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Migrants: l'UE et la Turquie tentent de boucler un accord controversé


Des contre-manifestants se rassemblent à Stockholm pour protester contre une manifestation anti-migrants, le 30 janvier 2016. (REUTERS/Marcus Ericsson)
Des contre-manifestants se rassemblent à Stockholm pour protester contre une manifestation anti-migrants, le 30 janvier 2016. (REUTERS/Marcus Ericsson)

Dix jours après un sommet à rebondissements, les 28 se retrouvent jeudi à Bruxelles pour tenter de finaliser un important accord avec la Turquie, mais dont le contenu suscite de fortes réserves, en particulier de la part de Chypre.

Ce nouveau sommet, sur deux jours, ne commencera que jeudi soir à aborder la brûlante crise migratoire, lors d'un dîner qui s'annonce tendu entre des dirigeants européens divisés. Les Européens recevront ensuite vendredi matin le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

Pour la chancelière allemande Angela Merkel, qui a joué un rôle majeur dans les tractations avec les Turcs, sceller un accord donnerait une "première chance" de trouver une solution collective à la question migratoire. Mais cela ne se traduira pas par un chèque en blanc à Ankara, a-t-elle assuré.

"L'objectif est clair: un accord acceptable pour les 28 Etats membres ainsi que pour nos partenaires turcs", a répété mercredi soir le président du Conseil européen Donald Tusk, chargé par les pays européens de négocier avec Ankara, malgré des court-circuitages de Berlin qu'il a peu appréciés.

L'Union européenne (UE), qui cherche depuis des mois à obtenir de la Turquie sa collaboration pour tarir les flux de migrants, a été surprise de l'ampleur de la nouvelle "proposition turque" lors du précédent sommet du 7 mars: Ankara se dit désormais disposée à reprendre tous les nouveaux migrants gagnant les îles grecques depuis ses côtes, y compris les demandeurs d'asile.

L'idée a de quoi séduire une Union débordée par plus de 1,2 million de demandes d'asile en 2015, mais le contenu du projet pose aussi de nombreux problèmes.

"La liste des problèmes à résoudre avant que nous puissions conclure un accord est longue", a admis Donald Tusk dans sa lettre d'invitation au sommet adressée aux dirigeants des 28, fixant comme "priorité absolue de s'assurer que nos décisions respectent le droit européen et international".

Au milieu d'un concert de critiques du projet d'accord, notamment du renvoi de tous les migrants vers la Turquie, l'ONU a mis en garde contre l'illégalité des "possibles expulsions collectives et arbitraires".

- Un veto chypriote ? -

Mercredi, la Commission européenne a assuré que tout accord respecterait le droit, promettant que chaque demandeur d'asile se verrait garantir un traitement individuel de sa requête et des moyens de recours contre un renvoi.

Aux termes du projet d'accord, les Européens s'engageraient, pour chaque Syrien renvoyé, à "réinstaller" dans l'UE un autre Syrien depuis la Turquie.

En contrepartie de ses efforts, la Turquie obtiendrait une accélération du processus de libéralisation des visas pour ses ressortissants, ainsi qu'une relance de ses négociations d'adhésion, bloquées par le contentieux historique avec Chypre.

Ce dernier engagement constitue un point de blocage pour Nicosie, qui pourrait menacer un accord avec Ankara.

"L'adhésion de la Turquie à l'Union européenne n'est absolument pas à l'ordre du jour", a voulu rassurer mercredi Angela Merkel, soulignant que l'Europe devait rester ferme face à Ankara sur ses valeurs démocratiques, alors que le pouvoir islamo-conservateur turc est accusé de dérive autoritaire.

Mercredi encore, le président turc Recep Tayyip Erdogan a réclamé la levée de l'immunité de parlementaires pro-kurdes. La veille, des universitaires avaient été arrêtés pour avoir signé une pétition en faveur de la minorité kurde.

Alors que des dizaines de milliers de migrants sont coincés en Grèce après la fermeture de la route migratoire des Balkans, Mme Merkel a aussi critiqué mercredi le manque de solidarité de certains pays européens.

La tension reste en effet palpable à la frontière gréco-macédonienne, où sont bloqués, dans des conditions très difficiles, des milliers de migrants depuis la fermeture de la "route des Balkans".

Les migrants continuent par ailleurs à utiliser d'autres routes pour tenter de se rendre en Europe. Plus de 2.400 d'entre eux ont été secourus depuis mardi au large de la Libye et trois corps récupérés, ont annoncé mercredi les gardes-côtes italiens, au moment où d'autres opérations de sauvetage étaient en cours.

Avec AFP

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