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Sao Tomé et Principe : s'ouvrir au tourisme sans perdre son âme


Le parlement de Sao Tomé-et-Principe
Le parlement de Sao Tomé-et-Principe

Des plages de rêve, une nature luxuriante, une capitale pittoresque, un pays en paix: le petit archipel africain de Sao Tomé et Principe s'ouvre tout doucement au tourisme, avec la volonté d'attirer des devises sans perdre son âme.

"C'est un paradis sur terre et il y a très peu de touristes", raconte Ana Secio, une Portugaise d'une trentaine d'année, en villégiature avec son fiancé dans l'un des douze bungalows de Praia Inhame, sur une plage sous les palmiers tout en bout de route à la pointe sud de l'île de Sao Tomé.

"Les gens sont très accueillants malgré la pauvreté. C'est un pays très sûr", ajoute la jeune femme, salariée de la TAP, la compagnie aérienne portugaise, qui contemple le coucher de soleil les pieds dans l'eau face à l'île de Rolas où passe la ligne de l'Equateur.

Coût de la nuitée dans ce jardin d'Eden: 70 euros petit déjeuner compris - plus que le salaire minimum mensuel local.

Des plages sous les cocotiers, au pied de collines et montagnes luxuriantes, écrin reconnu de biodiversité entre les plantations de cacao, de café et d'huile de palme: à 45 minutes d'avion du Gabon, l'ancienne colonie portugaise dispose de nombreux atouts pour séduire les expatriés et la classe moyenne émergente des pays africains, voire des Européens qui auraient déjà vu le Cap Vert, autre destination lusophone d'Afrique de l'Ouest.

Autre élément en faveur d'un tourisme qui se veut évidemment durable, écologique et culturel: la mémoire d'un peuple conservée dans les "roças", les anciennes plantations, et une petite capitale, Sao Tomé, aux faux airs de La Havane, avec ses vieilles bâtisses coloniales et l'avenue Marginal qui longe la baie et où les motos-taxis circulent à 30 à l'heure pour des courses à 200 dobras (80 centimes d'euros).

L'hospitalité des habitants est une évidence dans une démocratie pacifiée qui fait figure d'exception par rapport à d'autres pays d'Afrique centrale, malgré les accusations de fraude lors du premier tour du scrutin présidentiel le 17 juillet.

La vie n'est pourtant pas de tout repos pour les pionniers locaux de l'industrie touristique dans ce pays d'à peine 200.000 habitants.

"Leve, leve"

"On a du mal à trouver des gens bien formés, cuisinier, réceptionniste, serveur. Pour investir, j'emprunte de l'argent à la banque locale à des taux très élevés, à 24%. Je négocie pour avoir un taux de 14%", souligne le propriétaire du Praïa Inhame de Porto Alegre, Manuel Nazaré, un ingénieur agronome qui s'est lancé dans l'aventure il y a trois ans et demi.

Autre handicap: le minuscule aéroport international de Sao Tomé - une piste en bord de mer, un aérogare grand comme une gare de province - n'est desservi que par quelques compagnies africaines et une seule européenne, la TAP. Le vol direct aller/retour au départ de Lisbonne coûte au minimum 850 euros par personne.

De fait le tourisme se développe "leve, leve" (doucement, doucement), selon l'expression préférée des Santoméens adeptes d'un mode de vie tranquille et sans stress: avec un peu plus de 18.000 visiteurs en 2014 contre 8.000 en 2010, le tourisme représente 14% du PIB, d'après les chiffres de la Direction du tourisme. Des ressources bienvenues dans un pays pauvre qui dépend à 90% de l'aide internationale.

Du Premier ministre Patrice Trovoada, qui rêve de développer du logement chez l'habitant type Airbnb plutôt que des grands hôtel, aux principaux acteurs de cette activité émergente, le consensus est total: il ne faut pas ouvrir en grand les portes aux visiteurs, pour respecter la tranquillité d'un pays dont l'immeuble le plus haut ne dépasse pas six étages, dixit M. Trovoada.

"Sao Tomé et Principe c'est un lieu très spécial", affirme Joao Carlos Silva, propriétaire hyperactif de la "roça" de Sao Joao de Angolares, héritage familial qu'il a transformé en restaurant, chambre d'hôtes, résidence artistique, école d'hôtellerie, "centre de tourisme écologique", "nouvelle plantation de cacao et de café"...

"Il faut faire un tourisme intelligent, créatif, soutenable, pour des gens qui aiment visiter la population, la culture, l'histoire. Non au tourisme de masse! C'est le principe fondamental", ajoute le chef-cuisinier au bandana rouge qui anime des émissions culinaires sur la télévision portugaise, avec des plats à base de produits locaux: mangue, papaye, ananas, cacao...

Outre ces acteurs locaux, quelques étrangers - le groupe portugais Pestana, le millionnaire sud-africain Mark Shuttleworth - investissent à Sao Tomé et Principe, l'un des derniers bastions du tourisme hors des sentiers battus.

Avec AFP

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