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Retour triomphal en Ukraine de la pilote Savtchenko échangée contre deux Russes


Nadiya Savchenko
Nadiya Savchenko

La pilote militaire ukrainienne Nadia Savtchenko, détenue depuis presque deux ans en Russie et dont le destin était au coeur de négociations délicates, a été échangée contre deux Russes et est rentrée à Kiev, où elle a été accueillie en héroïne.

La femme aux cheveux courts de 35 ans, élue députée alors qu'elle était en prison, était devenue pour les Ukrainiens un symbole du conflit dans l'est du pays avec les séparatistes prorusses soutenus, selon Kiev et les Occidentaux, par l'armée russe.

Si le conflit perdure dans l'Est - sept soldats ukrainiens y ont perdu la vie en début de semaine - cet échange met un terme à un dossier qui a occupé pendant des mois le Kremlin et les autorités de Kiev et dont le président ukrainien Petro Porochenko avait fait une priorité.

L'avion dépêché en Russie par la présidence ukrainienne pour récupérer la pilote a atterri en milieu de journée à l'aéroport Borispil de Kiev. Sa mère, sa soeur, et l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, tête de liste du parti auquel appartient également Nadia Savtchenko, étaient présentes pour l'accueillir.

"Je suis prête à me sacrifier de nouveau sur le champ de bataille pour l'Ukraine", a aussitôt lancé la jeune femme. Elle s'est ensuite rendue à l'administration présidentielle, où Petro Porochenko lui a remis la médaille de "Héros de l'Ukraine".

"De la même façon que nous sommes parvenus à récupérer Nadia, nous allons récupérer le Donbass (région de l'est du pays ndlr) et la Crimée", a lancé le chef de l'Etat.

Sa libération est "notre victoire commune", s'est-il félicité, soulignant que l'Ukraine allait faire tout son possible pour libérer les autres Ukrainiens détenus en Russie.

Considérée comme une "Jeanne d'Arc", une icône nationale dressée face à la Russie, Nadia Savtchenko jouit d'une énorme popularité en Ukraine, en proie depuis 2014 à un conflit qui a fait près de 9.300 morts.

La jeune femme purgeait en Russie une peine de 22 ans de prison pour avoir, selon des accusations qu'elle rejette, fourni à l'armée ukrainienne la position de deux journalistes de la télévision publique russe tués par un tir de mortier dans l'Est du pays en juin 2014. Elle a toujours affirmé avoir été capturée avant le drame par des rebelles prorusses en Ukraine, puis livrée en juillet à Moscou.

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé l'avoir graciée à la demande des proches des deux journalistes tués.

La présidence française a de son côté annoncé dans un communiqué que le principe de sa libération s'était réglé lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine, Petro Porochenko, le président François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel.

- Satisfaction de l'Occident-

La nouvelle a immédiatement été saluée par les Occidentaux.

"Je salue la nouvelle du retour de Nadia Savtchenko en Ukraine et la décision humaine du gouvernement ukrainien de libérer deux membres des services russes, capturés sur le sol ukrainien", a déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry, dans un communiqué.

Isabel Santos, la présidente de la commission des droits de l'homme de l'assemblée parlementaire de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a de son côté fait part de son "soulagement".

Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, s'était auparavant dit "heureux et soulagé" et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avait loué "une bonne nouvelle attendue de longue date".

Nadia Savtchenko a été échangée contre Evgueni Erofeïev et Alexandre Alexandrov, deux Russes détenus en Ukraine et présentés par Kiev comme appartenant au GRU, le renseignement militaire russe.

Les deux hommes, amnistiés et libérés mercredi, sont arrivés sur un aéroport de Moscou où les attendaient leurs compagnes, selon des images de la télévision russe. Ils avaient été reconnus coupables d'avoir combattu aux côtés des rebelles prorusses contre l'armée ukrainienne, et condamnés à 14 ans de prison.

L'idée d'un échange de prisonniers, dans la tradition de l'époque de la Guerre froide, était évoquée depuis des mois, y compris au plus haut niveau entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko.

Avec AFP

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