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Une diplomatie turque plus conciliante : la Syrie et l'Egypte sur le radar d'Ankara


Les rapports de la Turquie avec l'Egypte s'étaient dégradés depuis l'éviction en 2013 par l'armée du président Mohamed Morsi, soutenu par le régime islamo-conservateur turc. (Photo 18 juin 2016)
Les rapports de la Turquie avec l'Egypte s'étaient dégradés depuis l'éviction en 2013 par l'armée du président Mohamed Morsi, soutenu par le régime islamo-conservateur turc. (Photo 18 juin 2016)

La Turquie a réussi le mois dernier à mettre fin à des conflits de politique étrangère dommageables avec Israël et la Russie, mais l'Egypte et la Syrie seront des dossiers bien plus compliqués pour Ankara dans sa volonté de renouer avec ses alliés régionaux.

Les rapports de la Turquie avec l'Egypte s'étaient dégradés depuis l'éviction en 2013 par l'armée du président Mohamed Morsi, soutenu par le régime islamo-conservateur turc.

Et en Syrie voisine, la Turquie a fait du départ du président Bachar al-Assad une condition sine qua non à la fin de la guerre civile de plus de cinq ans qui a vu quelque 2,7 millions de réfugiés fuir vers la Turquie.

Mais l'accession de Binali Yildirim au poste de Premier ministre en mai s'est traduite par une approche plus conciliante de la politique étrangère turque après la position agressive adoptée par son prédécesseur Ahmet Davutoglu.

"Nous allons continuer à augmenter le nombre de nos amis en sauvegardant les intérêts de notre région et de notre pays", a déclaré cette semaine M. Yildirim devant les cadres de son parti de la justice et du développement (AKP).

La Turquie a renoué en juin avec Israël après six ans de froid en raison de l'abordage mortel d'un navire turc d'aide humanitaire à destination de Gaza en mai 2010.

Dans la foulée, Ankara a mis fin à une crise avec la Russie après que le président Recep Tayyip Erdogan eut envoyé une lettre à son homologue russe Vladimir Poutine, exprimant ses regrets après la destruction par la chasse turque d'un avion de combat russe en novembre, à la frontière turco-syrienne.

Les dernières ouvertures diplomatiques de la Turquie sont destinées à lui permettre de renouer avec sa politique de "zéro problème avec les voisins", une diplomatie qui avait défini les premières années du mandat de M. Erdogan comme chef du gouvernement.

Cependant elle s'était détériorée pour devenir ce que les critiques du régime turc baptisèrent avec ironie la politique de "problèmes avec tout le monde", anéantissant les espoirs des Turcs de se trouver des régimes amis issus des "printemps arabes".

"Notre approche actuelle est de maintenir de bonnes relations avec tout le monde, sauf si le conflit est inévitable", a expliqué à l'AFP un responsable turc sous couvert d'anonymat.

Après le début du soulèvement syrien en 2011, la Turquie avait gardé le dialogue avec Damas mais M. Erdogan est vite devenu l'un des plus farouches opposants d'al-Assad.

Normalisation avec la Syrie ?

Dans une déclaration fracassante mais vague, Binali Yildirim a affirmé mercredi que son gouvernement souhaitait renouer avec Damas: "Nous avons normalisé nos liens avec Israël et la Russie, mais je suis sûr que nous allons revenir à la normale avec la Syrie aussi".

Toutefois rien n'indique si cela signifie ou non un tournant dans la politique turque à l'égard d'al-Assad, bête noire de M. Erdogan, qui n'a pas hésité à soutenir les rebelles syriens.

Des informations de presse ont récemment fait état d'un possible assouplissement dans la position d'Ankara, bien que la Turquie ait nié les rumeurs sur une médiation de l'Algérie.

Pour Aaron Stein, chercheur résident à l'Atlantic Council, "l'assouplissement de la Turquie sur al-Assad" a commencé l'été dernier après qu'Erdogan a annoncé que celui-ci pouvait conserver son poste pendant six mois, jusqu'à la finalisation de la transition politique réclamée par la communauté internationale.

"Avant la Turquie insistait pour qu'il quitte ses fonctions au début de la période de transition", a-t-il dit.

De l'avis des observateurs, une diplomatie discrète, semblable à celle menée avec Israël, pourrait également être menée afin de réparer les pots cassés avec le Caire, même si le chef de l'Etat turc écarte pour l'heure une telle réconciliation.

L'Arabie Saoudite qui est en train de devenir l'un des plus proches alliés de la Turquie, est également désireuse de voir des liens plus étroits entre l'Egypte et la Turquie.

Un responsable de l'AKP à Ankara a déclaré ce mois-ci que la Turquie allait bientôt envoyer une mission en Egypte pour tenter de surmonter les tensions. "Si Dieu le veut, un apaisement aura lieu avec l'Egypte aussi", a ainsi déclaré Saban Disli.

La Turquie est certainement en train de recalibrer sa politique étrangère, a commenté Aaron Stein, mais d'ajouter aussi que la réconciliation avec l'Egypte serait difficile.

Avec AFP

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