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Qui est le leader désigné du groupe Etat islamique en Somalie?


Des Somaliens s’assemblent près du lieu d’une attaque à la voiture piégée devant un restaurant en bord de mer à Mogadiscio, en Somalie, 26 août 2016.
Des Somaliens s’assemblent près du lieu d’une attaque à la voiture piégée devant un restaurant en bord de mer à Mogadiscio, en Somalie, 26 août 2016.

Reconnaissable à ses lunettes et sa barbe orange vif, teintée au henné, Abdulqadir Mumin, Somalien de naissance, a été présenté cette semaine par les Etats-Unis comme le chef de l'organisation Etat islamique (EI) en Afrique de l'Est.

Le parcours d'Abdulqadir (ou Abdiqadir) Mumin, un homme d'âge mûr, est celui d'un prêcheur radical passé par la Suède, la Grande-Bretagne puis la Somalie où, après plusieurs années dans les rangs des islamistes radicaux shebab affiliés à Al-Qaïda, il a fait allégeance à l'EI.

Un pari risqué et incertain selon les observateurs, d'autant que le leader des shebab, Ahmed Diriye, avait réaffirmé son allégeance à Al-Qaïda lorsqu'il avait pris la tête du mouvement en 2014.

Mumin est né dans la région semi-autonome du Puntland (nord-est), à une date indéterminée, et a vécu en Suède avant de s'installer en Angleterre où il acquiert la nationalité britannique.

A Londres et Leicester, il se forge au début des années 2000 une réputation de prêcheur enflammé et vindicatif, tant dans les mosquées radicales que sur des vidéos postées en ligne.

Surveillé par les renseignements britanniques, Mumin aurait alors côtoyé Mohamed Emwazi, un des bourreaux de l'EI plus connu sous le surnom de "Jihadi John", ainsi que Michael Adebolajo, un des deux meurtriers du soldat Lee Rigby, dans les rues de Londres en mai 2013.

Un idéologue

Mumin se rend ensuite en Somalie pour rejoindre en 2010 les rangs des shebab, affiliés à Al-Qaïda, un voyage que Emwazy et Adebolajo tenteront également sans succès.

On prête à Mumin d'avoir brûlé son passeport britannique à son arrivée en Somalie où il devient rapidement un propagandiste en vue des shebab. "Un idéologue mais pas un commandant", souligne Matt Bryden, directeur du centre de réflexion Sahan Research basé à Nairobi.

Mumin est ensuite envoyé en 2012 dans une zone montagneuse du Somaliland, à proximité du Puntland, pour renforcer la ferveur des combattants du commandant shebab local, Mohamed Saïd Atom.

Mais Atom, affaibli militairement, se rend aux autorités somaliennes en 2014 et Mumin prend progressivement sa place à la tête de la faction du Puntland, qui, séparée géographiquement du reste des shebab, a toujours constitué une entité à part, quasiment orpheline du reste du mouvement.

Isolé dans les montagnes Golis, Mumin se réinvente en commandant, quand bien même il n'a aucune expérience du champ de bataille, et annonce sa défection au profit de l'EI en octobre 2015, ce qui provoque une scission violente du groupe.

Enlèvement d'enfants

Les raisons de la défection de Mumin pour l'EI demeurent opaques.

Dans une note de synthèse rédigée après octobre 2015, l'International Crisis Group avançait une explication plausible: le ralliement de Mumin pourrait se comprendre comme "une tentative préventive (...) de se poser comme le leader spirituel d'une future franchise de l'EI en Somalie".

En l'état, sa défection ne semble pas lui avoir attiré beaucoup de soutiens, que ce soit en moyens financiers ou humains: la plupart des analystes estiment que son groupe comprend entre 20 et 100 membres, majoritairement issus de son clan Majerteen.

Selon le département d'Etat américain, Mumin a récemment "augmenté (la taille de) son groupuscule en kidnappant de jeunes garçons âgés entre 10 et 15 ans, qu'il endoctrine et oblige à mener des activités militantes".

Mais le groupe de Mumin demeure très réduit et isolé dans les montagnes Golis, ce qui lui a vraisemblablement permis d'échapper jusqu'à présent aux représailles de l'Amniyat, la branche de renseignement des shebab, chargée entre autres de tuer dans l'oeuf toute velléité d'implantation de l'EI en Somalie.

Dans un article publié cette semaine par le centre de recherches Hudson de Washington, les chercheurs Daveed Gartenstein-Ross et Nathaniel Barr estimaient que l'EI n'avait qu'une "empreinte très limitée et ténue en Somalie", sous la direction de Mumin.

Toutefois, met en garde Matt Bryden, ce serait une erreur d'ignorer complètement le phénomène, car "si les perspectives d'expansion demeurent en l'état limitées, le potentiel est là".

Avec AFP

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