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Réunion sur la Syrie : Téhéran invité pour la première fois à la table des discussions


Les ministres des Affaires étrangères de la Turquie, des Etats-Unis, de l'Arabie Saoudite et de la Russie. De gauche à droite : Feridun Sinirlioglu, John Kerry, Adel al-Jubeir et Sergei Lavrov, à Vienne le 23 octobre 2015.
Les ministres des Affaires étrangères de la Turquie, des Etats-Unis, de l'Arabie Saoudite et de la Russie. De gauche à droite : Feridun Sinirlioglu, John Kerry, Adel al-Jubeir et Sergei Lavrov, à Vienne le 23 octobre 2015.

Des pourparlers pour tenter de trouver une solution politique au conflit en Syrie ont repris à Vienne. Sont présents les chefs des diplomaties américaine, russe, turque et saoudienne, qui ouvriront vendredi leurs discussions avec l'Iran, une première pour le principal allié de Damas au Proche-Orient.

Après une première rencontre vendredi dernier dans un palace viennois, les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, de la Russie, de la Turquie et d'Arabie Saoudite se sont réunis ce jeudi soir à Vienne pour travailler à une solution politique à la crise en Syrie.

Cette réunion, qui a été précédée d'une entrevue entre le chef de la diplomatie américaine John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, sera suivie vendredi dans la capitale autrichienne d'une réunion élargie à d'autre diplomaties régionales et européennes afin d'évoquer les perspectives d'un règlement en Syrie, où la guerre civile a fait plus de 250.000 morts depuis 2011.

C'est la première fois que l'Iran sera représenté à une réunion internationale sur la Syrie. En 2012, ce pays n'avait pas participé à la conférence dite de Genève-1, et son invitation à participer à Genève-2 en 2014 avait été retirée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en raison de l'opposition des États-Unis et de l'Arabie saoudite, a rappelé la porte-parole de la diplomatie iranienne.

"Cette conférence est bienvenue. Il est bon que nous nous rencontrions", a déclaré jeudi, au parlement européen à Strasbourg, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.

"Il peut y avoir un accord sur une méthode mais un accord sur le fond, malheureusement, c'est encore prématuré. Il y aura certainement plusieurs sessions", a-t-il ajouté.

L'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite - les deux grandes puissances rivales de la région - s'opposent ouvertement sur la Syrie. Téhéran apporte un soutien financier et militaire direct au régime de Damas alors que l'Arabie saoudite soutient les groupes rebelles et participe aux frappes aériennes de la coalition internationale emmenée par les États-Unis contre le groupe jihadiste État islamique (EI).

La Russie insiste depuis le début du conflit en Syrie sur la participation de l'Iran à un règlement politique. Mais les États-Unis s'y opposaient fermement, avant d'amorcer une inflexion surprise de leur position.

Arrivé à Vienne jeudi dans la matinée, John Kerry a prévu plusieurs entretiens avant la réunion quadrilatérale, notamment avec l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.

Le défi créé "n'est rien moins qu'une course pour sortir de l'Enfer", avait lancé M. Kerry avant son départ. Ces pourparlers représentent "l'occasion la plus prometteuse de (trouver) une ouverture politique", avait-il jugé.

Son porte-parole John Kirby avait ajouté : "Nous pouvons nous attendre à ce que des choses comme le rôle (du président syrien) Bachar el-Assad dans la transition soit discuté (...) Il y a débat sur la durée de cette transition : nous allons pouvoir demander à chacun combien de temps il estime que pourra durer une transition réussie".

- 'Test' pour l'Iran -

Aux chefs des diplomaties américaine, russe, saoudienne et turque se joindront également vendredi leurs homologues libanais et égyptien. Les ministres français Laurent Fabius, britannique Philip Hammond, et allemand Frank-Walter Steinmeier, ainsi que Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne, seront aussi présents.

Pour l'Arabie saoudite, ces pourparlers seront l'occasion de tester "le sérieux" de l'Iran et de la Russie en vue d'un règlement négocié.

"Le fait que les Saoudiens aient accepté la présence des Iraniens à Vienne est déjà significatif. C'est pour cela qu'on peut s'attendre à ce que ce ne soit pas une réunion pour rien", confie à l'AFP Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut français des relations internationales (IFRI), qui n'attend pas d'"accord définitif", mais "le début d'une nouvelle phase".

Le sort du président syrien continue de diviser Washington et Moscou.

Mais "la crise des réfugiés en Europe a convaincu tout le monde qu'on avait besoin d'une phase de transition, que l'autoritarisme de Bachar el-Assad était un moindre mal. Ce n'aurait pas été possible il y a deux ans", estime M. Bitar.

Washington et ses partenaires soupçonnent la Russie, engagée depuis le 30 septembre dans une campagne de bombardements aériens intensifs en Syrie, de vouloir par ces raids sauver le chef de l'Etat syrien. Moscou affirme de son côté intervenir contre le "terrorisme".

Sur le terrain, l'armée russe avait annoncé mercredi avoir bombardé 118 cibles "terroristes" ces dernières 24 heures, soit une intensité de frappes jamais atteinte depuis le début de son intervention militaire.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les frappes russes ont déjà fait près de 600 morts, en majorité des membres de groupes armés.

Les raids ont visé dix des 14 provinces de Syrie, les seules épargnées étant celles de Tartous (ouest) et de Soueida (sud) contrôlées par le régime, d'Hassaké (nord-est) tenue par les forces kurdes et l'armée et de Qouneitra, sur le plateau du Golan (sud) à la lisière de la ligne de cessez-le-feu avec Israël.

Avec AFP

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