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Marine Le Pen refuse de porter le voile au Liban


La candidate à la présidentielle française Marine Le Pen, à gauche, serre la main du président Michel Aoun, à Baabda, à l'est de Beyrouth, au Liban, le 20 février 2017.
La candidate à la présidentielle française Marine Le Pen, à gauche, serre la main du président Michel Aoun, à Baabda, à l'est de Beyrouth, au Liban, le 20 février 2017.

Marine Le Pen, candidate Front national à la présidentielle française, a refusé mardi de porter le voile pour rencontrer à Beyrouth le mufti de la République, estimant avoir été mise "devant le fait accompli" bien qu'elle ait été prévenue la veille.

Au dernier jour de sa visite au Liban, Mme Le Pen s'est vue tendre un voile à son arrivée au siège de Dar al-Fatwa, la plus haute autorité sunnite du pays, pour y rencontrer cheikh Abdellatif Deriane. Elle a refusé de le mettre et est repartie aussitôt.

"Je ne me voilerai pas", a-t-elle martelé devant des journalistes. "J'ai indiqué lundi que je ne me voilerai pas. Ils n'ont pas annulé le rendez-vous, j'ai donc crû qu'ils accepteraient que je ne porte pas le voile", a-t-elle ajouté.

"Ils ont cherché à m'imposer ça, à me mettre devant le fait accompli, eh bien on ne me met pas devant le fait accompli", a encore dit la dirigeante d'extrême droite.

Mais Dar al-Fatwa a expliqué dans un communiqué "avoirinformé" la veille "la candidate à la présidentielle, par l'intermédiaire d'un de ses collaborateurs, de la nécessité de se couvrir la tête lors de sa rencontre avec son éminence (le mufti) selon le protocole".

L'institution sunnite a ajouté que "les responsables de Dar al-Fatwa ont été surpris par son refus de se conformer à cette règle bien connue". Elle exprime ses regrets "pour ce comportement inconvenant pour des réunions pareilles".

Mme Le Pen a déclaré qu'elle n'avait "aucune raison" de se voiler puisque "la plus haute autorité sunnite du monde n'avait pas eu cette exigence". Elle faisait référence à sa visite en mai 2015 en Egypte où elle avait rencontré Ahmed al-Tayeb, le grand imam d'Al-Azhar au Caire, une des plus importantes institutions religieuses dans le monde musulman.

Son geste a été immédiatement salué sur Twitter par son bras droit, l'eurodéputé Florian Philippot: "Un magnifique message de liberté et d'émancipation envoyé aux femmes de France et du monde."

'Le moins pire, c'est Assad'

Cette visite écourtée, Mme Le Pen s'est ensuite rendue au patriarcat maronite à Bkerké, au nord de Beyrouth, pour rencontrer le patriarche Bechara Raï, toujours suivie par de nombreux journalistes et caméras.

A l'issue de la rencontre, elle a salué à plusieurs reprises la culture libanaise de "modération, créée par les chrétiens et les musulmans".

Mme Le Pen devait ensuite s'entretenir avec Samir Geagea, le chef chrétien maronite des forces libanaises (droite chrétienne), hostile au président syrien Bachar al-Assad, vanté la veille par Mme Le Pen comme "la solution la plus rassurante" pour la France face au groupe Etat islamique.

"Les déclarations de Marine Le Pen au Liban sont une insulte envers le peuple libanais et le peuple syrien", a réagi le chef druze Walid Joumblatt, vivement opposé à Damas.

Le chef du parti Kataëb (chrétien) Sami Gemayel n'a pas non plus apprécié sa défense de Bachar al-Assad. "L'extrémisme annihile les fondements de la civilisation. On ne lutte pas contre lui en soutenant les dictatures mais en soutenant les forces modérées et en diffusant les valeur de tolérance, de diversité et de démocratie", a-t-il dit en la recevant à son siège.

Avant de reprendre l'avion en milieu d'après-midi, Mme Le Pen doit tenir une conférence de presse à Beyrouth.

Dans un entretien mardi à L'Orient-Le Jour, quotidien francophone libanais, elle répète que "pour (elle) le moins pire c'est Bachar al-Assad", comme elle l'avait fait devant le Premier ministre Saad Hariri la veille, qui accuse pourtant Damas d'être responsable du meurtre de son père Rafic Hariri en 2005.

"Je ne crois pas qu'il y ait du communautarisme au Liban", poursuit-elle. "Cela a été rendu possible par l'attachement fondamental des Libanais au Liban, qui prévaut sur l'identité religieuse", ajoute-t-elle au sujet de ce pays marqué par une guerre civile 1975-1990.

Alors que le Liban accueille un million de réfugiés syriens pour quatre millions d'habitants, Mme Le Pen croit que ce pays "n'est pas obligé de subir" et "peut légitimement reconduire les réfugiés dans leur pays d'origine, une fois la guerre terminée."

Avec AFP

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