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Macky Sall constate que les armées africaines sous-équipées face aux jihadistes


Le président sénégalais Macky Sall, 21 septembre 2016.
Le président sénégalais Macky Sall, 21 septembre 2016.

Les armées africaines ont urgemment besoin de formation, d'entraînement et d'équipement pour tenir tête aux jihadistes qui les défient du Sahel à la Somalie, ont averti responsables politiques et militaires au Forum sur la sécurité de Dakar.

"La vérité, c'est que dans la plupart de nos pays, nos armées ne sont pas au point", a lancé le président sénégalais Macky Sall à l'ouverture de la troisième édition du Forum, qui s'achève mardi.

En face, "les terroristes ne sont pas des enfants de choeur", a-t-il insisté. "Ils sont bien organisés. Ils disposent de moyens, de modes d'action des plus rudimentaires aux plus sophistiqués pour exécuter leurs basses besognes".

La défense, parent pauvre des budgets africains, a payé le prix fort, selon lui, lors des ajustements imposés à des économies en faillite ou surendettées.

Le besoin est aujourd'hui d'autant plus criant que la menace jihadiste a fortement augmenté, notamment en Afrique de l'Ouest, frappée par plusieurs attentats d'envergure à Bamako, Grand-Bassam (Côte d'Ivoire) ou Ouagadougou et où soldats et gendarmes sont régulièrement la cible d'attaques meurtrières.

Les armées africaines sont aussi engagées dans nombre d'opérations de maintien de la paix sur le continent, parfois périlleuses. Au Mali, la Minusma est ainsi devenue l'opération de l'Onu la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995, avec plus de 70 Casques bleus tués en trois ans.

Selon le chef d'état-major adjoint de l'armée burkinabè, le colonel major Naba Théodore Pale, les forces de sécurité doivent rehausser leur niveau de protection et leur capacité de réaction face à un ennemi imprévisible qui exploite toutes leurs vulnérabilités. "L'Afrique des grands espaces ouverts est passée aux oubliettes", a-t-il dit.

Le responsable militaire burkinabè juge essentiel de moderniser des chaînes de commandement et des équipements trop axés sur le combat conventionnel.

"Les structures de commandement doivent être animées par des personnes bien formées et expérimentées capables de mener des planifications réalistes, d'organiser une formation et un entraînement adaptés aux besoins et d'effectuer la mise à jour permanente des connaissances", a-t-il relevé.

Les armées ont besoin de véhicules légers, d'hélicoptères, d'avions, de centres d'entraînement adaptés ainsi que de forces spéciales, dans des casernes mieux protégées, a-t-il énuméré.

- Drones et hélicoptères -

"Au Mali, les groupes terroristes profitent du cadre désertique et montagneux. Face à ces groupes qui s'adaptent aux armées, aux géographies et aux populations, il faut multiplier les forces ‘couteaux suisses’ ", a renchéri Frédéric Encel, chercheur à Sciences-Po Paris.

Pour Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix de l'Onu, les nouvelles technologies sont moins coûteuses qu'il n'y paraît. "Les drones sont moins chers qu'un avion de patrouille", a-t-il souligné.

"On ne gère plus la sécurité en étant sourd et aveugle. Il faut avoir tous les capteurs possibles", a-t-il ajouté.

Pour l'heure, ces moyens sont encore essentiellement internationaux. La France va ainsi déployer des drones tactiques au début 2017 en Centrafrique pour aider à la surveillance des bandes armées dans le cadre de la Minusca (force de l'Onu).

Les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger) bénéficient aussi des drones et avions de reconnaissance de la force française Barkhane (4.000 hommes).

La France plaide par ailleurs pour une plus forte implication de l'Union européenne dans le financement d'équipements non létaux (véhicules, gilets pare-balles, jumelles de vision nocturne..) à destination des armées africaines.

L'Union européenne (UE) assure actuellement la formation de soldats au Mali et en Centrafrique et doit mettre en place un programme d'équipements d'ici au sommet UE-Afrique de la fin 2017 à Abidjan.

"Il ne suffit pas de former. Si on sort un bataillon après formation et qu'il n'a pas d'équipement, l'effort de formation lui-même devient caduc", a insisté le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

La France a formé de son côté 20.000 soldats africains en 2016, notamment depuis ses bases militaires de Dakar et Abidjan, et va mettre en place un plan de session de matériels, a précisé M. Le Drian.

Avec AFP

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