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Soudan du Sud : des milliers d'habitants fuient Juba, l'ONU demande l'aide de la région


Riek Machar et Salva Kiir , Juba, le 8 juillet 2016. (REUTERS/Stringer)
Riek Machar et Salva Kiir , Juba, le 8 juillet 2016. (REUTERS/Stringer)

Le Conseil de sécurité de l'ONU a sollicité dimanche l'aide des pays de la région, leur demandant des Casques bleus supplémentaires, pour mettre fin aux combats au Soudan du Sud qui font fuir des milliers d'habitants de la capitale Juba.

Dans une déclaration unanime, les 15 pays membres du Conseil exigent aussi du président sud-soudanais Salva Kiir et de son rival, le vice-président Riek Machar, de "faire le maximum pour contrôler leurs forces respectives et mettre fin d'urgence aux combats".

Réuni en urgence, le Conseil a demandé aux "pays de la région" et à l'Union africaine de "discuter fermement avec les dirigeants sud-soudanais pour traiter cette crise".

Les membres du Conseil "envisagent de renforcer" la Minuss, la mission de l'ONU au Soudan du Sud, et demandent aux pays de la région "de se préparer à fournir des troupes supplémentaires au cas où le Conseil le déciderait".

La déclaration ne précise pas quels pays seraient sollicités ni l'ampleur du renforcement envisagé.

Selon un responsable de l'ONU, un Casque bleu chinois a été tué dans les combats à Juba et 12 autres de diverses nationalités ont été blessés dont deux grièvement. Parmi les blessés se trouvent des soldats rwandais de la Minuss.

Des milliers de civils fuyaient dimanche les combats intenses opposant les forces régulières et les ex-rebelles, les deux camps s'accusant mutuellement d'être responsables de ces nouvelles violences.

Ces affrontements, qui ont fait au moins 270 morts depuis deux jours selon des médias locaux, mettent en péril le fragile accord de paix signé l'année dernière dans le plus jeune Etat du monde, qui fêtait samedi ses cinq ans d'indépendance.

Le Soudan du Sud est déchiré depuis décembre 2013 par un conflit féroce qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et près de trois millions de déplacés.

Le Kenya et le Soudan ont appelé à mettre fin aux combats. Les ministres des Affaires étrangères de l'organisation régionale des pays d'Afrique de l'Est (Igad) doivent se réunir en urgence lundi à Nairobi.

- 'Armes d'assaut lourdes' –

Dimanche, l'ONU a fait état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d'"armes d'assaut lourdes" à Juba. La présence d'hélicoptères de combat et de chars a également été signalée. Des milliers d'habitants de la capitale se terraient chez eux ou fuyaient leurs maisons, selon des témoins.

Dans la soirée, les Etats-Unis ont réclamé la fin immédiate des combats et annoncé le retrait de Juba de tout le personnel de leur ambassade jugé non-essentiel.

Washington demande "aux deux dirigeants et à leurs alliés politiques et militaires de retenir leurs soldats, de les ramener dans leurs casernes et d'empêcher de nouvelles violences et effusions de sang", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, John Kirby.

L'organisation humanitaire Human Rights Watch a sévèrement critiqué l'attitude du Conseil de sécurité de l'ONU dans la crise au Soudan du Sud.

"Pendant trop longtemps, le Conseil de sécurité s'est reposé sur la bonne volonté des dirigeants du Soudan du Sud" et "a brandi des menaces vides d'embargo sur les armes et de sanctions individuelles", a déclaré dimanche dans un communiqué Akshaya Kumar, directeur adjoint de HRW pour l'ONU.

"Les événements de cette fin de semaine confirment que cette stratégie perdante a échoué", relève-t-il.

Dans le cadre d'un fragile accord de paix et de partage du pouvoir signé en août 2015, M. Machar est revenu avec un fort contingent d'hommes armés en avril à Juba, où il a été réinstallé vice-président et a formé avec M. Kiir un gouvernement d'union nationale.

Dimanche, des combats intenses ont repris dans la partie ouest de Juba puis se sont étendus à d'autres zones de la capitale.

Des habitants se sont réfugiés dans un camp de l'ONU, à proximité duquel les combats ont éclaté, et qui abrite déjà 28.000 déplacés.

Hors de la capitale, dans plusieurs régions du pays, les violences se poursuivent depuis des mois malgré l'accord de paix, le conflit politique initial se compliquant d'hostilités entre ethnies et de luttes au niveau local.

Avec AFP

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