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Près de 60 musulmans détenus quatre ans sans procès boycottent la procédure judiciaire en Tanzanie


Un muslman récite des versets du Coran au milieu des ruines d'une ancienne mosquée sur l'île de Kilwa Kisiwani, Tanzanie, 30 octobre 2006.
Un muslman récite des versets du Coran au milieu des ruines d'une ancienne mosquée sur l'île de Kilwa Kisiwani, Tanzanie, 30 octobre 2006.

Les 61 suspects, parmi lesquels des responsables musulmans et des fidèles, avaient pour la plupart été arrêtés à Arusha, dans le nord du pays, après une série d'attaques ayant fait plusieurs morts dans cette ville majoritairement chrétienne.

Une soixantaine de musulmans tanzaniens soupçonnés de participation à des actes de "terrorisme" ont décidé de boycotter les audiences de procédure judiciaire, pour protester contre leur maintien en détention depuis 2013, ont rapporté des médias locaux mercredi.

Quatre ans après l'arrestation de ces personnes, leur procès n'a pas encore commencé et leurs familles ne sont pas autorisées à leur rendre visite. Il est très rare en Tanzanie qu'un suspect soit détenu aussi longtemps sans procès.

Les 61 suspects, parmi lesquels des responsables musulmans et des fidèles, avaient pour la plupart été arrêtés à Arusha, dans le nord du pays, après une série d'attaques ayant fait plusieurs morts dans cette ville majoritairement chrétienne.

Une de ces attaques avait visé début mai 2013 une église neuve, où se déroulait une messe inaugurale en la présence du nonce apostolique en Tanzanie, l'archevêque Mgr Francisco Montecillo Padilla.

Les prévenus nient toute implication dans ces violences.

"Cela fait quatre ans que nous avons été arrêtés dans le cadre de cette affaire, où nous sommes accusés de terrorisme. Mais on se joue de nous, on nous emmène ici (au tribunal), on nous ramène en prison", s'est plaint mardi l'un des suspects, cité par le quotidien local Mwananchi, lors de l'une de ces audiences de procédure.

"C'est toujours le même refrain: l'enquête n'est pas encore terminée. Nous en avons marre!", s'est-il révolté devant le juge Nestory Baro, du tribunal provincial d'Arusha.

"On nous a séparés de nos familles, elles ne peuvent pas nous voir aussi longtemps que le procès n'a pas encore débuté sur le fond", a renchéri un autre suspect.

"Nous demandons à la partie adverse de nous faire comparaître lorsqu'elle aura bouclé son enquête. Et si l'enquête ne doit jamais s'achever, que l'on nous déclare détenus pour une durée indéterminée, jusqu'à notre mort", a-t-il poursuivi.

Un autre accusé, disant craindre que son rêve de poursuivre ses études s'évanouisse à jamais, a demandé l'intervention personnelle du président tanzanien John Magufuli pour que le procès ait lieu.

Le juge leur a répondu qu'il transmettrait au procureur leur décision de boycotter les audiences suivantes. Il a par ailleurs insisté pour qu'ils soient présents à la prochaine, fixée au 11 avril.

En février, l'Union des associations musulmanes de Tanzanie avait appelé la justice à accélérer tous les procès dans le pays.

Avec AFP

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