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Un répit pour la Grèce, mais son avenir incertain


Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras (à dr.), et son ministre des Finances Yanis Varoufakis (AP Photo/Petros Giannakouris)
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras (à dr.), et son ministre des Finances Yanis Varoufakis (AP Photo/Petros Giannakouris)

Une partie des Grecs doute de la réalité des progrès accomplis par le gouvernement.

ATHENES/BRUXELLES (Reuters) - Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, s'est félicité samedi d'avoir mis fin à l'"austérité" en concluant avec le reste de la zone euro un accord de principe sur la prolongation de l'aide financière, mais les retraits massifs des dépôts des banques reflètent l'ampleur de la crise de confiance dans le pays.

Pour Athènes, le compromis trouvé vendredi à Bruxelles lors de la réunion de l'Eurogroupe est de nature à apaiser les craintes de mesures de contrôle des capitaux, un possible prélude à une sortie de l'union monétaire. Mais une partie des Grecs doute de la réalité des progrès accomplis par le gouvernement.

Après trois semaines de discussions souvent houleuses, l'Eurogroupe a accouché vendredi soir d'un accord prévoyant, sous conditions, une prolongation de quatre mois de l'aide financière dont bénéficie la Grèce, afin d'éviter à cette dernière la cessation de paiement à brève échéance et un abandon forcé de l'euro.

Pour permettre la mise en oeuvre de cet accord, Athènes doit présenter d'ici lundi soir une liste de réformes à ses partenaires. "Hier, nous avons franchi une étape décisive en abandonnant l'austérité, les plans de renflouement et la troïka", a déclaré samedi Alexis Tsipras lors d'une allocution télévisée. "Nous avons gagné une bataille, pas la guerre. Les difficultés, les véritables difficultés (...) sont devant nous", a-t-il ajouté.

Le chef de file du parti de gauche Syriza est assuré d'un large soutien au sein de son électorat, qui lui sait gré d'avoir joué la fermeté face à la "troïka" et à l'Allemagne. Pour autant, il ne peut pas ignorer les pressions continues en Grèce même.

Un milliard d'euros environ ont été retirés des banques grecques au cours de la seule journée de vendredi, a déclaré une source bancaire haut placée, un montant qui reflète les craintes persistantes des épargnants d'un échec des négociations susceptible de conduire à un encadrement strict des mouvements de capitaux, voire à un retour à la drachme. Ces retraits s'ajoutent à ceux estimés à 20 milliards opérés depuis décembre.

Face au risque d'une ruée sur les guichets des banques mardi après un week-end de trois jours, lundi étant férié, le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a assuré vendredi soir que le compromis de Bruxelles devrait rassurer les épargnants. "Il est assez clair que la raison pour laquelle on a assisté à une fuite des dépôts, c'est parce que chaque jour, avant même que nous soyons élus, on disait aux Grecs que si nous étions élus et si nous restions au pouvoir plus de quelques jours, les distributeurs de billets cesseraient de fonctionner", a-t-il dit à la presse à Bruxelles. "La décision d'aujourd'hui met fin à cette peur, à cet alarmisme."

Une source de la Banque centrale européenne a déclaré après l'accord à Bruxelles que des mesures de contrôle des capitaux étaient exclues.

Si ces déclarations sont de nature à apaiser les craintes de certains, elles ne suffisent pas à calmer la rancoeur d'une partie des Grecs. "Nous avons vécu deux mois d'agonie, vidé les banques, pour réaliser que nous étions toujours une colonie endettée", a ainsi déclaré à Reuters Dimitris Kanakis, un électricien de 54 ans. "Ce sont les créanciers qui mènent le bal."

Le compromis négocié à l'Eurogroupe prévoit en effet toujours un contrôle extérieur de la gestion des finances publiques, même s'il remplace le terme "troïka", détesté d'une bonne partie de la population, par celui des "institutions". Il prévoit toutefois la possibilité d'une réduction de l'objectif d'excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) imposé à Athènes, ce qui permettrait de dégager des crédits pour lutter contre ce qu'Alexis Tsipras appelle la "crise humanitaire" en Grèce.

"L'accord d'hier avec l'Eurogroupe (...) annule les engagements du gouvernement précédent en matière de coupes dans les salaires et les pensions de retraite, de licenciements dans le secteur public, de hausse de la TVA sur l'alimentation et les médicaments", a-t-il expliqué samedi. Sans citer aucun nom, il s'en est pris aux conservateurs, en Grèce et ailleurs dans la zone euro. "Hier, nous avons évité les projets des puissances conservatrices aveugles, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, qui visaient à asphyxier la Grèce le 28 février", a-t-il dit.

Si l'aide financière est bien prolongée de quatre mois, Athènes devra, d'ici le début de l'été, négocier un accord à plus long terme avec le reste de la zone euro. Et les pourparlers seront délicats à mener car plusieurs sources expliquent que les créanciers de la Grèce ont perdu confiance dans Yanis Varoufakis, ce qui les a conduits ces derniers jours à négocier directement avec Alexis Tsipras.

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