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Plus de 850 clandestins ont forcé la frontière espagnole en quatre jours


Réfugiés clandestins dans l'enclave de Ceuta, le 17 février 2017.
Réfugiés clandestins dans l'enclave de Ceuta, le 17 février 2017.

En quatre jours, plus de 850 migrants africains sont parvenus à pénétrer depuis le Maroc dans l'enclave espagnole de Ceuta en forçant la barrière frontalière, sur fond de tension entre Bruxelles et Rabat.

Lundi "vers 3H30 du matin (2H30 GMT), près de 600 migrants subsahariens ont tenté d'entrer à Ceuta" dont "359 ont réussi", a indiqué la préfecture de l'enclave dans un communiqué.

"Ils sont entrés après avoir cassé les portes d'accès avec des cisailles et des marteaux" et "n'ont pas eu à prendre d'assaut" la clôture grillagée de six mètres de haut, a précisé un porte-parole de la préfecture.

Leur entrée s'est produite, selon cette source, "dans la même zone difficile à surveiller" que vendredi, quand les autorités espagnoles avaient comptabilisé 498 migrants ayant réussi à passer sur 700 l'ayant tenté.

Selon Isabel Brasero, porte-parole à Ceuta de la Croix-Rouge, il n'y a pas eu cette fois de blessés très graves parmi eux: "nous avons transféré onze personnes à l'hôpital, huit avaient besoin de points de suture et trois de passer une radio".

Selon la préfecture, "deux gardes civils et un immigrant ont été soignés pour des blessures d'une certaine gravité".

L'enclave de Ceuta constitue - avec celle de Melilla - la seule frontière terrestre entre le continent africain et l'Union européenne (UE) et la surveillance de ces huit kilomètres est exercée par l'Espagne et le Maroc.

Différend Rabat-Bruxelles

Mais Rabat est en froid avec Bruxelles et a menacé à demi-mot de relâcher le contrôle exercé sur les migrants.

Un différend oppose le Maroc à l'UE sur l'interprétation d'un accord de libre-échange sur les produits de l'agriculture et de la pêche.

Dans un arbitrage rendu fin 2016, la Cour de justice européenne a décidé que le Sahara occidental - ancienne colonie espagnole contrôlée par Rabat - n'était pas concerné par cet accord, son statut n'ayant pas été arrêté par la communauté internationale.

Depuis lors, des associations soutenant le Front Polisario - qui réclame l'indépendance du Sahara occidental - contestent certaines opérations commerciales.

Le ministère marocain de l'Agriculture avait prévenu le 6 février que l'Europe s'exposait à un "véritable risque de reprise des flux migratoires que le Maroc, au gré d'un effort soutenu, a réussi à gérer".

"Il faut maintenant que les choses soient claires, sincères, sur l'avenir que nous voulons développer entre le Maroc et l'UE", avait déclaré début février à l'AFP le ministre marocain de l'Agriculture, Aziz Akhannouch.

Sommet franco-espagnol

Le passage de lundi a eu lieu quelques heures avant l'ouverture d'un sommet bilatéral franco-espagnol, à Malaga, dans le sud de l'Espagne, coprésidé par François Hollande et Mariano Rajoy.

Dans la nuit, le média local El Faro de Ceuta avait pu filmer, dans les rues de Ceuta, des dizaines de jeunes Africains dansant de joie ou baisant le sol de l'enclave espagnole, aux cris de "merci Seigneur" ou "je suis en Europe!"

Le Centre de séjour temporaire pour les immigrants (CETI) déborde de candidats à l'asile: "nous avons environ 1.400 personnes au CETI, pour une capacité d'accueil de 512", a précisé le porte-parole de la préfecture.

Pour les abriter, la préfecture a demandé à l'armée des tentes et une cuisine de campagne, qui devaient être installées sur le parking d'un centre équestre voisin.

Au CETI, la Croix-Rouge a "porté assistance à 350 personnes, toutes d'origine africaine", a confirmé à l'AFP Mme Brasero. L'ONG a distribué à chacun un "kit" contenant des vêtements neufs, des chaussures et des couvertures alors que le temps était à la pluie et au vent.

Avec AFP

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