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Prison avec sursis pour quatre dirigeants de la société civile au Tchad


Tchad : Les quatre leaders de la société civile ( de gauche: Nadjo Kaïna, Narmadji Céline, Mahamat Nour Ibedou et Younouss Mahadjir) condamnés ce matin à quatre mois avec sursis. Leur avocat compte interjeter appel. VOA/Bagassi Koura
Tchad : Les quatre leaders de la société civile ( de gauche: Nadjo Kaïna, Narmadji Céline, Mahamat Nour Ibedou et Younouss Mahadjir) condamnés ce matin à quatre mois avec sursis. Leur avocat compte interjeter appel. VOA/Bagassi Koura

Ils avaient été arrêtés avant l'élection présidentielle. Ils ont été condamnés à N'Djamena à quatre mois de prison avec sursis.

Mahamat Nour Ahmed Ibedou, Younous Mahadjir, Nadjo Kaina Palmer et Céline Narmadji ont été libérés jeudi dans la journée. Le cas d'un cinquième leader de la société civile, arrêté plusieurs jours après les autres, fera l'objet d'une audience ultérieure.

Le tribunal "a condamné à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour tentative d'attroupement non-armé" les quatre responsables, issus de l'Union des syndicats du Tchad (UST) et des mouvements "Ca suffit", "Trop c'est trop" et Iyina ("On est fatigués").

D'importantes forces de police et de gendarmerie étaient déployées aux abords du palais de justice.

Le reportage de notre envoyé spécial Bagassi Koura
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"Une décision purement politique venant de l'exécutif"

A l'audience du 7 avril, le parquet avait requis six mois de prison ferme, "une décision purement politique venant de l'exécutif", avait alors déclaré à l'AFP l'un de leurs avocats, Frédéric Nanadjingue.

Une autre de leurs avocats, Me Delphine Kemneloum Djiraïbé​ s'est aussi exprimé​ sur le sujet : " Nous avons automatiquement interjeté appel de cette décision car comme vous le savez, la condamnation avec sursis pèse sur les responsables comme une épée de damoclès."

Tchad : Trois des quatre leaders de la société civile ( de gauche à droite: Narmadji Céline, Younouss Mahadjir, Mahamat Nour Ibedou ).
Tchad : Trois des quatre leaders de la société civile ( de gauche à droite: Narmadji Céline, Younouss Mahadjir, Mahamat Nour Ibedou ).

Les quatre opposants étaient poursuivis pour "provocation à un attroupement non autorisé, tentative d'atteinte à l'ordre public et opposition à l'exercice d'une autorité légitime", après avoir appelé à manifester contre la candidature du président Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 26 ans, à un cinquième mandat.

L'élection présidentielle s'est tenue dimanche. Les résultats ne sont pas attendus avant encore une dizaine de jours.

Le pouvoir au Tchad, pays producteur de pétrole à la population très pauvre, a été confronté ces dernières semaines à une contestation inédite à la suite d'un mouvement de lycéens dénonçant le viol d'une jeune Tchadienne par des fils de dignitaires. Le gouvernement a ensuite interdit toutes manifestations.

Le tribunal de grande instance de N’djaména a rendu son verdict jeudi matin condamnant à 4 mois de prison avec sursis Mahamat Nour Ibedou, Younous Mahadjir, Nadjo Kaina Palmer et Celine Narmadji, des figures de la société civile qui voulaient organiser une série de manifestations pacifiques contre la candidature à un cinquième mandat du président Idriss Déby. Le tribunal leur a également interdit de « se livrer à des activités subversives ».

"Qu'est-ce-que cela veut dire 'se livrer à des activités subversives​', s'insurge Me Delphine Kemneloum Djiraïbé, vous savez que ce sont des responsables d'associations, vous savez en quoi ils sont engagés et donc on leur interdit d'ouvrir la bouche et de parler."

Après le tribunal, les quatre membres de la société civile et leurs avocats se sont rendus à la prison pour remplir les formalités de leur libération. Puis ils ont voulu se rendre à la bourse du travail de Ndjamena. Mais à quelques mètres des lieux, ils ont été bloqués par la police. Banadji Boguel Purus, est le rapporteur du mouvement « trop c'est trop » : " Nous étions derriere les amis, nous avons voulu les accompagner jusqu'a la bourse du travail, mais arrivés au niveau du rond-point, nous avons été détournés par la police pour des raisons que nous ne connaissons pas".

Une illustration de l'intolérance des autorités face à la liberté d’expression

« Ce verdict est l’illustration d’une sévère intolérance des autorités face à l’exercice du droit à la liberté d’expression. Au Tchad, les acteurs de la société civile sont soumis à une terrible pression et doivent vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête,» a déclaré Samira Daoud, directrice régionale adjointe pour l’Afrique occidentale et centrale à Amnesty International.

Avant de poursuivre : « La répression généralisée exercée sur les voix dissidentes dans un contexte électoral difficile compromet l’exercice des droits humains de la population».

Les quatre activistes ont été arrêtés entre le 21 et le 23 mars dernier. Leur procès a été ouvert le jeudi 7 avril sous une haute surveillance policière. Dans son réquisitoire, le Procureur avait retenu les charges de ‘provocation à un attroupement non-armé’, ‘tentative de trouble à l’ordre public’ et ‘désobéissance à une autorité légitime’. Dans leur verdict, les juges les ont reconnus coupables de ‘provocation d’un attroupement non-armé’. Leurs avocats ont immédiatement introduit un appel.

Outre les quatre activistes dont le jugement a été rendu ce jeudi, un cinquième est en détention depuis le 4 avril. Le Dr Albissaty Salhe Alazam a été inculpé pour ‘provocation à un attroupement non-armé’, ‘tentative de trouble à l’ordre public’ et ‘désobéissance à une autorité légitime'. Son procès initialement prévu pour le 11 avril, a été reporté au 18 avril.

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