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La Tunisie veut croire en une embellie durable de sa sécurité


Les Tunisiens manifestent contre le retour des jihadistes dans les rues de Tunis, Tunisie, le 8 janvier 2017.
Les Tunisiens manifestent contre le retour des jihadistes dans les rues de Tunis, Tunisie, le 8 janvier 2017.

Six ans après la révolution, ce rétablissement de la sécurité est crucial pour relancer le tourisme et plus largement l'économie de l'unique pays rescapé du Printemps arabe, englué dans la morosité.

"Aux habitants de (la ville) résistante de Ben Guerdane, votre victoire dans la bataille du 7 mars, la victoire de nos agents sécuritaires et de nos militaires, ont été un tournant dans la lutte contre le terrorisme", a clamé mardi le Premier ministre Youssef Chahed lors d'une cérémonie officielle.

Un an plus tôt, des groupes jihadistes avaient mené une offensive inédite contre cette ville frontalière de la Libye afin, selon Tunis, de "créer un émirat" du groupe Etat islamique (EI).

Si 13 membres des forces de sécurité et sept civils ont péri, cette tentative s'est soldée par un échec et au moins 55 jihadistes ont été abattus dans la riposte.

Le ministre de la Défense Farhat Horchani a assuré mardi à l'AFP que la Tunisie avait "fait des pas très importants dans sa guerre contre le terrorisme". "Nous vaincrons", a-t-il affirmé.

A Ben Guerdane, après les attentats de 2015, "armée et forces de sécurité ont fait preuve de réactivité et d'une meilleure coordination", explique Habib M. Sayah, consultant en sécurité. Elles ont pu "démanteler une part importante du réseau jihadiste local", dont étaient issus nombre d'assaillants.

Frappe américaine

Quelques semaines plus tôt, une frappe américaine contre un centre d'entraînement à Sabratha, dans l'ouest libyen, avait déjà "fortement déstabilisé la branche tunisienne de l'EI". "Ce camp était un noeud central dans l'organisation des opérations en Tunisie", insiste l'expert.

Depuis un an, le pays n'a pas connu d'autre attaque majeure, une rupture par rapport à l'essor de la mouvance jihadiste à la suite de la révolution de 2011.

Les démantèlements de "cellules terroristes" se sont multipliés et "on a pu constater une augmentation sensible des moyens à disposition des ministères de l'Intérieur et de la Défense", poursuit Habib M. Sayah.

En novembre, une série de caches d'armes -un véritable arsenal- a été mise au jour dans la région de Ben Guerdane.

Parallèlement, la coopération avec les alliés occidentaux (Allemagne, Grande-Bretagne, France...) s'est sensiblement accrue.

Des hélicoptères de combat ont été récemment livrés par l'armée américaine, qui contribue aussi à la mise en place d'une surveillance électronique à la frontière libyenne, au-delà du seul "système d'obstacle" érigé à la hâte par Tunis.

Analyste pour International crisis group (ICG), Michaël Ayari relève également l'impact psychologique durable de Ben Guerdane au sein d'une société tunisienne inquiète d'un "affaiblissement des institutions" étatiques. "La Tunisie a fait preuve de résilience. Mais ça ne veut pas dire qu'elle est immunisée", souligne toutefois M. Ayari.

'Hauts et bas'

L'état d'urgence est sans cesse prolongé, et des combats ont toujours lieu près de la frontière algérienne, comme récemment au Mont Sammama (centre-ouest). L'armée y affronte des groupes affiliés à l'EI ou à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Parmi les plus touchés par le phénomène, la Tunisie est aussi anxieuse face à la perspective d'un retour massif de milliers de ressortissants étant partis combattre en Irak, Syrie ou Libye.

Malgré l'adoption en novembre d'une "stratégie nationale contre le terrorisme", "il y a encore des hauts et des bas, notamment dans la coopération au sein de l'appareil sécuritaire", ajoute Michaël Ayari.

Revenu aux affaires un an plus tôt et auréolé d'une solide réputation, le patron de la Sûreté nationale Abderrahmen Belhaj Ali a claqué la porte en décembre pour un motif obscur.

Une "réforme profonde du secteur de la sécurité" reste nécessaire, renchérit Habib M. Sayah, en dénonçant la persistance de "procédures rigides et centralisées". "Tant que l'information circule mal entre services, que l'on peut -au moyen d'un maigre pot-de-vin- faire traverser n'importe qui et n'importe quoi à nos frontières, et que la vigilance des agents de terrain est volatile, la Tunisie restera vulnérable", prévient-il.

Avec AFP

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