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Nouveau nez, hanches plus fines? Boom de la chirurgie esthétique en Iran


Archives - Chirurgie esthétique en Corée.
Archives - Chirurgie esthétique en Corée.

Depuis quelques années, la chirurgie esthétique est en pleine expansion en Iran et pas seulement parmi les plus riches ou à Téhéran.

Allongée sur la table d'opération d'une clinique du nord de Téhéran, Nazanine, âgée d'une quarantaine d'années, veut tout refaire: le nez pour la troisième fois, les sourcils et une liposuccion des hanches en vue "d'arranger" sa silhouette.

Depuis quelques années, la chirurgie esthétique est en pleine expansion en Iran et pas seulement parmi les plus riches ou à Téhéran.

Nazanine "a déjà subi deux opérations du nez par un autre médecin, elle n'était pas satisfaite et a demandé qu'on le lui refasse à nouveau", explique Javad Amirizad, secrétaire de l'Association des chirurgiens plastiques.

Dans deux salles d'opération voisines, deux autres femmes se font mettre des implants mammaires.

De plus en plus de femmes ont aussi recours à des opérations plus légères: injection de botox aux joues ou au front pour faire disparaître les rides, ou injection aux lèvres pour les rendre plus pulpeuses.

Dans les grandes villes, on croise de plus en plus de femmes portant un pansement sur le nez, signe d'une opération chirurgicale récente totalement assumée.

- 40.000 opérations par an -

Des experts expliquent cet engouement notamment par le fait que l'Iranienne, obligée de porter le voile islamique, accorde ainsi encore plus d'importance à l'aspect de son visage, seule partie de son corps qu'elle peut montrer en public avec les mains.

Les séries télévisées sud-américaines et turques, très populaires en Iran via les chaînes satellitaires théoriquement interdites, où les actrices ont elles-mêmes souvent été opérées, ont aussi une forte influence. Et sur ces chaînes, regardées par plus de 50% de la population, des publicités pour toutes sortes d'opérations passent en boucle.

Malgré une culture plutôt conservatrice, l'Iran faisait partie en 2013 des dix premiers pays au monde pour la chirurgie esthétique, aux côtés des Etats-Unis et du Brésil, occupant le 4e rang pour les opérations du nez.

Quelque "40.000 opérations esthétiques" y sont officiellement pratiquées chaque année, affirme le Dr Amirizad. Mais ce chiffre est, selon lui, bien en deçà de la réalité et ne prend pas en compte les opérations réalisées par des chirurgiens non spécialisés, mais qui les pratiquent parce qu'elles rapportent gros.

En effet, ces interventions coûtent cher: 1.500 dollars au minimum pour se faire refaire le nez, alors que le salaire minimum est de 270 dollars par mois.

"J'ai payé l'équivalent de 1.800 dollars, mais je sais que certains chirurgiens de renom prennent jusqu'à 6.000 pour une simple chirurgie du nez", déclare Mehrnaz Mehri, âgée de 27 ans, qui dirige une société d'import-export à Téhéran.

"Je n'y pensais pas, mais lorsque ma mère et ma soeur ont refait leur nez, je me suis décidée", raconte-t-elle.

- Les hommes aussi -

L'Iran, pays à la médecine et à la chirurgie réputées, espère attirer des patients étrangers. "On en a déjà d'Irak ou d'Azerbaïdjan, mais on a surtout des Iraniennes de l'étranger qui savent qu'une opération coûte bien moins cher en Iran qu'aux Etats-Unis ou dans les pays européens", souligne Javad Amirizad.

Et la chirurgie esthétique n'est plus l'apanage des femmes. "Il y a vingt ans, il y avait 5% d'hommes qui voulaient se refaire le nez, aujourd'hui ils sont 35%", affirme-t-il.

Mostafa Kashani, la trentaine, est l'un d'eux: "Mon nez a été cassé dans un accident et ma femme a insisté pour que je me fasse opérer. Au début j'ai refusé, mais lorsque ma soeur l'a fait, ça m'a motivé".

"Cela montre que notre société se modernise", se réjouit le Dr Amirizad, tandis que les milieux les plus conservateurs se désolent d'une évolution néfaste provoquée par la "culture occidentale".

Certaines Iraniennes commencent cependant à regretter d'être passées sur la table d'opération, comme Slomaz, une employée de 27 ans qui s'est fait refaire le nez "à la première occasion", quand elle a eu 20 ans.

Mais, affirme-t-elle aujourd'hui, "si c'était à refaire, je ne le referais pas", car "les filles ont aujourd'hui toutes le même type de nez, très fin et retroussé comme les poupées !"

Avec AFP

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