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Mohamed Ali attendu à Louisville pour son dernier voyage


Une femme accroche un panneau en hommage à Mohamed Ali dans le quartier new-yorkais de Brooklyn, le 4 juin 2016.
Une femme accroche un panneau en hommage à Mohamed Ali dans le quartier new-yorkais de Brooklyn, le 4 juin 2016.

Soudée autour de la mémoire du boxeur mythique, la famille de Mohamed Ali se préparait dimanche à rapatrier sa dépouille à Louisville, sa ville natale, accompagnée par des hommages émus venus du monde entier, des Philippines à l'Iran.

Jeunes habitants et anciens voisins du boxeur attendaient à Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, l'arrivée de leur héros, décédé vendredi à l'âge de 74 ans après un long combat contre la maladie de Parkinson.

Alors que son état de santé se détériorait, la famille de Mohamed Ali, dont ses neuf enfants, s'était rassemblée à son chevet à Scottsdale, en Arizona, où il vivait depuis plusieurs années.

L'heure du départ d'Arizona restait inconnue en matinée.

Ses proches l'accompagneront jusqu'à Louisville, où les hommages improvisés se poursuivaient pour cette personnalité marquante du XXe siècle, sur et en dehors des rings.

Il y sera inhumée vendredi, après une procession funéraire ouverte à tous, qui traversera le quartier de sa jeunesse. Une cérémonie multiconfessionnelle présidée par un imam, comme l'avait demandé Ali lui-même, sera organisée, avec l'ancien président Bill Clinton pour prononcer l'éloge funèbre.

Fleurs et ballons décoraient dimanche l'entrée de sa modeste maison d'enfance. Un centre culturel qu'il avait fondé avec sa quatrième épouse accueillait les visiteurs dimanche. "Sa femme, Lonnie, avait dit un jour que Mohamed appartenait au monde. C'était le champion du peuple", a écrit le président du Muhamad Ali Center, Donald Lassere.

L'une de ses filles, Hana, a raconté samedi les derniers instants de son père.

"Tous ses organes, les uns après les autres, ont arrêté de fonctionner mais son coeur, lui, n'arrêtait pas de battre. Pendant trente minutes encore, son coeur a battu".

Le boxeur avait consulté ses médecins en début de semaine pour "un petit rhume". Son état s'est dégradé en vingt-quatre heures, a expliqué le porte-parole de la famille, au point d'être placé sous respiration artificielle vendredi. Face à son évolution, ses enfants ont décidé de débrancher le respirateur artificiel.

"Sportif du siècle"

Ses anciens rivaux George Foreman, Larry Holmes, son compatriote Mike Tyson, le Philippin Manny Pacquiao, des athlètes du monde entier... tous ont dit leur émotion après son décès.

Le magazine américain Sports Illustrated, qui l'avait nommé "Sportif du siècle" en 1999, lui consacrera sa prochaine couverture avec un simple titre: "The Greatest".

Des dirigeants politiques du monde entier ont aussi nourri l'avalanche d'hommages, le président américain en tête avec un mot particulièrement personnel.

Barack Obama a notamment salué son rôle dans la lutte pour les droits civiques, le plaçant aux côtés de Martin Luther King et de Nelson Mandela: "Il a parlé quand d'autres ne le faisaient pas".

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a lui aussi salué celui qui était le "plus grand sur le ring et dans son combat pour la justice, la dignité et la paix".

"Le nom de Mohamed Ali devra toujours rappeler le rejet de l'impérialisme, l'hégémonie et du bellicisme", a ajouté son porte-parole Hossein Jaber Ansari.

L'histoire veut que Cassius Clay, petit-fils d'esclave, se soit mis à la boxe, enfant, pour se venger d'un gamin qui lui avait volé son vélo.

Très vite, à la force impressionnante de ses poings, il collectionne les victoires et les titres, celui de champion olympique à Rome en 1960, puis de champion du monde WBA en 1964.

Le lendemain, il décide de changer de nom et se fait appeler Cassius X en l'honneur du leader des "Black Muslims", Malcolm X. Un mois plus tard, il se convertit à l'islam et prend le nom de Mohamed Ali.

Grâce à son style unique, les bras souvent ballants le long du corps, il conservera son titre mondial jusqu'en 1967, date à laquelle il refuse d'aller faire la guerre au Vietnam.

Il échappe à la prison mais est interdit de ring, vilipendé par une majorité de l'opinion publique américaine mais tenu par d'autres comme un champion de la cause des noirs qui se battent alors pour l'égalité des droits.

"Juste un homme"

Déchu de ses titres, interdit de boxer pendant trois ans et demi, il redevient champion du monde en 1974, réunifiant les titres WBA et WBC lors de sa victoire par KO sur George Foreman lors du mythique "Rumble in the jungle" à Kinshasa, au Zaïre (aujourd'hui République démocratique du Congo).

Retraité en 1979, le besoin d'argent le contraint de remettre les gants deux ans plus tard.

C'est le combat de trop. En octobre 1981, il est tristement humilié par son compatriote Larry Holmes. En décembre de la même année, une défaite face à Trevor Berbick sera son dernier combat.

Après 56 victoires en 61 combats, dont 22 en championnats du monde et 37 avant la limite, Ali raccroche définitivement les gants.

En 1996, il apparaît affaibli par la maladie de Parkinson, lors de la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques d'Atlanta où, tremblant, il avait difficilement embrasé la vasque olympique.

Connu pour son bagout, Mohamed Ali avait évolué avec l'âge, la maladie et sa foi vers un ton plus sage. En 1987, dans une interview, il disait ainsi:

"Il (Dieu) m'a donné la maladie de Parkinson pour me montrer que je n'étais qu'un homme comme les autres, que j'avais des faiblesses, comme tout le monde. C'est tout ce que je suis: un homme."

Avec AFP

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