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Des groupes miniers demandent des réparations au gouvernement sud-africains


Entrée de la mine Lily de Vantage Goldfields, en Afrique du Sud, le 5 février 2016. (REUTERS/Siphiwe Sibeko)
Entrée de la mine Lily de Vantage Goldfields, en Afrique du Sud, le 5 février 2016. (REUTERS/Siphiwe Sibeko)

Face aux régulations fluctuantes et aux fermetures de sites qu'ils jugent arbitraires, les géants du secteur minier sud-africain ont affiché cette semaine leur ras-le-bol lors de la grande conférence mondiale "Mining Indaba", au Cap, révélant l'ampleur des tensions avec le gouvernement.

"Nous sommes un pays ouvert au business". L'appel rassurant du ministre sud-africain des Mines, Mosenbenzi Zwane, en ouverture du salon a semblé résonner dans le vide.

"Les perspectives d'investissement sont vraiment négatives", répond du tac-au-tac Neal Froneman, PDG du groupe Sibanye, interrogé par l'AFP.

Symbole des difficultés de dialogue entre le secteur et les autorités, sa compagnie poursuit le gouvernement sud-africain pour 26 millions de rands (1,8 million d'euros) de préjudice pour la fermeture d'une de ses mines de platine après un accident mortel en septembre.

Et Sibanye est loin d'être le seul investisseur minier à saisir les tribunaux pour réclamer réparation.

L'an dernier, un tribunal a donné raison à la compagnie AngloGold Ashanti, estimant que les pouvoirs publics avaient fait preuve d'excès de zèle en suspendant l'ensemble des activités d'une mine après une série de problèmes isolés dans une aile du site.

"Quand vous fermez une mine entière à cause d'un problème localisé, les dommages économiques sont significatifs", regrette Roger Baxter, le patron de la Chambre des Mines sud-africaine.

Et malgré son discours apaisant, le ministre Zwane reste ferme: le gouvernement ne transigera pas avec les exigences de sécurité, n'en déplaisent aux compagnies minières et à leurs "menaces" judiciaires.

"Les tribunaux ne devraient pas être utilisés comme un outil pour étouffer les débats ou menacer le gouvernement", a estimé le ministre.

"Nous sommes ici pour gouverner et c'est exactement ce que nous allons faire" a-t-il poursuivi.

Un total de 73 mineurs sont morts en Afrique du Sud, l'an dernier, quatre de moins qu'en 2015.

Régulations floues

Dans les coulisses de la conférence, son vice-ministre, Godfrey Oliphant se veut plus diplomate.

"Nous devons être justes et raisonnables. Si quelqu'un estime que l'activité a été arrêtée de manière déraisonnable, il a le droit de le signaler au ministère ou de faire un recours en justice", explique t-il à l'AFP.

Mais pour le PDG de Sibanye, tous les recours gracieux ont été épuisés avant d'aller devant les tribunaux.

"Vous pouvez faire des propositions pour expliquer comment les choses doivent fonctionner mais quand vous ne recevez pas de réponse, vous n'avez plus d'alternative que de faire remonter le problème et ses conséquences devant la justice", ajoute t-il.

Selon lui, l'activité de son entreprise a été plusieurs fois stoppée ces dernières années causant "des dommages qui n'étaient pas nécessaires".

"Nous ne tolérerons plus cela", lance-t-il.

Les compagnies minières déplorent également la lenteur du vote d'amendements qu'ils réclament pour mieux encadrer la législation minière, coincés dans les limbes du Parlement depuis quatre ans.

"L'industrie a absolument besoin de certitudes sur les règlements. Quatre ans d'attente c'est trop long, nous ne pouvons pas attendre plus", se plaint M. Baxter, de la Chambre des Mines.

Enfin, la promulgation prochaine d'une nouvelle charte minière, obligeant le secteur à davantage de diversité raciale en favorisant l'actionnariat noir, est également dans le viseur des industriels, qui regrettent de ne pas avoir été assez consultés.

Une plainte a même été déposée à Johannesburg pour faire invalider cette nouvelle charte.

"Les consultations ont été larges", se défend M. Oliphant.

"La majorité des parties prenantes du secteur que nous avons consultées est très contente avec la charte", assure son ministre de tutelle.

Selon lui, la nouvelle charte devrait être acceptée en mars et les clarifications législatives tant attendues en juin.

En attendant la fin de ces atermoiements, l'Afrique du Sud pourrait rater le train de la reprise qui s'amorce dans le secteur, à l'heure où les cours remontent.

"Nous devons sortir de cette obsession de la règlementation, pour créer un environnement plus favorable", plaide Peter Leon, analyste spécialiste des mines.

"C'est toujours le bâton, jamais la carotte", peste-t-il.

Le secteur minier contribue à 8% du PIB sud-africain et fournit plus de 400.000 emplois directs, une manne énorme dans un pays où 27% de la population active est au chômage.

Avec AFP

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