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L'opposant russe Navalny condamné à 15 jours de détention après les manifestations


L'opposant russe Alexeï Navalny tente de s'exprimer devant le tribunal Tverskoï de Moscou. en présence de son avocate Olga Mikhailova, en Russie, le 27 mars 2017.
L'opposant russe Alexeï Navalny tente de s'exprimer devant le tribunal Tverskoï de Moscou. en présence de son avocate Olga Mikhailova, en Russie, le 27 mars 2017.

L'opposant russe numéro un Alexeï Navalny a été condamné lundi à 15 jours de détention au lendemain de vastes manifestations contre la corruption dans tout le pays, que le Kremlin a qualifié de "provocation".

Plus d'un millier de personnes ont été arrêtées dimanche à Moscou lors de ces rassemblements pour la plupart interdites par les autorités, qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes à travers le pays.

M. Navalny, 40 ans, à l'origine du mouvement de protestation, a écopé d'une amende de 20.000 roubles (environ 325 euros) pour avoir organisé une manifestation non autorisée et à 15 jours de détention pour refus d'obtempérer aux policiers lors de son arrestation, selon la décision du tribunal Tverskoï de Moscou.

Arrêté dès le début de la manifestation, l'opposant et blogueur anticorruption, qui compte défier Vladimir Poutine lors de l'élection présidentielle de début 2018, a passé une première nuit en détention.

"Viendra le moment où ce sera nous qui les jugerons (honnêtement cette fois-ci)", avait-il écrit à l'ouverture de son procès sur Twitter, en référence aux autorités russes.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pour sa part dénoncé le mouvement de protestation comme "une provocation et un mensonge", mettant en avant l'interdiction par les autorités de la plupart des manifestations.

Pour autant, "le Kremlin analyse avec sobriété l'ampleur des manifestations d'hier et n'est enclin ni à les sous-estimer, ni à les surestimer", a assuré M. Peskov.

- Mineurs et étudiants -

Comme M. Navalny, au moins 1.030 personnes ont été arrêtées à Moscou, où des milliers de manifestants ont défié l'interdiction des autorités, selon l'organisation OVD-Info, spécialisée dans la surveillance des manifestations, qui fait également état de dizaines d'arrestations en province.

La très grande majorité a été libérée dans la nuit de dimanche à lundi après s'être vue signifier une "infraction administrative" pour participation à une manifestation non autorisée.

Le directeur de campagne d'Alexeï Navalny, Leonid Volkov, a pour sa part été condamné à dix jours de détention, a indiqué l'agence de presse Interfax.

Le mouvement de contestation a été marqué par deux faits nouveaux: les manifestations étaient nombreuses dans des villes de province d'habitude plutôt calmes, et l'âge moyen des participants a considérablement rajeuni, les opposants "historiques" au Kremlin étant rejoints par des lycéens nés au début du siècle et qui n'ont connu que Vladimir Poutine comme président.

"Il y avait véritablement beaucoup de mineurs et d'étudiants. Dans chaque commissariat, il y avait au moins deux ou trois adolescents. Ce n'était pas le cas auparavant", a confirmé à l'AFP un porte-parole d'OVD-Info.

Selon l'organisation, des enquêtes pour "manquement à leurs obligations parentales en matière d'éducation" ont été ouvertes contre les parents de mineurs ayant défilé dans certaines régions russes.

Le Kremlin a également accusé les organisateurs d'avoir promis des "récompenses financières" aux mineurs s'ils se faisaient arrêter par la police, refusant toutefois d'avancer dans l'immédiat des preuves de ses accusations.

Selon le ministère de l'Intérieur, un policier a été hospitalisé après avoir été blessé à la tête par un manifestant.

- Premier ministre ciblé -

L'Union européenne et les Etats-Unis ont appelé à libérer les manifestants arrêtés, exhortant les autorités russes à respecter les droits et valeurs démocratiques fondamentales.

Le Royaume-Uni a exprimé son "inquiétude", estimant que ses arrestation "contreviennent aux engagements internationaux de la Russie à respecter les droits" de ses citoyens.

Alexeï Navalny avait appelé à ces rassemblements après avoir publié un rapport accusant le Premier ministre Dmitri Medvedev de se trouver à la tête d'un empire immobilier financé par les oligarques. Cette enquête sous forme de film, vu 13 millions de fois sur YouTube, n'a suscité aucune réaction des autorités.

"Les gens n'ont pas reçu les réponses qu'ils exigeaient à propos de la corruption, et c'est pour cela qu'ils continueront à sortir dans la rue", a déclaré M. Navalny depuis le tribunal.

Pendant la manifestation, son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), a annoncé être visée par des perquisitions, treize employé restant détenus lundi tandis que tous les ordinateurs de l'organisation ont été saisis par la police.

L'opposant avait obtenu 27,2% à l'élection municipale de Moscou en 2013 mais sa candidature à la prochaine présidentielle risque de se voir entraver par sa récente condamnation à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds.

Avec AFP

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