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Mondial 2022 : le Qatar n'a pas tenu ses promesses de réformes de législation du travail


Un stade de Doha, 14 septembre 2010.
Un stade de Doha, 14 septembre 2010.

Au centre de vives critiques en vue de l'organisation de la Coupe du monde 2022, l’émirat est accusé par Amnesty International de ne pas avoir réaliser ses promesses

Dans le dernier de ses rapports critiquant les "abus" sur les migrants, Amnesty accuse le Qatar d'avoir failli à sa promesse, faite en mai 2014, d'introduire des réformes dans des domaines cruciaux, dont le versement des salaires, le système de parrainage dit "Kafala" qui met l'employé à la merci de son employeur, ou les restrictions sur un changement d'employeur.

Pour Mustafa Qadri, un chercheur d'Amnesty sur les expatriés du Golfe, il y a "de sérieux doutes sur l'engagement du Qatar à lutter contre les abus sur les migrants".

Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme, qui se base sur des statistiques obtenues auprès des gouvernements de l'Inde et du Népal, les deux plus grands pourvoyeurs de migrants, 441 travailleurs originaires de ces deux pays sont morts au Qatar en 2014. Amnesty ne précise pas les causes des décès.

"Le gouvernement avait fait des promesses pour améliorer les droits des travailleurs migrants au Qatar, mais dans la pratique il n'y a pas eu de progrès significatifs", ajoute Qadri en soupçonnant l'émirat d'avoir voulu faire "une simple opération de relations publiques".

Amnesty énumère neuf domaines "fondamentaux" pour la réforme et affirme que Doha n'a réalisé que "des progrès limités" dans cinq de ces domaines.

Le Qatar est notamment visé pour son manquement à désigner 300 inspecteurs du travail avant fin 2014 et pour la lente introduction d'un système électronique pour la paie des salaires, même si cette dernière mesure est "la plus importante réforme" entreprise jusqu'ici.

Des responsables ont admis début mai que les réformes prenaient plus de temps que prévu, tout en réaffirmant leur volonté de changer la situation.

Le ministre du Travail, Abdallah Ben Saleh al-Khulaifi, a ainsi déclaré qu'il était "à 90%" certain que le système de la Kafala serait remplacé vers la fin de cette année, ajoutant que le système de protection des salaires serait opérationnel d'ici la mi-août, tout comme des améliorations dans l'hébergement des migrants.

Amnesty a appelé la Fédération internationale de football, qui tient la semaine prochaine son congrès pour élire un nouveau président, à "accorder la priorité" à ce dossier et à "exhorter les autorités qataries, publiquement et en privé, à mettre en oeuvre de véritables réformes pour protéger les droits des migrants".

La Fifa a répondu par un communiqué en affirmant avoir, "de manière répétée, alerté publiquement" le Qatar à ce sujet, et vouloir "continuer d'exhorter les autorités qataries à accomplir les réformes et abolir le système de la Kafala".

L'organisme dirigeant du football mondial se félicite que sa Coupe du monde "serve de catalyseur à un changement significatif" de la situation des travailleurs immigrés et souligne "qu'aucun des incidents mentionnés dans le rapport ne s'est déroulé sur les sites des stades".

La Fifa espère que les "standards" imposés aux entreprises collaborant à ces chantiers "soient étendus pour servir de référence dans le pays entier".

La publication du rapport, intitulé "Promettre peu, faire moins: le Qatar et les abus sur les migrants avant le Mondial-2022", survient dans un contexte de turbulences pour l'émirat.

Lundi, la BBC a indiqué qu'un de ses journalistes avait été détenu pendant 24 heures à Doha après avoir filmé un groupe de travailleurs népalais employés sur un des chantiers.

En outre, deux sponsors officiels de la Fédération internationale de football, Coca Cola et Visa, ont exprimé mercredi leurs inquiétudes sur les conditions de travail des immigrés sur les chantiers.

Avec AFP

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