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RDC : des militants congolais arrêtés à Goma, deux Belges malmenés


La police arrête un homme lors des manifestations contre la modification de la constitution à Kinshasa, le 19 janvier 2015.
La police arrête un homme lors des manifestations contre la modification de la constitution à Kinshasa, le 19 janvier 2015.

L'arrestation de militants africains pro-démocratie continuait de faire des vagues mardi en RDC, où une dizaine d'activistes congolais ont été arrêtés et deux citoyens belges malmenés à Goma, dans l'est.

Ces arrestations surviennent dans un climat politique tendu en République démocratique du Congo, marqué par le débat sur un éventuel troisième débat du président congolais Joseph Kabila.

A Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, "il y a neuf militants de Lutte pour le changement (Lucha, une ONG congolaise) et deux journalistes congolais qui ont été arrêtés à l'ANR (Agence nationale de renseignement) de manière très brutale" alors qu'ils faisaient un sit-in, a déclaré à l'AFP un militant de Lucha qui a requis l'anonymat.

Les jeunes voulaient "demander la libération immédiate et sans condition de Fred Bauma", un militant de Lucha, "et des autres militants pro-démocratie" arrêtés dimanche à Kinshasa, et que le "gouvernement garantisse la liberté des droits et libertés fondamentaux des citoyens congolais", a-t-il expliqué.

Julien Paluku, le gouverneur de la province du Nord-Kivu, a confirmé à l'AFP l'"interpellation d'une dizaine" de militants.

Un journaliste et une chercheuse belges ont également été pris à partie par les forces de l'ordre, a rapporté à l'AFP ce journaliste, Alexis Bouvy. Il a dû emmener à l'hôpital sa compatriote, blessée à l'épaule après avoir été projetée au sol "par des gens de l'ANR".

M. Bouvy a dit avoir été contraint d'effacer les photos prises dans la matinée. "Ça a été assez brutal et violent", a-t-il raconté.

Interrogée par l'AFP, l'ambassade belge à Kinshasa a assuré suivre de près "toute cette affaire".

Dimanche dans la capitale, les forces de l'ordre avaient arrêté une trentaine de personnes à l'occasion d'une rencontre, organisée par des militants de Lucha et des mouvements citoyens sénégalais "Y'en a marre" et burkinabè "Balai citoyen", destinée à sensibiliser la jeunesse sur les questions de gouvernance et de démocratie, selon des témoins.

Une partie des détenus conduits au siège de l'ANR a été libérée dès dimanche. Mardi, la chaîne privée congolaise Antenne A n'avait toutefois pas de nouvelles de son journaliste interpellé. Quant aux militants étrangers, ils pourraient être jugés ou expulsés, selon Kinshasa.

Le gouvernement accuse les militants de s'être livrés à la "préparation d'actes de violence", et a affirmé que les Sénégalais et les Burkinabè étaient venus pour "préparer des actes d'hostilité entre des groupes de Congolais".

- Le représentant de l'ONU 'inquiet' -

Mardi, les protestations se sont multipliées après ces arrestations, alors qu'un collectif de près de 100 associations congolaises a réclamé la libération des militants détenus.

"Je suis inquiet d'apprendre l'arrestation de manifestants à Goma ce matin ainsi qu'à Kinshasa dimanche dernier lors d'un rassemblement public", a dit sur son compte Twitter Martin Kobler, chef de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco).

Le président sénégalais Macky Sall a affirmé s'impliquer personnellement pour obtenir la libération des militants de "Y'en a marre", précisant qu'il allait intervenir auprès de son homologue congolais Joseph Kabila.

"Au seuil d'un cycle électoral essentiel pour la stabilité de la République démocratique du Congo et l'enracinement de la démocratie dans ce pays, nous réitérons notre attachement au respect des libertés publiques, notamment la liberté de réunion", a de son côté réagi la France.

Le climat s'est fortement crispé en RDC depuis des manifestations violentes du 19 au 22 janvier qui ont fait, essentiellement dans la capitale, entre 27 et 42 morts, selon les sources.

Les contestataires dénonçaient un projet de révision de la loi électorale qui aurait permis de prolonger le mandat du président Kabila après la fin 2016, date de la fin de son quinquennat, alors que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat.

Parmi les militants toujours détenus depuis dimanche figurent des Congolais, dont Fred Bauma de Lucha, le Burkinabè Sidro Ouedraogo du "Balai citoyen", ainsi que les Sénégalais Fadel Barro, meneur charismatique de "Y'en a marre", Aliou Sané et le rappeur Fou malade.

"Y'en a marre" a été un acteur majeur du combat contre un troisième mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade (2000-2012), et le "Balai citoyen" a été en pointe dans la "révolution" qui a chassé le président burkinabè Blaise Compaoré en octobre 2014.

VOA/AFP

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