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Niger: les enfants réfugiés traumatisés par les atrocités de Boko Haram


Sous un petit hangar au coeur du camp de réfugiés d'Assaga dans le sud-est du Niger, une cinquantaine d'adolescents dansent et chantent. Beaucoup sont traumatisés psychologiquement. Ce sont des enfants nigérians réfugiés dont les familles ont fui les attaques du groupe islamistes Boko Haram.

Tout près, des fillettes sont agglutinées autour de puzzles. Plus loin sur les mauvaises herbes, torses nus ou en haillons, pieds nus pour la plupart, des garçons jouent au foot et au ping-pong.

ONG et agences onusiennes se bousculent au chevet des enfants, qui constituent la majorité des 6.000 réfugiés, chassés de leurs villages par Boko Haram qui continue ses atrocités dans le nord-est du Nigeria et ses raids meurtriers dans la zone de Diffa (sud est-Niger).

Des huttes construites à l'aide de branches d'arbres épineux rivalisent avec les tentes aux standards onusiens: crée il y a trois mois par l'ONU dans le sud-est du Niger, le camp des réfugiés nigérians d'Assaga, a l'allure d'un bidonville, dépourvu d'écoles.

Les enfants, plus fragiles, bénéficient d'un soutien psychologique leur permettant de mieux s'adapter à leurs nouvelles vies. "De nombreux enfants ont été témoins ou victimes directs d'atrocités de Boko Haram", explique à l'AFP Adama Cossimbo, le responsable du Centre psycho-social financé par l'ONG italienne COOPI.

"Boko Haram a obligé certains enfants à regarder leurs mères ou leur soeurs se faire violer, d'autres ont vu leur père ou leur frère se faire égorger", avance un responsable onusien.

Chez certains, le "choc" était tellement violent qu'à leur arrivée, ils "refusaient de manger et de parler", indique-t-il. Selon COOPI, "27 indicateurs de souffrances" ont été détectés chez les enfants de son Centre et "de nombreux" portent "des signes de pathologies mentales".

"Nous développons des jeux et des loisirs pour renforcer leur capacité de résilience après les traumatismes qu'ils ont vécu", souligne Adama Cossimbo, qui collabore avec un psychologue et des éducateurs.

- 1,4 million d'enfants ont fui Boko Haram –

En plus du sport, des jeux locaux, des jeux de mémoire ou de puzzles sont proposés aux quelque 1.011 enfants du centre psycho-social. Après deux mois de "cure", Adama Cossimbo est optimiste. "ils chantent et expriment une certaine gaieté de tout temps", "nous sommes sur la bonne voie de leur +reconstruction+", glisse-t-il.

Muré dans le silence durant des jours, Ali, un pensionnaire du centre de 9 ans, a perdu une partie de sa famille dans une attaque de Boko Haram. "J'ai échappé à Boko Haram et je me sens bien ici", chuchote l'enfant aux cheveux touffus.

Elhadj Grémah, le père d'Ali, un riche producteur de poivron ressent leur exil forcé comme une "humiliation". "Au village, mes enfants mangeaient à leur faim, ici, ils ne vont pas à l'école et ils dorment parfois le ventre vide", peste-t-il.

Selon l'Unicef, environ 1,4 million d'enfants ont fui les attaques des islamistes de Boko Haram au Nigeria, Niger, Cameroun et Tchad au cours des cinq derniers mois. "L'afflux de réfugiés et l'insuffisance de ressources compromettent sérieusement notre capacité à délivrer une aide vitale sur le terrain", a récemment déploré l'agence onusienne.

En visite dans la zone de Diffa mi-septembre, Toby Lanzer, coordonnateur humanitaire régional de l'ONU pour le Sahel, a constaté "une crise sécuritaire très aigüe" à Assaga. "Ici c'est une situation atroce, il y a une psychose chez ces gens", a-t-il déploré.

Diffa, proche du nord-est du Nigeria, berceau de Boko Haram, affronte depuis trois ans une crise alimentaire due à des épisodes de sécheresse et des inondations. L'arrivée depuis 2013 de quelque 150.000 réfugiés a exacerbé les effets des pénuries alimentaires chez les populations pauvres.

"C'est dès maintenant qu'il faut agir pour sauver des vies!", plaide Rotimy Djossaya, le responsable local de l'ONG américaine CARE. Selon les autorités, le Niger, Etat très pauvre, risque de connaitre une nouvelle crise alimentaire en 2016 en raison des mauvaises récoltes.

Avec AFP

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