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L'Opep toujours divisée avant sa réunion informelle à Alger


Un site de production de pétrole avec un drapeau iranien, le 25 juillet 2005.
Un site de production de pétrole avec un drapeau iranien, le 25 juillet 2005.

Sauf surprise, les principaux pays producteurs de pétrole réunis mercredi à Alger ne devraient pas trouver d'accord pour geler la production et faire remonter les prix, mais, au mieux, convenir de la nécessité d'une stabilisation du marché.

"Un accord sur un gel de la production accepté par tout le monde, ce serait une surprise", estime Didier Houssin, président de l'organisme de recherche IFPEN. "Les analystes s'attendent plus à un propos un peu lénifiant sur la nécessité de continuer à suivre le marché (...) et de stabiliser la production. Sans mesures contraignantes, sans quotas spécifiques".

Les cours ne feraient alors que sursauter, comme lors de l'annonce, début septembre, d'une coopération entre l'Arabie saoudite et la Russie (non membre de l'Opep) pour stabiliser le marché.

Les deux principaux producteurs mondiaux de brut n'ont pris aucune mesure pour enrayer l'offre excédentaire qui plombe les prix depuis mi-2014, fruit du boom des hydrocarbures de schiste américains et de la stratégie de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole d'ouvrir à fond les robinets pour maintenir ses parts de marché.

Le secrétaire général du cartel, le Nigérian Mohammed Barkindo, a lui-même refroidi les attentes: la réunion prévue le 28 septembre en marge du Forum international de l'énergie (IEF) sera une simple "rencontre de concertation".

Rivalités

La Russie et l'Opep, dont les économies ont payé un lourd tribut à l'effondrement des cours, avaient échoué en avril, à Doha, à convenir d'un gel concerté de leur production faute d'accord entre Ryad et Téhéran.

Certes, le contexte semble aujourd'hui plus favorable à un consensus. L'Arabie saoudite et la Russie - également présente à Alger - pompent à des niveaux inédits ou quasi record, ce qui faciliterait l'acceptation d'un plafonnement.

L'Iran a quelque peu assoupli sa position: sa production, évaluée à 3,6 mbj en août par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), approche du niveau d'avant les sanctions internationales (4 mbj) que la République islamique ambitionne de retrouver, et l'augmenter encore rapidement s'avère plus compliqué faute d'investissements.

En tout, d'après l'AIE, l'Opep a produit 33,47 mbj le mois dernier - un bond de 930.000 bj en un an et environ un tiers de la production mondiale.

Selon Bloomberg, Ryad s'est dit prêt à réduire sa production à condition que Téhéran gèle sa production à son niveau actuel, mais cette concession qui alimente les spéculations sur le marché pourrait se heurter aux rivalités qui demeurent vives au sein du cartel.

"L'Opep, dans le contexte actuel, n'existe plus parce que les divergences politiques sont telles que le secrétaire général a bien du mal à contrôler quoi que ce soit", constate Olivier Appert, président du Conseil français de l'énergie.

La Libye et le Nigeria sont réticents à une limitation de la production: fragilisés par des conflits internes, ces deux pays pompent très en deçà de leurs capacités. Tripoli vient d'ailleurs de reprendre ses exportations d'or noir.

Moscou juge "réaliste" une éventuelle réduction de 5% de sa production. Mais, tempère Pierre Terzian, directeur de la revue Pétrostratégies, "on n'a jamais vu les Russes, jusqu'à présent, réduire ou geler leur production. Ils le déclarent, mais est-ce qu'ils le feront?".

Une balle dans le pied

Pour Ryad, une remontée trop prononcée des cours reviendrait pourtant à se tirer une balle dans le pied: cela stimulerait la production des Etats-Unis qui, après un coup de frein dû à la faiblesse des cours, s'adapte au nouvel environnement de prix grâce à des innovations technologiques.

"Si vous coupez, les prix remontent, vous en profiterez un peu mais d'autres en profiteront plus que vous", résume l'analyste pétrolier Thierry Bros.

La tentation est donc grande d'attendre un rééquilibrage du marché, estime M. Appert, même si celui-ci interviendra plus tardivement que prévu, en 2017 selon l'AIE. Les cours se sont déjà redressés depuis le plancher de janvier et tournent actuellement autour de 45 dollars le baril, un niveau proche de la fourchette de 50 à 60 dollars souhaitée par certains membres de l'Opep.

Malgré tout, le ministre algérien de l'Energie, Noureddine Boutarfa, affiche son optimisme, soulignant que l'Opep pourrait convoquer une réunion extraordinaire "séance tenante" à Alger pour permettre une prise de décision.L'Opep est "condamnée à prendre une décision" pour stabiliser le marché, selon lui.

Avec AFP

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