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Jean Ping se dit "élu" avant la publication des résultats de la présidentielle au Gabon


Jean Ping, candidat de l’opposition à l’élection présidentielle du 27 août 2016 au Gabon, à Libreville, 26 août 2016, VOA/Idriss Fall
Jean Ping, candidat de l’opposition à l’élection présidentielle du 27 août 2016 au Gabon, à Libreville, 26 août 2016, VOA/Idriss Fall

Jean Ping, un ex-cacique du régime du défunt Omar Bongo, s'est proclamé dimanche "élu" président du Gabon face au sortant Ali Bongo Ondimba, avant la publication mardi des résultats officiels du scrutin, plongeant le pays dans la crainte de troubles post-électoraux

"Je suis l'élu. J'attends que le président sortant m'appelle pour me féliciter", a déclaré M. Ping à Libreville devant des centaines de partisans et la presse, dans ses premières déclarations publiques depuis la clôture du scrutin de samedi, et alors que les deux camps se disent vainqueurs et s'accusent de fraude.

"Au moment où je m'exprime devant vous, les tendances générales nous donnent vainqueurs", a affirmé l'ex-patron de l'Union africaine, acclamé par des militants criant "Jean Ping président".

"Vous avez déjoué les pièges de la fraude congénitale de ce régime que nous accompagnons enfin dignement vers la sortie", a-t-il lancé.

M. Ping, 73 ans, a été plusieurs fois ministre dès les années 80 sous le règne du précédent président Omar Bongo, au pouvoir pendant 41 ans jusqu'à sa mort en 2009. Il a promis de nouvelles déclarations après la proclamation officielle des résultats.

"L'annonce (des résultats) est prévue pour ce mardi 30 août vers 17h00" (16H00 GMT), avait déclaré peu auparavant le ministre de l'Intérieur, Pacôme Moubelet. Le ministre avait rappelé "qu'il est illégal de proclamer des résultats chiffrés en amont de l'annonce des autorités compétentes".

"Assis sur une poudrière"

Dans un message sur son site internet, l'ambassade de France a de son côté recommandé aux Français établis au Gabon, "dans l'attente de l'annonce des résultats par le Ministère de l'Intérieur, d'éviter de se déplacer, sauf nécessité avérée, et de se tenir informés de la situation".

Les rues de la capitale Libreville étaient quasi-désertes dimanche, et la vie comme suspendue à l'attente des résultats, après une nuit sans incident signalé.

Dans la matinée, les fidèles se sont rendus aux offices dominicaux, mais moins nombreux que d'ordinaire. Certains religieux avaient en effet décidé de les annuler.

Le pasteur Fernand Mabika, qui dirige une église dans le quartier Beau Séjour, a pris cette décision rarissime pour des "raisons de sécurité", craignant des débordements post-électoraux.

A l'église catholique Saint-Michel, l'abbé Michel-Ange Bengone a lancé un "vibrant appel aux organisateurs (du scrutin) et aux forces de défense à respecter le verdict des urnes et la Constitution" et à "tout faire pour préserver la paix".

"Ca donne l'impression qu'on est assis sur une poudrière et que ça peut se déclencher à n'importe quel moment, si le perdant n'accepte pas d'être battu", a confié à l'AFP après la messe un fidèle, Emmanuel Edzang.

Beaucoup de Librevillois restaient ainsi cloîtrés chez eux, après avoir fait des stocks de nourriture - riz, conserves,... - les jours précédant l'élection, anticipant des violences.

Redoutant des pillages, beaucoup de commerçants - y compris les petites épiceries de quartier généralement tenues par des Ouest-Africains - ont baissé le rideau.

Car à la présidentielle de 2009, la victoire d'Ali Bongo Ondimba avait été contestée par l'opposition, entraînant des violences meurtrières, notamment à Port-Gentil, le poumon pétrolier du pays, et l'instauration du couvre-feu.

Avant même la fermeture des bureaux de vote samedi, les deux camps se sont accusés mutuellement de frauder, comme à chaque élection présidentielle depuis le rétablissement du pluralisme politique en 1990.

Affirmations contradictoires

Et dans la nuit, les deux camps ont aussi affirmé avoir gagné.

"Nous sommes en mesure d'affirmer que notre candidat, Ali Bongo Ondimba, emportera la victoire (...) Nous sommes déjà en route pour un second mandat", a martelé samedi en fin de soirée le porte-parole d'Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-By-Nze.

Dimanche matin, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, qui coordonne la campagne de M. Ping, avait lui avancé devant la presse de nouveaux chiffres en faveur de son candidat.

"Il ne faut pas s'étonner que l'un et l'autre revendiquent la victoire. Cela fait partie du jeu normal", a temporisé le responsable de l'Observatoire panafricain de la démocratie (Opad), Djovi Gally, lors d'un point de presse.

Les pro-Ping ont également accusé le président sortant de préparer "une tentative de passage en force" avec l'appui de l'armée.

"C'est totalement farfelu", a aussitôt répliqué M. Bilie-By-Nze, en insistant: "c'est serré, mais nous avons une avance".

Un millier d'observateurs internationaux et nationaux ont supervisé le scrutin. Ceux de l'Union européenne (UE) et de l'Union africaine (UA) n'ont fait état d'aucun incident pendant la journée de vote.

Avec AFP

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