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Merkel et May critiquent la politique d'immigration de Trump


La Chancelière Angela Merkel, à gauche, la Premier ministre Theresa May marchent vers une cérémonie militaire à Berlin, le 20 juillet 2016.
La Chancelière Angela Merkel, à gauche, la Premier ministre Theresa May marchent vers une cérémonie militaire à Berlin, le 20 juillet 2016.

Angela Merkel ne juge pas "justifiées" les restrictions à l'immigration aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays musulmans décidées par Donald Trump. De son côté, la Première ministre britannique Theresa May s'est résolue à dénoncer les restrictions à l'immigration imposées par le président américain Donald Trump.

"Elle est convaincue que même dans le cadre de la lutte indispensable contre le terrorisme il n'est pas justifié de placer sous une suspicion généralisée des gens en fonction de leur origine ou croyance", affirmé dimanche le porte-parole de la chancelière allemande, Steffen Seibert.

"La chancelière regrette l'interdiction d'entrée (aux Etats-Unis) imposée par le gouvernement américain contre les réfugiés et les ressortissants de certains pays", a ajouté Steffen Seibert dans un communiqué.

Le gouvernement allemand "va maintenant examiner les conséquences" de cette interdiction pour les citoyens allemands ayant une double nationalité et qui sont touchés par les mesures américaines, a-t-il précisé.

La condamnation allemande survient au lendemain d'un entretien téléphonique entre Donald Trump et Angela Merkel. Les communiqués publiés à l'issue de cet échange aux Etats-Unis et en Allemagne ne faisaient pas mention des nouvelles restrictions à l'immigration sur le sol américain.

"La Convention de Genève sur les réfugiés appelle la communauté internationale à accueillir les personnes fuyant la guerre sur une base humanitaire", et "la chancelière a fait valoir" cela lors de son entretien téléphonique avec Donald Trump, a précisé le porte-parole.

Theresa May refuse de critiquer, avant de dénoncer

Deux jours après son offensive de charme à Washington, la Première ministre britannique Theresa May s'est résolue dimanche à dénoncer les restrictions à l'immigration imposées par le président américain Donald Trump, après avoir été vivement critiquée pour son refus de le faire.

"La politique d'immigration des Etats-Unis est l'affaire du gouvernement des Etats-Unis comme celle de notre pays doit être fixée par notre gouvernement. Mais nous ne sommes pas d'accord avec ce type d'approche", a déclaré un porte-parole de Downing Street, assurant que Londres "interviendrait auprès du gouvernement américain" si cette politique avait un "impact" sur les citoyens britanniques.

Mais la réaction de Downing Street intervient tard: quelques heures plus tôt, lors d'une visite officielle en Turquie, Mme May avait refusé de critiquer l'initiative américaine, déclenchant une vive polémique au Royaume-Uni. "Les Etats-Unis sont responsables de la politique des Etats-Unis sur les réfugiés", avait déclaré la Première ministre, au lendemain de sa rencontre très commentée avec Donald Trump à Washington.

Une pluie de critiques s'est aussitôt abattue sur la cheffe du gouvernement conservateur, accusée jusque dans son propre camp de renier les droits de l'homme au profit de la "relation spéciale" avec Washington: "Je me fiche de la relation spéciale (entre Londres et Washington), certaines lignes ne doivent juste pas être franchies", a réagi sur Twitter la députée conservatrice Heidi Allen.

Le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a lui aussi condamné l'absence initiale de réaction de la Première ministre : "Theresa May, au nom de la Grande-Bretagne, vous auriez dû condamner le décret contre les musulmans de Donald Trump. Honteux", a-t-il réagi sur Twitter.

Nadhim Zahawi, député conservateur né en Irak, a lui annoncé que les restrictions à l'immigration décrétées par Washington l'empêchaient désormais de se rendre aux Etats-Unis en dépit de son passeport britannique. "C'est humiliant", a-t-il dit dimanche sur la BBC, se disant toutefois "rassuré" par la réaction de Theresa May.

Droits de l'homme

Le décret signé vendredi par le président américain, portant sur la "protection de la nation contre l'entrée de terroristes étrangers aux Etats-Unis", interdit pour 90 jours l'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans jugés dangereux (Irak, Iran, Yémen, Libye, Syrie, Soudan, Somalie) le temps de revoir les critères d'admission pour les réfugiés en provenance de ces pays.

Les défenseurs des immigrés ont toutefois remporté une première manche contre Donald Trump samedi en obtenant d'un juge qu'il empêche l'expulsion des personnes interpellées en vertu de ce décret.

La Première ministre avait affirmé avant de s'envoler pour Washington qu'elle aborderait franchement tous les sujets avec le président américain: "Si je trouve quelque chose inacceptable, je le dirai à Donald Trump", avait-elle assuré.

Mais Mme May - premier dirigeant étranger à avoir rencontré M. Trump depuis son arrivée à la Maison Blanche - était surtout venue discuter commerce, alors que les négociations de sortie du Royaume-Uni de l'UE seront lancées dans la foulée du déclenchement de l'article 50 du Traité de Lisbonne, prévu avant fin mars.

Selon Downing Street, Donald Trump a d'ailleurs accepté d'entamer immédiatement des pourparlers avec la Grande-Bretagne afin de conclure un nouvel accord commercial devant préserver les acquis actuels lorsque Londres aura quitté l'Union européenne.

Pour autant, la Première ministre, qui souhaite multiplier les pourparlers commerciaux en vue de préparer l'après-Brexit - elle ne sera officiellement autorisée à négocier des accords commerciaux qu'après la sortie de son pays de l'UE - risque de se retrouver à nouveau dans ce type de position délicate.

Au moment où Theresa May s'apprêtait à rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdogan, samedi, des députés britanniques ont ainsi appelé la Première ministre à ne pas éluder le sujet des purges sans précédent engagées par Ankara après la tentative de coup d'Etat du 15 juillet dernier. Interrogée, Mme May a assuré avoir abordé directement le sujet avec M. Erdogan.

Avec AFP

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