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Soudan du Sud : l'embargo sur les armes rejeté par le Conseil de sécurité


Le Conseil de sécurité de l'ONU
Le Conseil de sécurité de l'ONU

Un projet américain de résolution imposant un embargo sur les armes au Soudan du Sud et des sanctions contre certains dirigeants de ce pays a été rejeté vendredi lors d'un vote au Conseil de sécurité de l'ONU

Washington a sonné l'alarme: des atrocités de masse sont sur le point d'être commises dans le pays en proie à une guerre civile depuis 2013. Mais son projet de résolution n'a rassemblé que sept votes favorables, face à huit abstentions parmi les 15 membres du Conseil.

"Cela n'aurait pas dû être une résolution controversée", a regretté l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Samantha Power.

"L'Histoire jugera de manière très sévère leur décision", a poursuivi la représentante américaine.

Pour être adoptée, une résolution doit obtenir les voix d'au moins neuf membres du Conseil de sécurité et n'être bloquée par aucun veto.

L'initiative américaine a été soutenue par le Royaume-Uni et la France mais la Russie, la Chine, le Japon, la Malaisie, le Venezuela et trois pays africains - Angola, Egypte, Sénégal - se sont abstenus.

"La France soutient depuis longtemps la mise en place d'un embargo sur les armes au Soudan du Sud", a rappelé son ambassadeur auprès des Nations unies, François Delattre.

Il a toutefois lancé une critique à peine voilée en direction de Washington: "nous regrettons que cette mesure n'ait pas été proposée plus tôt, à des moments où elle aurait pu bénéficier d'un large soutien au sein du Conseil."

- 'contre-productif' -

Le rejet de cette proposition constitue un revers pour Washington qui avait fortement soutenu l'indépendance du Soudan du Sud en 2011.

Deux ans plus tard, la plus jeune nation du monde a plongé dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de trois millions de déplacés.

Le conflit avait été amorcé par des combats le 15 décembre 2013 entre des unités rivales de l'armée, minée par des antagonismes politico-ethniques alimentés par la rivalité à la tête du régime entre Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar.

Hormis l'embargo sur les armes, le projet de résolution prévoyait également des sanctions contre le chef des rebelles Riek Machar, le chef de l'armée Paul Malong et le ministre de l'Information Michael Makuei. Ceux-ci auraient vu leurs éventuels avoirs gelés et auraient été confrontés à une interdiction de voyager.

Le Japon, qui déploie quelque 350 militaires dans les rangs de la mission onusienne au Soudan du Sud, a estimé que la résolution aurait attiré l'hostilité sur le gouvernement de Salva Kiir et mis les Casques bleus en danger.

Ceux qui se sont opposés à l'idée d'imposer des sanctions ont par ailleurs souligné que le président Salva Kiir avait appelé plus tôt dans le mois à un dialogue national pour restaurer la paix, une initiative qui mérite d'être menée à terme, selon eux.

"Le Japon estime qu'il serait contre-productif d'introduire des sanctions supplémentaires au moment où le gouvernement de transition fait des avancées positives", a déclaré l'ambassadeur japonais Koro Bessho.

Six organisations non-gouvernementales ont à l'inverse dénoncé le rejet de cette proposition, estimant qu'il pourrait alimenter le conflit

"Le Conseil de sécurité avait l'occasion de montrer qu'il soutient les victimes civiles de ce conflit", a estimé Akshaya Kumar, de Human Rights Watch. "Au contraire, cet échec donne le feu vert aux belligérants au Soudan du Sud pour acheter plus d'armes et de matériel qui finira par être utilisé contre des civils."

Avec AFP

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