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La révolution tunisienne à travers le prisme de la chanteuse Kesang Marstrand


L'artiste américaine Kesang Marstrand qui vit à Tunis
L'artiste américaine Kesang Marstrand qui vit à Tunis

Elle est jeune, belle et Américaine vivant à Tunis. Kesang Marstrand a vécu la révolution du peuple tunisien qui a forcé l'ancien président Ben Ali à fuir le pays. Elle est l'invitée de la VOA.

Kesang Marstrand vit depuis un an en Tunisie avec son mari, rencontré en Inde.

Elle était témoin de la révolution tunisienne qui a chassé du pouvoir Zine Al Abidine Ben Ali. Le 14 janvier, jour où celui qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis 23 ans a fui en Arabie Saoudite, Kesang Marstrand s’en souvient. « J’étais à la maison, je me suis dit ce n’était pas juste, ce n’était pas le moment de rester à la maison, mais le moment d’être dans les rues avec le peuple tunisien, parce que c’est historique, c’est important de soutenir cette lutte pour la liberté », m’a confié la jeune chanteuse de 29 ans depuis son domicile à Tunis.

Durant notre entretien en anglais, Kesang Marstand a souligné qu'elle avait peur au départ, peur de l'incertitude, de l'insécurité. Mais ses amis l'ont rassurée. «Ils m'ont demandé de les joindre, ils ont dit viens! c'est la fête c'est comme le festival de jazz! Alors j'y étais avec mon mari, j'ai même préparé des pancartes sur lesquelles j'ai marqué "Yes we Can" "Le pouvoir au peuple"

Un manifestant tunisien et le visage effacé de l'ancien dirigeant de la Tunisie
Un manifestant tunisien et le visage effacé de l'ancien dirigeant de la Tunisie

Elle a connu les deux visages de la Tunisie : celle de Ben Ali et celle d’un pays qui apprend à reprendre en main sa destinée et retrouve le goût de la liberté. « Après Ben Ali, il y avait quelque chose qui a disparu. Une lourdeur. Des nuages sont passés. Je ne sais pas si c’était une lourdeur politique ou quoi, mais je l’ai sentie. Il y avait un blocage, un blocage créatif même pour moi, ma musique. Après la révolution cela a disparu complètement »

Et comment avez vous vécu ce blocage? « C’est le fait de ne pas avoir le droit de s’exprimer. C’est dans l’air et c’est subtil. Et en tant qu'artiste je ne sentais pas cette liberté et je n'avais pas cet espace dont j'avais besoin pour créer», dit la jeune artiste de sa voix douce.

Kesang Marstrand est Américaine, née à Woodstock, New York, d’une mère danoise et d’un père tibétain. Elle a découvert, très jeune cette passion pour la musique, entre les murs d’une école au Colorado, où elle a appris à jouer du piano. Elle a nourri le rêve de devenir pianiste et compositeur, mais au lycée, Kesang Marstrand a dû troquer le piano pour une guitare acoustique lorsque ses parents ont élu domicile à New York.

Où a-t-elle puisé son inspiration ? Dans la musique de David Bowie, Patsy Cline, Ani DiFranco, et d’autres artistes classiques, occidentaux et orientaux. La Tunisie vient aussi enrichir son répertoire. « Surtout maintenant, il y a cette liberté dans l’air! Et le paysage : je n’ai jamais habité au bord de la mer, ca m’inspire aussi ».

Tout comme la musique tunisienne, d'ailleurs. « J’ai entendu une chanson tunisienne Aman Aman (qui veut dire s’il te plaît en arabe), la mélodie était charmante pour moi » et dans la version anglaise de cet entretien, Kesang Marstrand nous rappelle que c’était une chanson triste, chantée probablement lors de la deuxième guerre mondiale..une affaire de coeur.

Une plage de Hammamet
Une plage de Hammamet

La jeune artiste séduite par l'ancienne province romaine a réussi très vite à séduire le cœur des Tunisiens lorsqu’elle a interprété l’hymne national du pays, en arabe. C’est ce qui a d’ailleurs attiré mon attention un soir de février où je regardais Al Jazeera en arabe, ensuite une TV tunisienne et le journaliste, ému, a bouclé son émission sur la voix de Kesang Marstrand.

Pourquoi, l’hymne national ?

« En fait le 14 janvier on était tous dans les rues, (les manifestants) ont chanté l’hymne national et on disait DEGAGE ! Mais je ne pouvais pas chanter avec eux, car je ne connaissais pas les mots. Et je voulais le reprendre pour offrir quelque chose au peuple tunisien ». Eh Oui! l’artiste a accepté de fredonner les premiers mots de ce texte qui a aussi soutenu les revendications du peuple pendant les semaines de contestation.

Kesang Marstrand travaille en ce moment sur un troisième album en collaboration avec le musicien compositeur allemand Karl Berger. Son premier est intitulé Bodega Rose (2008) qui reprend le single Say Say Say signé par Paul McCartney et feu Michael Jackson au début des années 80. Hello Night est son second album sorti en 2009.

« Contemplation, réflexion, intimité, acoustique, simplicité » c’est ce qui caractérise la musique de la jeune artiste, qui pense à organiser des concerts à Tunis, en Italie et en France.

Entre temps, la vie continue à Tunis pour cette jeune américano-tibéto-dano-tunisienne qui dit tout simplement son attachement à son deuxième (ou premier peut-être!) pays. «J'aime les gens, j'aime la vie quotidienne, j'aime aller au marché, j'aime les légumes qui sont délicieux et bio! J'aime la manière de vivre. C'est tranquille. C'est un bon endroit pour moi», m'a dit celle qui la veille me demandait de reporter cet entretien car «je prépare un couscous aux légumes!», a-t-elle balancé dans un parfait Tunisien!

Allez! un petit coucou aux fans Tunisiens avant de se quitter Kesang!

« Aux Tunisiens je veux dire merci beaucoup, ils sont très accueillants; je me sens chez moi ici en Tunisie ».

Et les Tunisiens vous le rendent si bien Kesang Marstrand juste à voir comment ils ont inondé votre siteweb: www.kesangmarstrand.com et votre Facebook.

Bisslama, aurevoir, Kesang Marstrang.

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