parce qu'elle ne savait ni lire ni écrire et devait apprendre à signer.

A trois semaines de l'élection, Hillary Clinton conforte son avance dans les sondages face à Donald Trump, qui a promis de construire un mur à la frontière avec le Mexique et d'expulser quelque 11 millions d'immigrés en situation irrégulière aux Etats-Unis.

'Trump nous a humiliés'

Trump "nous a tous humiliés, nous les Latino-Américains", s'insurge Beatriz Mazariegos, Guatémaltèque de 34 ans qui elle aussi est devenue américaine mardi, et compte voter démocrate.

D'après le cabinet d'études Pew Research, 27,3 millions d'Hispaniques sont éligibles pour voter le 8 novembre, un record.

Un Mexicain de 34 ans qui refuse de donner son nom tient une pancarte "Le Mexique pour Trump". Il est arrivé aux Etats-Unis il y a 25 ans, mais n'a pas encore obtenu la nationalité.

D'après lui, Donald Trump saura mieux que sa rivale combattre le trafic de drogue qui transite par la frontière avec le Mexique. Et il minimise la polémique autour du mur.

"Le vrai problème ce sont les tueurs à gages (du baron de la drogue) El Chapo Guzman qui assassinent les juges", soutient-il, faisant référence à Vicente Bermudez, qui a instruit plusieurs dossiers liés aux cartels de la drogue et a été assassiné lundi.

Rodrigo Venegas, originaire du Mexique et âgé de 63 ans, penche aussi en faveur de l'ex-star de téléréalité. Américain depuis des années, il accompagnait mardi sa femme Mireya Medrano, une Dominicaine de 47 ans, à la cérémonie de naturalisation, et espère la convaincre de l'imiter.

Pour lui, "la rhétorique (du magnat de l'immobilier) sur certains groupes ethniques, sur les femmes, est controversée mais je ne pense pas que c'est ce qui compte le plus", explique-t-il, louant le "talent pour les affaires" du champion républicain.

En tout, les Etats-Unis ont naturalisé quelque 6,6 millions d'immigrés au cours de la dernière décennie, et près de 730.000 l'an dernier.

Ranjit Singh, né en Inde il y a 38 ans et arrivé il y a treize ans aux Etats-Unis, a rejoint leurs rangs mardi. Après la cérémonie, il est allé s'inscrire sur les registres électoraux, mais malgré des mois d'intense bras de fer entre les deux candidats, il est encore indécis.

L'Irakienne Najlah Alneam, 75 ans, arrivée outre-Atlantique il y a cinq ans pour rejoindre son fils, rêvait depuis des années de devenir américaine.

A qui donnera sa voix cette nouvelle électrice qui ne parle pas encore couramment la langue de Bob Dylan? "Elle ne veut pas me dire", répond son traducteur en riant.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG