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Présidentielle au Nigeria: courte avance pour Buhari, Jonathan remonte


Goodluck Jonathan et Muhammadu Buhari, 26 mars 2015.
Goodluck Jonathan et Muhammadu Buhari, 26 mars 2015.

C'est la présidentielle la plus serrée de l'histoire du Nigeria : l'opposant Muhammadu Buhari devançait mardi à la mi-journée de seulement 500.000 voix le sortant Goodluck Jonathan, qui grignote son retard alors que le décompte des votes se poursuit au compte-gouttes.

Selon les résultats officiels dans 25 des 36 Etats nigérians et dans la capitale fédérale Abuja, annoncés mardi midi par la Commission électorale indépendante (Inec), l'ex-général Buhari a remporté près de 10,5 millions de voix, contre près de 10 millions de voix pour M. Jonathan. Mais les résultats de plusieurs Etats du nord, réserves de voix importantes pour M. Buhari, n'ont pas encore été annoncés.

M. Buhari est donné vainqueur dans 13 Etats, le président Jonathan dans 12 autres et la capitale fédérale.

Le vote communautaire ou religieux est un phénomène très marqué au Nigeria, pays mosaïque de 173 millions d'habitants, le plus peuplé d'Afrique, majoritairement chrétien dans sa moitié sud et musulman dans sa moitié nord.

M. Buhari, un musulman du nord, a largement devancé M. Jonathan dans ses fiefs, de 1,7 million de voix dans l'Etat de Kano, le plus peuplé du nord, et de 650.000 voix dans celui de Kaduna.

Quant à M. Jonathan, il a été plébiscité dans la région pétrolière du delta du Niger, au sud, remportant plus de 98% des suffrages dans son fief de Bayelsa et près de 95% des voix dans l'Etat voisin de Rivers.

Le Congrès progressiste (APC) de M. Buhari, accusant le Parti démocratique populaire (PDP) de M. Jonathan d'avoir bourré les urnes dans l'Etat de Rivers, avait déposé une plainte auprès de l'Inec. Mais Attahiru Jega, le président de l'Inec, a considéré mardi que les accusations n'étaient "pas assez conséquentes" pour annuler le scrutin dans cet Etat.

A Lagos, capitale économique et ville la plus peuplée du pays, où les électeurs ont tendance à voter selon des critères autres que l'origine et la religion des candidats, M. Buhari a devancé M. Jonathan.

Lagos, qui compte environ 20 millions d'habitants, est considéré comme un Etat-clé du scrutin, mais les électeurs se sont peu mobilisés: seulement 1,7 million des 5,8 millions d'électeurs enregistrés ont voté pour la présidentielle et les législatives.

L'ex-général de 72 ans, qui fut à la tête d'une junte militaire dans les années 1980 et se présente pour la quatrième fois à la présidentielle depuis le retour du pays à la démocratie en 1999, améliore largement ses scores par rapport au scrutin de 2011.

Il a axé avec succès sa campagne électorale sur la lutte contre la corruption endémique au Nigeria, pays à la croissance dynamique devenu l'an dernier la première puissance économique d'Afrique, riche de son importante production de pétrole mais aux inégalités sociales criantes.

"Si le président Jonathan est déclaré vainqueur, et non le général Buhari je peux vous dire que Kaduna va s'embraser", a prévenu lundi Awwal Abdullahi Aliyu, le président de l'Union pour l'unité du peuple du Nord et la réconciliation, organisation oeuvrant localement pour l'entente entre chrétiens et musulmans.

L'Inec a promis d'examiner toutes les plaintes, poursuivant son objectif d'un scrutin "libre, juste et crédible, dans le calme".

L'Union africaine a appelé à recourir "aux moyens légaux existants au cas où il y aurait contestation des résultats" de ces élections, qui ont, selon elle, respecté "les principes continentaux des élections démocratiques".

Les observateurs de l'ONG nigériane Transition Monitoring Group (TMG), ainsi que de l'Institut démocratique national (NDI), basé à Washington, ont également salué la régularité du scrutin.

Washington et Londres ont en revanche exprimé leur inquiétude au sujet de "possibles interférences politiques" dans le décompte des voix au niveau régional, même s'il n'y a pas "eu pour le moment de manipulation systématique du processus" électoral.

Des craintes "sans fondement", a rétorqué l'Inec, et même des "balivernes", pour le porte-parole de campagne de M. Jonathan, Femi Fani-Kayode.

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