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Migrants : l'Italie veut éviter un "Calais-bis"


cauchemar migrants
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Porte d'entrée vers l'Europe, l'Italie, qui accueille chaque semaine des milliers de migrants, constate l'échec du plan européen de relocalisations et cherche désormais à éviter la création de camps de transit de migrants et réfugiés à ses frontières nord.

Des jours, des semaines ou parfois des mois après leur arrivée dans les ports du sud du pays, environ 135.000 migrants et demandeurs d'asile attendent aujourd'hui dans les structures d'accueil italiennes d'être fixés sur leur sort.

"Les atermoiements dans les relocalisations exaspèrent les demandeurs d'asile et risquent de les pousser à franchir la frontière de leur propre initiative à Vintimille, à Chiasso ou au Brenner", prévient Stéphane Jacquemet, responsable Europe du Sud du Haut-Commissariat pour les Réfugiés de l'ONU (HCR).

Les points de passage vers la France, la Suisse et l'Autriche font l'objet d'une attention toute particulière.

30.000 migrants ont transité à Vintimille depuis le début de l'année et beaucoup se sont installés dans des camps de fortune en attendant d'obtenir l'asile ou de pouvoir passer en France.

"Nous faisons tout pour éviter un scénario du type Calais-bis à Vintimille", assure pourtant un responsable du ministère de l'Intérieur.

Le maire craint de devoir affronter seul une situation qui dépasse les frontières de sa ville. "Nous sommes étranglés par un système qui ne fonctionne pas", dénonce Enrico Ioculano, qui demande une intervention gouvernementale plus poussée.

A quelques kilomètres de la frontière avec la Suisse, 200 migrants et demandeurs d'asile ont quant à eux élu domicile temporairement sur la pelouse d'un parc de Côme, dans l'espoir de pouvoir poursuivre leur périple vers le nord, rapporte cette semaine le quotidien La Stampa.

Dépourvus de documents en règle, les migrants sont systématiquement recalés aux contrôles à la frontière Suisse.

Au Brenner, où le gouvernement autrichien avait annoncé puis renoncer à un projet de contrôle frontalier controversé, l'afflux redouté de migrants n'a en revanche pas eu lieu.

"Il n'y a plus de personnes en transit comme il pouvait y en avoir en 2015. Il n'y a pas de flux de migrants de l'Italie vers l'Autriche", a assuré à l'AFP le président de la province autonome de Bolzano, Arno Kompatscher.

"Mais l'Italie ne peut pas porter, seule, pour toute l'Europe le poids de ce phénomène", met en garde ce responsable local, redoutant une résurgence des tensions à court terme.

- 80.000 migrants -

Plus de 80.000 migrants et réfugiés, principalement des Africains, ont été secourus en mer et débarqués dans des ports du sud de l'Italie depuis le début de l'année 2016, selon un décompte du HCR.

Du point de vue numérique, "le niveau des arrivées est semblable à celui de l'an dernier", relève le chef du département Libertés civiles et Immigration au ministère de l'Intérieur italien, Mario Morcone.

Mais le "climat" a changé par rapport aux années précédentes, affirme le responsable. L'Italie n'est plus un pays de passage pour les migrants et réfugiés, mais "un territoire dont ils ne peuvent pas sortir", a expliqué M. Morcone au cours de l'assemblée du Conseil Italien des réfugiés (CIR), à Rome.

L'Italie identifie désormais systématiquement les migrants et réfugiés débarquant sur son territoire. Or les accords de Dublin stipulant que les demandeurs d'asile doivent postuler dans leur pays d'arrivée sont restés inchangés.

Rome comptait sur le programme de relocalisations inscrit à l'Agenda européen sur les migrations, adopté en septembre 2015 par l'Union Européenne, pour répartir la charge avec ses partenaires européens.

"Force est de constater l'échec de ce plan", regrette ce responsable du ministère de l'Intérieur italien.

Un décompte de la Commission Européenne daté du 18 juillet révèle que sur les 39.600 demandeurs d'asile qui devraient être relocalisés d'Italie vers d'autres pays européens dans le cadre de ce plan, seuls 877 ont pour l'instant effectivement été accueillis dans des pays tiers.

Les arrivées de migrants et réfugiés en Italie se poursuivent à un rythme soutenu. Cette semaine, plus de 3.700 personnes ont été secourues en Méditerranée et débarquées dans des ports de Sicile où elles ont été identifiées puis prises en charge par les autorités italiennes.

"Pour l'instant la situation a été bien gérée, mais les chiffres sont en train de dépasser le seuil gérable", s'inquiète le président de l'association des communes italiennes (ANCI), Piero Fassino, dans la presse.

Pour faire face à cet afflux, le gouvernement italien étudie un plan de répartition plus équilibrée des migrants et réfugiés sur son territoire, sur la base de deux à trois migrants pour 1000 habitants dans les communes de tout le pays.

Avec AFP

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