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Référendum : les Centrafricains se rendent aux urnes, tirs et blessés à Bangui


Dans le quartier Combattant de Bangui, le vote a commencé avec 15 minutes de retard, mais on note très peu de participation alors que c' est l'un des grands centres de vote de la ville. 13 décembre 2015. (VOA Afrique/Tatiana Mossot)
Dans le quartier Combattant de Bangui, le vote a commencé avec 15 minutes de retard, mais on note très peu de participation alors que c' est l'un des grands centres de vote de la ville. 13 décembre 2015. (VOA Afrique/Tatiana Mossot)

Le vote pour le référendum constitutionnel a démarré dimanche matin en Centrafrique. Des affrontements ont été signalés à Bangui, dans le quartier musulman PK5 et dans le fief anti-balaka de Gobongo, mais aussi en province.

Les Centrafricains ont commencé à se prononcer, dimanche 13 décembre, sur un référendum constitutionnel malgré divers incidents en province et à Bangui. Des affrontements ont fait plusieurs blessés dans la capitale, sans remettre en cause le déroulement du scrutin.

Des tirs - dont l'envoyée spéciale de VOA Afrique, Tatiana Mossot, a été témoin - ont notamment éclaté entre partisans et opposants au référendum dans le quartier PK5, l'enclave musulmane de Bangui, où le principal bureau de vote est resté fermé pour des raisons de sécurité.

Les tirs se poursuivaient dans ce quartier vers 9 h 30 (8 h 30 GMT) non loin de la mosquée centrale, a constaté une journaliste de l'AFP. "Nous avons reçu cinq blessés, dont deux atteints gravement", a indiqué un employé de la Croix-Rouge.

Tirs et grenades à Gabongo

Des tirs et des explosions de grenades ont également été entendus dans Gobongo, un des fiefs des milices chrétiennes anti-balaka dans la capitale, a indiqué une source sécuritaire selon laquelle trois personnes ont été blessées.

La participation au référendum, qui doit être suivi par une présidentielle et des législatives prévues le 27 décembre, divise les musulmans au sein de l'ex-rébellion Séléka, certaines factions comme celle de l'ex-numéro 2 Noureddine Adam rejetant cette participation.

Mais d'autres veulent voter : ainsi plusieurs dizaines d'entre eux ont manifesté dans la matinée devant le siège de la mission des Nations unies (Minusca) à Bangui avec des pancartes "Nous voulons voter", alors que les écoles prévues à cet effet au PK5 sont fermées en raison des tirs ou n'ont pas reçu de matériel électoral.

Les manifestants brandissaient des exemplaires de la Constitution et écrivaient de grands "OUI" à la craie sur la chaussée de l'avenue Boganda, proche du PK5. Regardez ces images prises par notre envoyée spéciale sur place, Tatiana Mossot.

De même, la participation à ce processus électoral imposé par la communauté internationale divise les milices anti-balaka, des opposants se retrouvant parmi les partisans de l'ex-président François Bozizé dont la candidature à la présidentielle a été rejetée par la Cour constitutionnelle.

Incidents en province

En province, plusieurs incidents ont été signalés, surtout dans le nord et l'est, selon une source anonyme au sein de la Minusca.

A Ndele, Birao et Kaga Bandoro, fiefs de la faction Séléka de Nourredine Adam, les habitants intimidés par des tirs et des menaces ne se rendent pratiquement pas dans les bureaux de vote.

De même à Bossangoa, fief anti-balaka dans l'ouest, des tirs ont dissuadé les gens de voter.

Ces échéances électorales repoussées plusieurs fois dans ce pays dévasté par trois années de violences intercommunautaires, sont censées clore une transition politique à bout de souffle et permettre un retour à l'ordre constitutionnel, sous forte pression de la communauté internationale qui maintient le pays sous perfusion financière.

La Centrafrique, un des pays les plus pauvres au monde, est plongée dans le chaos depuis le renversement du président François Bozizé en mars 2013 par l'ex-rébellion Séléka, elle-même finalement chassée du pouvoir par une intervention internationale début 2014.

6e République

Près de deux millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour approuver une nouvelle Constitution devant instaurer une 6e République depuis l'indépendance en 1960 de l'ex-colonie française.

Si le texte est adopté, la Centrafrique connaîtra son 13e régime politique depuis l'indépendance. La Centrafrique a déjà connu cinq Républiques, un Empire (celui de Jean-Bedel Bokassa) et six transitions.

Les principales innovations du texte concernent notamment le nombre maximum de mandats présidentiels (deux), la lutte contre la corruption qui gangrène l'administration depuis des décennies, l'éviction des groupes armés du processus politique et la création d'une Haute cour de justice.

"Le simple fait que ce scrutin puisse se tenir est très positif, pour une fois le calendrier a été respecté", a estimé samedi Mathieu Bile, chef de la division électorale de la Minusca.

Défi logistique

Organiser un tel scrutin en Centrafrique était un véritable défi : l'autorité de l'Etat a disparu de régions entières, et de nombreux bureaux de vote - 5 600 en tout - se trouvent dans des régions isolées, uniquement accessibles par des pistes défoncées.

Des milliers d'électeurs n'ayant pas encore récupéré leur carte électorale ont été autorisés à voter sur simple présentation de leur récépissé d'enregistrement sur les listes électorales, a annoncé l'Autorité nationale des élections (ANE).

Hormis le parti de François Bozizé, dont la candidature à la présidentielle a été invalidée cette semaine, et certains responsables anti-balaka et Séléka, la plupart des partis politiques centrafricains ont appelé à se prononcer en faveur du texte.

Selon plusieurs observateurs de la crise centrafricaine, ce scrutin est surtout une "répétition générale" pour les élections fixées au 27 décembre, sur lesquelles pèsent des craintes plus sérieuses de troubles sécuritaires.

Avec AFP

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