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Le Parlement israélien veut limiter les appels à la prière des mosquées


Vue générale du dôme du Rocher à Jérusalem-Est, où s'élève également la mosquée al-Aqsa, le 9 septembre 2013
Vue générale du dôme du Rocher à Jérusalem-Est, où s'élève également la mosquée al-Aqsa, le 9 septembre 2013

Le Parlement israélien a commencé mercredi à se prononcer sur des projets de loi pour limiter, voire interdire, les appels à la prière des mosquées, une initiative promue par le gouvernement mais décriée par les arabes israéliens qui y voient un "acte raciste".

Les députés ont approuvé en vote préliminaire deux textes qui seront présentés devant une commission du Parlement afin de les fondre en un seul projet de loi qui ne pourra avoir force de loi qu'après trois lectures.

Le premier texte interdit les appels des muezzins de 23H00 à 07H00. Il a été présenté par le Foyer Juif, un parti nationaliste religieux membre de la majorité, et adopté dans une atmosphère très tendue par 55 voix contre 47. Il est conforme à la proposition adoptée par le gouvernement en février.

Le deuxième est plus restrictif puisqu'il prévoit une interdiction totale du recours à des haut-parleurs de mosquées dans les zones urbaines. Il est défendu par Israël Beiteinou, un parti nationaliste laïc lui aussi membre de la majorité. Il a été approuvé par 55 voix contre 48.

Les initiateurs de ces projets de lois ont invoqué la nécessité de réduire "les souffrances quotidiennes de centaines de milliers d'Israéliens exposés aux nuisances sonores des haut-parleurs des mosquées".

"La liberté de culte ne doit pas être appliquée aux détriments de la qualité de la vie", défend l'un des textes.

L'appel à la prière (adhan, en arabe) est récité par le muezzin cinq fois par jour, généralement via un système de sonorisation puissant installé sur les minarets.

L'un des initiateurs des projets de loi, le député Motti Yogev du Foyer Juif, a affirmé durant les débats houleux que les haut-parleurs n'avaient "pas toujours existé". Et il affirmé que "tous ceux qui veulent se lever pour se rendre à la mosquée" pouvaient utiliser un réveil.

- 'Raciste' -

Mais Ahmad Tibi, un député arabe d'opposition de la Liste unifiée, a qualifié ces projets de loi "d'actes racistes". Les appels à la prière font partie "d'une importante cérémonie religieuse musulmane et la Knesset n'est jamais intervenue pour se mêler des cérémonies religieuses juives", a-t-il affirmé.

"Cette loi ne porte ni sur le bruit ni sur la qualité de vie. Il s'agit d'une incitation raciste contre une minorité nationale", a quant à lui dénoncé Ayman Odeh, chef de file de la la Liste unifiée.

En février, le gouvernement s'était prononcé en faveur d'un projet de loi sur "la prévention du bruit des systèmes de sonorisation dans les établissements religieux".

Officiellement, ce texte s'appliquerait à toutes les religions. En réalité personne ne conteste qu'il concerne les mosquées.

Le président israélien Reuven Rivlin s'était prononcé contre le projet, qui a provoqué une onde de critiques et de manifestations dans le monde arabe.

Le texte s'appliquerait également à Jérusalem-Est, la partie de la ville occupée et annexée par Israël où vivent plus de 300.000 Palestiniens, mais pas à la mosquée Al-Aqsa, le troisième lieu saint de l'islam et objet de tensions, selon un responsables israélien.

La minorité arabe, qui représente 17,5% de la population israélienne, est de confession musulmane dans son immense majorité et s'estime déjà largement victime de discriminations.

La Jordanie, gardienne des lieux saints musulmans à Jérusalem-Est occupée a dénoncé les projets de loi israéliens les jugeant "discriminatoires", selon le ministre jordanien de l'Information Mohamed Momani.

Cité par l'agence officielle Pétra, M. Momani a aussi affirmé que ces lois "portent atteinte aux engagements d'Israël contenus dans l'accord de paix" conclu entre les deux pays en 1994.

Avec AFP

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