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Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahda en Tunisie


Rachid Ghannouchi (au centre) à son arrivée à l'aéroport international de Tunis, le 30 janvier 2011
Rachid Ghannouchi (au centre) à son arrivée à l'aéroport international de Tunis, le 30 janvier 2011

« Je ne compte pas me présenter aux prochaines législatives et présidentielles. Ennahda ne veut pas instaurer une République islamique en Tunisie », a dit Rached Ghannouchi dans une interview exclusive à la VOA.

Après 22 ans d’exil à Londres, Rached El Ghannouchi, le chef de file du mouvement islamiste Ennhada, a regagné la Tunisie dimanche. Il a été accueilli par des milliers de Tunisiens arborant des pancartes où l’on pouvait lire notamment « Non à l’extrémisme, Oui à l’Islam modéré ».

Rached El Ghannouchi n’a pas caché sa joie : « Cela a un goût délicieux d’être enfin chez soi après 22 d’exil, de rentrer vainqueur après 22 ans de marginalisation, après que le dictateur Ben Ali nous a accusé de terrorisme et nous a mis sur la liste d’Interpol. Aujourd’hui, c’est le tour de Ben Ali, c’est lui qui est recherché par Interpol. »

Va-t-il promouvoir l’Islam modéré qui a prévalu jusqu’ici en Tunisie et qui a été prôné par l’ancien régime ? « L’ancien régime a combattu l’islam modéré. C’est ce qui a favorisé l’émergence de groupes extrémistes. Nous voulons un Islam réconciliateur qui respecte la liberté du culte, un Islam rassembleur. Et c’est notre compréhension de l’Islam », a souligné Rached Ghannouchi.

Sur le nouveau gouvernement d’union nationale qui a été récemment remanié sous la pression populaire, Rached Ghannouchi s’est montré méfiant : « c’est un gouvernement qui n’est pas encore stable, on voit des changements tous les jours. Il y a eu une répression ces derniers jours à la Kasbah, la police a tiré sur la foule, elle a eu recours aux chiens. Le chef du gouvernement et son ministre de l’intérieur disaient qu’ils n’étaient pas au courant. On se demande qui dirige le pays aujourd’hui ? » a lancé Mr. Ghannouchi.

Il a souligné que le parti Ennahda ne veut pas faire partie de ce gouvernement, qu’il exige plutôt la transparence. « Le succès de la transition en Tunisie dépendra d’ailleurs de la transparence. Cest-à-dire que tout soit mis sur la table, qu'il y ait un dialogue entre l’opposition, la société civile et tous les Tunisiens sans exclusion, ni tricherie »

Le leader d’Ennhada a confirmé qu’il ne se présentera pas aux élections législatives et présidentielles prévues dans les six mois en Tunisie.

N’est-ce pas une façon de gagner du temps pour mieux rebondir après et, imposer l’idéologie islamiste du mouvement Ennahda ? « Nous n’avons peur de personne et nous ne voulons pas tromper les gens. Nous tenons nos promesses », a-t-il rétorqué

Depuis la chute du régime Ben Ali, certains Tunisiens disent craindre que la nouvelle Tunisie ne se transforme en terreau pour l'islamisme politique.

La réponse de Rached Ghannouchi : « Les milliers de personnes qui sont sorties ce dimanche est une preuve de l’échec de la politique de la terreur de Ben Ali, qui a nuit à notre image auprès des Tunisiens en nous accusant de terrorisme. Ce dimanche, ceux qui sont venus nous accueillir étaient des jeunes, des femmes voilées et d’autres pas, et cela montre l’échec de cette politique. Nous voulons que les gens apprennent à connaitre notre idéologie, qui est loin de la dictature. C’est aux Tunisiens de juger », a expliqué Rached Ghannouchi

Il a ajouté qu’Ennahda ne cherche pas à instaurer une République islamique. « Ennhada veut une République démocratique, qui n’impose rien aux Tunisiens de toutes les mouvances ».

Le chef de file du mouvement islamiste Ennhada en Tunisie
Le chef de file du mouvement islamiste Ennhada en Tunisie

Mr. Ghannouchi, a aussi souligné que le groupe et son idéologie ont mûri depuis plus de 20 ans. Au milieu des années 80, Ennahda avait été réprimé et interdit par l'ancien président Habib Bourguiba, et ensuite par le général-président déchu Zine Al Abidine Ben Ali. « Ennhadha croit qu’Islam et démocratie ne s’excluent pas », assure Rached Ghannouchi.

Autre crainte de certains Tunisiens: une éventuelle révision du code du statut personnel promulgué en 1956, année de l’indépendance du pays, sous Habib Bourguiba, et renforcé par Ben Ali en 1993. Il s’agit du code le plus progressiste dans les pays arabes. Il interdit notamment la polygamie, interdit le devoir d’obéissance de l’épouse envers son mari et prévoit le versement d’une pension à la femme en cas de divorce.

Rached Ghannouchi va-t-il demander une révision de ce code? « Nous avons signé des documents avec l’opposition, on ne touchera pas à ce code car nous ne voyons pas que cela pose problème. Et non nous n’allons pas authoriser la polygamie », a-t-il dit.

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