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"Tournons la page" affirme qu'il n'y aura pas de démocratie en Afrique sans justice fiscale


Logo du collectif "Tournons la page"
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Le collectif associatif "Tournons la page" a déploré jeudi à Bamako une "collusion" entre "dirigeants autoritaires et multinationales", qui se "traduit par une évasion fiscale massive" entravant les avancées démocratiques en Afrique.

"La construction démocratique en Afrique est prise en étau entre des dirigeants autoritaires et les intérêts des multinationales", a dénoncé ce collectif, après la présentation d'un rapport intitulé "En Afrique comme ailleurs, pas de démocratie sans justice fiscale !", publié à la veille du sommet Afrique-France dans la capitale malienne.

"Cette collusion se traduit par une corruption et une évasion fiscale massives au détriment des citoyens", a-t-il ajouté dans un communiqué.

"En 2013, les flux illicites qui quittent l'Afrique subsaharienne, sans aucune taxation, s'élèvent à 74 milliards de dollars (près de 70,2 milliards d'euros), un montant presque équivalent à celui des aides internationales et des investissements étrangers officiellement accordés à ces pays", relèvent les auteurs du rapport.

Ils épinglent ainsi "la non-publication de la plupart des contrats pétroliers signés au Congo ou en Angola" ou "l'opacité" de la renégociation des contrats miniers entre le groupe français Areva et l'Etat du Niger.

Pour les auteurs du rapport, "les pays africains doivent prendre l'initiative de renégocier les traités fiscaux existants, et cesser de signer en l'état les textes qui leur sont proposés".

"En 2013, l'Afrique du Sud a montré le chemin en renégociant son traité fiscal avec l'Île Maurice", soulignent-ils.

Le rapport recommande aux pays africains de "chiffrer le coût des incitations fiscales existantes dans chacun des pays et les faire valider dans le budget annuel par le Parlement".

"Pour contribuer à atteindre ces objectifs, +Tournons la page+ s'engage à réaliser des audits citoyens des exonérations fiscales pour évaluer leur pertinence", selon le communiqué.

Le collectif réclame par ailleurs la transparence des procédures d'appels d'offres et d'attribution des marchés publics. Il plaide pour la mise en place d'une "organisation fiscale internationale où chaque pays aurait un pouvoir de décision sur les règles fiscales internationales".

"Ce sommet Afrique-France est dépassé. Il ne tient pas compte des réalités des peuples africains. La plupart des dirigeants africains participant à ce sommet sont illégitimes", a déclaré à l'AFP la Gabonaise Ndong Laurence, une responsable du collectif "Tournons la page".

"Le problème de justice sociale est lié à la démocratie. C'est parce que les dictateurs ont les moyens de se maintenir au pouvoir et d'opprimer leurs peuples. Il y a une connivence entre les chefs d'Etat et les multinationales", a-t-elle dénoncé lors de la présentation du rapport jeudi à Bamako.

"Tournons la page" se présente comme un mouvement citoyen transcontinental composé de plusieurs associations dont "Ca suffit comme ça !" au Gabon ou le Secours catholique français. Il réclame "l'alternance et la démocratie en Afrique".

Avec AFP

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