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Kiev et Moscou s'accusent mutuellement du regain de violence


Nikki Haley lors de sa première intervention devant le Conseil de sécurité de l'Onu, le 2 février 2017.(AP Photo/Richard Drew)
Nikki Haley lors de sa première intervention devant le Conseil de sécurité de l'Onu, le 2 février 2017.(AP Photo/Richard Drew)

Le président ukrainien Petro Porochenko a appelé à faire pression sur Moscou au cinquième jour de combats entre soldats ukrainiens et rebelles prorusses dans l'est de l'Ukraine, Vladimir Poutine accusant en retour Kiev d'avoir orchestré la reprise des hostilités.

Ces affrontements, les plus violents depuis une trêve obtenue en décembre, sont aussi les premiers depuis l'investiture du président américain Donald Trump, qui prône un rapprochement avec la Russie accusée par Kiev et l'Union européenne de soutenir militairement les séparatistes.

Lors d'un entretien téléphonique avec son homologue slovaque Andrej Kiska, Petro Porochenko a accusé "les soldats russes" de tirer sur Avdiïvka, au coeur des combats depuis dimanche, appelant le monde à être "plus actif dans sa pression sur la Russie pour obtenir un cessez-le-feu".

Vladimir Poutine lui a répondu au cours d'une conférence de presse avec son homologue hongrois Viktor Orban à Budapest, accusant l'armée ukrainienne d'avoir déclenché les affrontements et "avancé de 200 mètres dans le territoire contrôlé par les milices" avant d'en être repoussé.

Les autorités ukrainiennes cherchent "à travers ce conflit" à "établir des relations" avec l'administration Trump, a déclaré le président russe. "C'est beaucoup plus facile ainsi de mettre l'administration (américaine) actuelle au courant des problèmes ukrainiens", a-t-il ajouté.

Pour sa part, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Nikki Haley, a déclaré lors de sa première intervention très attendue devant le Conseil de sécurité vouloir "de meilleures relations avec la Russie".

"Cependant la situation critique dans l'est de l'Ukraine appelle une condamnation forte et claire des agissements russes", a souligné l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud.

Elle a averti que les sanctions contre la Russie resteront en place "jusqu'à ce que la Russie redonne le contrôle de la péninsule (de Crimée) à l'Ukraine".

- 'Un certain changement de ton' -

A l'issue de cette réunion, l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a affirmé avoir "noté un certain changement de ton". "Nous ne sommes qu'au début du chemin et j'espère que ce chemin nous mènera à quelque chose de plus constructif", a-t-il ajouté.

Sur le terrain, les combattants des deux camps ont continué à s'affronter jeudi à coups de roquettes et d'obus de mortier, qui ont notamment tué une civile. Les autorités séparatistes ont annoncé le décès d'un de leurs combattants dans les faubourgs d'Avdiïvka et l'armée ukrainienne la mort de deux de ses soldats, portant à 23 le nombre de morts depuis la reprise des violences.

Alors que les températures descendent sous les -20° en plein coeur de l'hiver ukrainien, les 20.000 habitants d'Avdiïvka doivent en outre faire face à des pénuries de chauffage et d'eau courante en raison des dégâts infligés à la centrale électrique de la ville.

La question de la responsabilité initiale dans la rupture de la trêve n'est pas tranchée, les deux camps, soldats ukrainiens et rebelles prorusses, s'accusant mutuellement. Mais la ville d'Avdiïvka, sur la ligne de front, est sous le contrôle de l'armée ukrainienne, et des soldats ukrainiens ont indiqué à l'AFP avoir été pris par surprise par les attaques des séparatistes durant le week-end.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, une journaliste de l'AFP sur place a été témoin d'attaques menées par les rebelles contre des positions ukrainiennes.

La diplomatie ukrainienne a démenti jeudi les accusations de Moscou selon lesquelles Kiev a intensifié les violences pour attirer l'attention internationale sur ce conflit quasiment gelé, dénonçant des allégations "à la fois absurdes et complètement fausses".

- Mortiers et gruau -

L'armée ukrainienne a affirmé à l'AFP avoir repoussé "plusieurs attaques" contre ses positions.

Un soldat ukrainien répondant au nom de guerre de "Zoo" a par ailleurs indiqué jeudi à l'AFP être persuadé que des soldats russes avaient participé aux attaques contre Avdiïvka.

Face à la menace de pénurie alimentaire, l'armée a installé des cantines itinérantes pour distribuer du gruau de sarrasin et du thé à plusieurs centaines d'habitants. Sept camps ont été installés pour permettre à la population de se réchauffer.

Avdiïvka a toujours été un point stratégique du conflit. Prise par les combattants prorusses en avril 2014 en écho au soulèvement pro-européen du Maïdan à Kiev, la ville a été reprise quelques mois plus tard par les troupes de Kiev qui y ont depuis gardé un très important contingent.

Distante de moins de 10 kilomètres du bastion rebelle de Donetsk, c'est aussi un noeud routier dont les combattants rebelles ont su profiter pour déplacer des armes lourdes, sa cokerie ayant aussi une importance cruciale pour l'alimentation en électricité de la région.

Avec AFP

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