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Quatre ans après Serval, le Mali toujours dans la tourmente


Le président français François Hollande donne un discours sur la situation au Mali, à Paris, le 12 janvier 2013.
Le président français François Hollande donne un discours sur la situation au Mali, à Paris, le 12 janvier 2013.

Quatre ans après sa visite au Mali tout juste soustrait à la menace jihadiste, le président français François Hollande va pouvoir mesurer, le temps d'un sommet à Bamako, les défis sécuritaires auxquels ce pays reste confronté malgré l'appui militaire de la France et de l'ONU.

Chef des armées et chef de guerre assumé, François Hollande a engagé en quelques heures l'armée française au Mali, le 11 janvier 2013, pour contrer l'offensive jihadiste partie du nord du pays.

En trois mois, l'opération Serval, menée tambour battant, a mis en déroute les groupes armés qui avaient pris le contrôle des grandes villes du nord, de Tombouctou à Gao, les traquant jusque dans leurs repaires de l'Adrar des Ifoghas à la frontière algérienne.

Dès le 2 février 2013, François Hollande, accueilli en libérateur à Tombouctou, lançait, comme pour prendre rendez-vous avec l'histoire : "Je vis la journée la plus importante de ma vie politique".

A Paris, diplomates et militaires soulignant le succès de Serval, relèvent que l'armée française a alors fait montre d'une fulgurance et d'une force de frappe dont peu d'armées au monde peuvent se targuer.

"Par rapport à décembre 2012, la situation a énormément évolué: le projet d'Aqmi de constituer un califat au Mali a été totalement écarté et les groupes terroristes ne contrôlent plus aucune ville", met ainsi en avant une source diplomatique française à la veille du sommet Afrique-France qui se tiendra vendredi et samedi dans la capitale malienne.

Mais en l'absence de solution politique à la crise malienne et de réponses concrètes à la pauvreté dans la région, la force contreterroriste Barkhane - qui a pris le relais de Serval en août 2014 sur cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso)- peine à enrayer les violences.

La Mission de l'ONU au Mali (Minusma), forte de 11.000 hommes, est régulièrement attaquée, tout comme les forces maliennes, au point d'avoir subi en 2016 les pertes les plus lourdes des forces onusiennes en activité.

"Plaie et surinfection"

Les soldats de Barkhane ne sont pas non plus épargnés, leurs convois sautant régulièrement sur des mines et engins explosifs improvisés. Quatre soldats français sont morts au Mali en 2016 et 16 depuis le début de Serval.

Une humanitaire française, Sophie Pétronin, a en outre été enlevée le 24 décembre à Gao, à deux pas de la plus grande base de Barkhane au Mali.

Les attaques contre les forces armées s'étendent aussi vers le centre du pays et débordent dans les pays voisins, au Niger et Burkina Faso.

"Selon moi, l'islamisme n'est pas l'élément fondamental de la crise sahélienne. C'est la 'surinfection de la plaie', qui est une plaie ethno-politique", estime l'historien Bernard Lugan, auteur de l'ouvrage "Les Guerres d'Afrique", en citant le conflit non réglé entre Touareg et pouvoir central dans le nord du Mali et les trafics en tous genres du Sahara, qui alimentent l'économie locale mais sont perturbés par Barkhane.

"Nous avons traité la +surinfection+ mais la plaie est toujours là. Si nous ne faisons rien, les islamistes vont reprendre le dessus (...). Si nous intervenons sur les trafics de drogue et autres, nous nous mettons à dos l'économie de survie des populations", renchérit Bernard Lugan.

Les accords de paix de 2015, censés mettre fin aux violences au Mali, tardent aussi à se concrétiser.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s'impatiente régulièrement de la lenteur du président Ibrahim Boubacar Keïta, élu en août 2013, à encourager une meilleure intégration des Touareg, en rébellion permanente contre Bamako.

Sur le terrain, "on constate aussi une forte collusion entre les groupes armés terroristes et certains groupes armés signataires", note une source militaire française au QG de Barkhane à N'djamena.

Pour Matthieu Fau-Nougaret, spécialiste de l'Afrique à l'université de Bordeaux, "tant qu'il n'y aura pas de véritable projet de développement, à la fois routier, d'électrification, scolaire, sanitaire au nord du Mali(...), les problèmes demeureront".

Un bilan unanimement partagé et qui laisse présager une présence militaire française durable. "C'est clair qu'on est au Mali pour 10/15 ans", prédit un diplomate français.

Avec AFP

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