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Procès Gbagbo à la CPI : l'accusation montre des vidéos d'attaques armées contre des civils


Laurent Gbagbo arrive devant la cour de la CPI pour le début de son procès le 28 janvier 2016. (AP Photo/Peter Dejong, Pool)
Laurent Gbagbo arrive devant la cour de la CPI pour le début de son procès le 28 janvier 2016. (AP Photo/Peter Dejong, Pool)

Des vidéos d'attaques présumées des forces gouvernementales de Laurent Gbagbo contre des civils et de cadavres alignés dans les rues d'Abidjan ont été projetées par l'accusation à la Cour pénale internationale vendredi, au deuxième jour du procès historique de l'ancien président ivoirien.

L'ex-président, 70 ans, et son co-accusé Charles Blé Goudé, 44 ans, ex-chef de milice, sont poursuivis pour leur rôle dans la crise née du refus de M. Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de l'élection présidentielle de fin 2010.

Les forces pro-Gbagbo ont "tiré sur la foule... provoquant la mort et des blessures physiques graves", a déclaré Eric MacDonald, chargé de l'accusation et représentant de la procureure Fatou Bensouda, devant les trois juges de la CPI.

"Ils ont été abttus simplement pour avoir soutenu Ouattara," a-t-il ajouté, montrant des séquences vidéo d'attaques armées présumées des forces gouvernementales de M. Gbagbo contre des partisans de l'opposition.

Des réactions d’Ivoiriens sur le procès de l’ancien président Laurent Gbagbo, au micro de Julien Anaki
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M. Gbagbo est le premier ex-chef d'Etat poursuivi par la CPI. Son procès pour crimes contre l'humanité, qui doit durer entre trois et quatre ans, est un vrai test pour la Cour, entrée en fonction en 2003.

MM. Gbagbo et Goudé ont plaidé non coupable, à l'ouverture de leur procès jeudi, de meurtres, viols, actes inhumains et persécutions.

L'accusation se concentre sur quatre incidents spécifiques survenus pendant les cinq mois de violences qui ont fait plus de 3.000 morts des deux côtés, transformant en champ de bataille certaines zones du premier producteur mondial de cacao, moteur économique de l'Afrique de l'Ouest, jusqu'à l'arrestation de M. Gbagbo en avril 2011.

Un de ces épisodes a eu lieu lors d'une manifestation d'opposition sur une station de télévision pro-Gbagbo en décembre 2010, pendant laquelle 45 personnes avaient été tuées et 16 femmes et filles violées.

Une vidéo montre une forte explosion et des tirs. "Deux personnes ont été tuées par une grenade. Appelez une ambulance!," crie un opposant, alors que des corps inertes et ensanglantés sont traînés hors du champ des tirs.

Une deuxième vidéo, tournée lors d'une manifestation de femmes dans le quartier d'Abobo à Abidjan le 3 mars 2011, montre des forces pro-Gbagbo ouvrant le feu sur des femmes non armées, laissant des corps ensanglantés joncher les rues.

Sept femmes furent tuées et trois blessées. "Ces femmes n'étaient pas armées. Elle ne portaient que trois branches," a déclaré M. MacDonald.

"M. Gbagbo n'a pas pris toutes les mesures nécessaires pour prévenir ces crimes et enquêter sur eux", a-t-il affirmé. "Au contraire, les preuves démontreront que M. Gbagbo a tenté de dissimuler ces crimes."

Il a ajouté à la fin de son intervention à l'adresse des juges que l'accusation convoquerait six témoins importants lorsqu'elle commencerait à présenter les preuves, vraisemblablement la semaine prochaine.

"Nous convoquerons six hommes et femmes ivoiriens... qui raconteront leurs souffrances", a affirmé M. MacDonald. "Dans ce dossier, les preuves de l'accusation, et rien d'autre, parleront d'elles-mêmes."

La procureure de la CPI Fatou Bensouda a déclaré jeudi avoir rassemblé "un grand nombre de preuves contre les deux accusés", étayant les accusations "hors de tout doute raisonnable".

Vêtu d'une chemise blanche, d'un costume et d'une cravate sombres, M. Gbagbo est resté immobile lors de la projection des vidéos, alors que ceux venus le soutenir, assis dans la galerie du public, poussaient des exclamations incrédules.

À la fin de l'audience, M. Gbagbo a souri et a salué ses partisans, qui ont chanté l'hymne national ivoirien.

"Nous nous fichons des soi-disant preuves qui seront présentées", a déclaré l'un d'entre eux sous couvert d'anonymat. "A la fin, notre président Gbagbo sera libre"

La défense devrait prononcer sa déclaration d'ouverture lundi.

M. Blé Goudé a indiqué vouloir faire une déclaration, mais il n'a pas été indiqué clairement si M. Gbagbo s'adresserait également également au tribunal.

Avec AFP

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