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RDC : l'ONU veut enquêter après des allégations sur la mort de deux Casques bleus


Un Casque bleu à Goma, le 23 mai 2013. (AP Photo/Alain Wandimoyi)
Un Casque bleu à Goma, le 23 mai 2013. (AP Photo/Alain Wandimoyi)

Selon ces allégations, des soldats congolais auraient tué deux Casques bleus tanzaniens qu'ils soupçonnaient de fournir du matériel à des rebelles ougandais dans l'est de la RDC.

La Mission de l'ONU en République démocratique du Congo est prête à enquêter sur des allégations d'experts onusiens selon lesquelles des soldats congolais auraient tué deux Casques bleus tanzaniens qu'ils soupçonnaient de fournir du matériel à des rebelles ougandais dans l'est de ce pays, a déclaré samedi son chef, Maman Sidikou.

"Nous enquêterons (...) mais à condition que nous disposions (de preuves) pour le faire", a déclaré M. Sidikou, lors d'une rencontre avec la presse à Kinshasa.

Dans une note confidentielle au Conseil de sécurité des Nations unies dont l'AFP a obtenu une copie, le groupe d'experts de l'ONU sur la RDC affirme que les deux Casques bleus tanzaniens tués le 5 mai 2015 lors d'une attaque contre leur convoi à May-Moya, dans le nord de la province du Nord-Kivu, l'ont été par des soldats de la 31e brigade des Forces armées de la RDC (FARDC) et non par les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), comme l'a conclu l'enquête de la Monusco.

M. Sidikou a invité à rester "prudent" vis-à-vis de ces allégations et à "honorer la mémoire" des Casques bleus tués dans cette attaque qui avait blessé 26 de leurs camarades.

Dans sa note au Conseil de sécurité, le groupe des experts indique être arrivé à la conclusion que les éléments du contingent tanzanien attaqués ce jour-là l'ont été par des soldats congolais alors qu'ils rencontraient des membres des ADF. Selon les experts, "les soldats de la paix ont été attaqués par les FARDC après que deux civils eurent dit aux soldats congolais que les Tanzaniens fournissaient du matériel aux ADF".

Notant ne pas être en mesure d'expliquer pourquoi des soldats tanzaniens rencontraient des ADF, le groupe d'experts indique être persuadé que les soldats Tanzaniens impliqués dans cet accrochage mortel ont fourni des "témoignages mensongers" aux enquêteurs de la Monusco et aux experts eux-mêmes.

Selon un expert militaire international basé à Kinshasa, le fait que des Casques bleus rencontrent des ADF "n'est pas nécessairement suspect". "C'est habituel que les soldats de la Monusco essayent d'avoir des contacts avec les différents groupes armés (qui écument encore l'est de la RDC) afin d'aplanir les difficultés sur le terrain".

Interrogé par l'AFP, le colonel Félix-Prosper Basse, porte-parole de la Monusco insiste, lui, sur le fait que "ce n'est pas parce que les experts disent quelque chose que c'est vrai". La note des experts obtenue par l'AFP ne comporte aucun élément de preuve, mais simplement les conclusions du groupe sur la base de témoignages recueillis auprès de témoins dont l'identité n'est pas révélée.

La Tanzanie est l'un des principaux pourvoyeurs de soldats à la Monusco, qui compte environ 18.000 hommes en uniforme. Quelque 1.300 soldats tanzaniens à la brigade d'intervention de la Monusco, corps spécial de 3.000 hommes autorisé à recourir à la force de manière offensive pour neutraliser la cinquantaine de groupes armés locaux et étrangers actifs dans l'est de la RDC.

La fuite sur le drame de May-Moya survient alors que la Monusco et les autorités congolaises viennent de signer un accord censé relancer leur coopération militaire pratiquement au point mort après un an de brouille.

Selon une source proche du dossier, l'accord doit permettre notamment la reprise d'échange de renseignements, cruciale pour permettre une lutte efficace contre les groupe armés.

AFP

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