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Erdogan menace de bloquer l'accord sur les migrants si pas d'exemption de visas UE


RecepTayyip Erdogan
RecepTayyip Erdogan

Le président turc a averti l'Union européenne que le Parlement turc bloquerait la mise en oeuvre de l'accord sur les migrants si aucun progrès n'était fait concernant l'exemption des visas pour ses compatriotes.

Ces remarques interviennent sur fond de dégradation ces dernières semaines des relations entre Ankara et Bruxelles au sujet notamment du blocage sur les visas et de la situation des droits de l'homme en Turquie, où M. Erdogan cherche à renforcer son pouvoir.

Si aucun résultat n'est obtenu sur les visas d'ici au 30 juin, "aucune décision, aucune loi dans le cadre de l'application de l'accord de réadmission (des migrants) ne sortira du Parlement de la République de Turquie", a déclaré M. Erdogan au cours d'une conférence de presse au Sommet humanitaire mondial à Istanbul.

"Une étape devait être franchie le 30 juin au sujet des visas (...) Notre ministre des Affaires étrangères, notre ministre des Affaires européennes vont avoir des discussions (avec les Européens). Si un résultat est obtenu, tant mieux. Dans le cas où aucun résultat ne serait obtenu, qu'ils nous excusent", a-t-il ajouté.

L'accord sur une libéralisation dès fin juin du régime d'accès des Turcs à l'espace Schengen se trouve au coeur du pacte plus large sur les migrants qui a permis de réduire le flux des passages clandestins vers l'Europe.

Mais une exemption de visa avant la date limite semble de plus en plus improbable depuis que M. Erdogan s'est opposé à un assouplissement de la loi antiterroriste turque, l'une des 72 conditions posées par Bruxelles.

Lundi, Angela Merkel avait réaffirmé la nécessité de remplir tous les critères avant une telle exemption, estimant que "les conditions ne seront pas encore remplies" à cette échéance.

- 'De la sincérité' -

"J'ai clairement dit que la voie vers l'exemption de visa passait par 72 points", avait souligné la chancelière allemande après une rencontre avec M. Erdogan. "Nous avons besoin de la mise en oeuvre de ces points pour accorder l'exemption de visa".

Les pays européens ont été déstabilisés par la soudaine démission de l'ex-Premier ministre Ahmet Davutoglu, interlocuteur jugé fiable. Son successeur, Binali Yildirim, a présenté mardi son nouveau gouvernement, qui porte l'empreinte de M. Erdogan.

Signe que les relations turco-européennes pourraient ne pas s'apaiser prochainement, un fidèle du président, Omer Celik, a récupéré le portefeuille des Affaires européennes.

Autre sujet de tensions entre Ankara et Bruxelles, une promesse d'aide européenne à la Turquie de trois milliards d'euros en 2016, dont le versement est jugé trop lent par M. Erdogan. "La Turquie ne demande pas une faveur. Ce que nous voulons, c'est de la sincérité", a-t-il dit.

Au cours d'un Sommet humanitaire mondial inédit qui s'est achevé mardi, le président turc a rappelé que la Turquie accueillait trois millions de réfugiés, dont 2,7 millions de Syriens.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a salué le rôle de la Turquie, "à l'avant-garde de l'action humanitaire", ajoutant qu'il était "décevant" que la plupart des chefs d'Etat et de gouvernement des grandes puissances ne se soient pas rendus au sommet.

M. Erdogan a réitéré sa proposition de construire "à partir de zéro" une ville dans une zone sécurisée dans le nord de la Syrie pour accueillir les réfugiés qui ont fui leur pays, et a dit en avoir parlé avec Mme Merkel lundi au cours de leur rencontre.

Après cet entretien, la chancelière avait fait part de sa "profonde préoccupation" au sujet de l'état de la démocratie en Turquie, quelques jours après la levée de l'immunité parlementaire de dizaines d'élus du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) accusés de soutenir le PKK, ce qu'ils démentent.

Un affaiblissement du HDP pourrait renforcer le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, en plein débat sur une nouvelle Constitution pour instaurer le régime présidentiel voulu par M. Erdogan, accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire.

(Avec AFP)

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